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Comment les élèves palestiniens se préparent aux attaques des colons (Al Jazeera)

Face aux violences incessantes des colons de Yitzhar, les Palestiniens du village d’Urif doivent prendre des précautions exceptionnelles.

Naplouse, Cisjordanie occupée - De loin, le collège de garçons d’Urif ressemble à toutes les autres écoles de Cisjordanie occupée : c’est une construction de ciment avec un drapeau palestinien qui flotte sur le toit.

Cependant, en regardant de plus près, les cailloux sur les appuis de fenêtres et les trous des conduites d’eau de l’école révèlent la violence inique des colons israéliens de la région.

« Notre programme d’études est le même que celui des autres écoles palestiniennes », a expliqué le professeur de sciences Abdel-Hakim Shihada à Al Jazeera. « Mais nous enseignons également aux étudiants comment gérer les attaques des colons israéliens contre l’école, et cela comprend même une formation pratique ».

Dans cette école financée par l’USAID, tous les enseignants sont des secouristes confirmés, et la moitié des quelque 200 étudiants sont capables d’administrer les premiers soins.

En cours de sciences de Abdel-Hakim, les élèves apprennent à fabriquer des masques pour se protéger des gaz lacrymogènes souvent utilisés par les forces d’occupation israéliennes pour empêcher les Palestiniens de s’approcher de colons qui viennent sur les terres de leur village.

La colonie israélienne de Yitzhar a été établie dans la région en 1983 et, comme le reste des colonies israéliennes de Cisjordanie occupée, elle est considérée comme illégale en vertu du droit international. Les quelque 1300 habitants de Yitzhar ne cessent de perpétrer d’ignobles agressions contre les villages palestiniens voisins.

Les Palestiniens qui résident dans les villages d’Asira al-Qibliya, Madama, Burin, Huwwara, Einbus et Urif ont eu des centaines d’oliviers brûlés par des colons d’Yitzhar, et plus de 700 hectares des terres de ces villages sont inaccessibles aux résidents palestiniens à cause de la violence permanente des colons, selon les Nations Unies.

Fawzi Mahmoud Shihada, l’ancien chef du Conseil de village d’Urif, a déclaré à Al Jazeera que les attaques avaient commencé lorsque Yitzhar s’est rapproché de l’extrémité est de leur village en prenant possession de la montagne adjacente de Salmen al-Parsi. « Les colons peuvent maintenant nous surveiller constamment depuis la montagne. Il leur est plus facile de descendre nous attaquer », a déclaré Fawzi.

L’école secondaire a été construite en 2003 dans le quartier est du village. Environ 23% des terres du village se trouvent dans la zone C (PDF) qui est sous le contrôle militaire total d’Israël et les Palestiniens n’ont pratiquement pas le droit d’y construire quoi que ce soit. Comme c’est l’un des endroits les plus proches de Yitzhar, l’école est devenue la cible privilégiée des colons qui veulent empêcher l’expansion d’Urif.

L’école a été attaquée des dizaines de fois par les colons, selon Fawzi qui explique que, dès que les colons sont repérés, les résidents sont immédiatement informés via l’Appel WhatsApp et la mosquée.

Les colons jettent souvent des pierres à l’école en visant les fenêtres et les canalisations d’eau. L’école est obligée d’acheter de nouveaux tuyaux tous les quelques mois à cause de leurs attaques, selon les résidents.

Sur le toit, un des réservoirs d’eau de l’école a été renversé sur le côté. « Ils aiment cibler les sources d’eau », a déclaré Fawzi. Le réservoir d’eau financé par l’USAID à côté de l’école a également fait l’objet des attaques des colons.

« Les élèves ont peur », a déclaré Hakim. « Mais nous les gardons dans les salles de classe en fermant toutes les fenêtres et en verrouillant les portes pour empêcher les colons d’entrer dans le bâtiment ». Les élèves ont également été entraînés à se cacher sous leurs bureaux lorsque les forces d’occupation israéliennes tirent des gaz lacrymogènes, des bombes sonores et des balles en acier revêtues de caoutchouc en plein sur l’école.

La menace constante des attaques provoque de graves troubles chez les enfants, selon Haki, beaucoup souffrent d’« incontinence urinaire » et ont de la difficulté à se concentrer. D’autres ont si peur qu’ils refusent de venir à l’école.

Un peu plus bas que l’école sur la colline, Mounir al-Nuri est assis sur un matelas à l’extérieur de sa maison dont la construction a été interrompue ; le toit et les murs se sont effondrés sous les attaques à la barre de fer des colons.

Nouri et sa famille vivaient dans une tente de la Croix-Rouge pendant qu’ils construisaient leur maison petit à petit au fil des années. Il y a deux ans, ils se sont installés dans la maison inachevée de peur que les colons ne la brûlent.

« Les colons sont prêts à tout pour me chasser », a déclaré Nouri que ses fils aidaient à s’installer dans un fauteuil roulant. Les colons lui ont brisé les deux jambes lors d’une attaque fin avril, après qu’il a refusé la somme importante qu’un colon d’Yitzhar lui offrait pour emballer ses affaires et quitter la région.

« Des groupes de colons ont descendu la montagne », se souvient Nouri. « Il y avait de 20 à 25 colons masqués, certains armés, et ils sont restés là à nous regarder de loin pendant des heures. »

Ensuite, de plus grands groupes de colons se sont mis à attaquer la maison. Nuri s’est enfui et des dizaines de colons l’ont poursuivi, en lui jetant des pierres et en lui tirant dessus. Une grosse pierre a touché sa jambe et l’a cassée. Quand il s’est effondré sur le sol, un autre colon l’a frappé avec une barre de fer et a brisé son autre jambe.

Les soldats israéliens sont rapidement arrivés sur les lieux, et Nouri a crié : « Regardez mes jambes ! Voyez ce que les colons m’ont fait ! » Un des soldats a pointé son fusil sur Nuri et lui a dit : « Ferme-la ou je te tue ! »

Un porte-parole de l’armée israélienne a nié les faits en déclarant à Al Jazeera : « Le 26 avril 2017 , il y a eu une échauffourée entre les Palestiniens et les colons près de la colonie d’Itzhar et du village d’Ourif. Les forces de l’armée israélienne se sont rendues sur les lieux pour disperser la foule en utilisant des techniques de contrôle de foule. Aucune arme n’a été dirigée contre le Palestinien en question. »

Nouri dit qu’il a passé plusieurs jours à l’hôpital après l’attaque. « Si ces colons étaient poursuivis pour leurs crimes, ils auraient peur de faire ce genre de chose », a-t-il ajouté. « Mais ils ne sont jamais punis. Nous, nous avons toujours peur. Une attaque peut se produire à tout moment. »

Les Palestiniens de Cisjordanie occupée qui portent plainte auprès de la police israélienne ont moins de 2 % de chance que leur plainte soit suivie d’une « vraie enquête et qu’un suspect soit identifié, poursuivi et condamné », selon Gilad Grossman, un porte-parole de Yesh Din, un groupe israélien des droits humains.

« [Cela] montre qu’il n’y a généralement pas d’enquête sur les infractions commises contre des Palestiniens pour des motifs idéologiques », a déclaré Grossman à Al Jazeera. « Le fait que très peu d’agresseurs soient inculpés et que, même parmi eux, presque aucun ne soit jamais reconnu coupable, encourage leurs agresseurs ».

Mohammad Chihada est l’un des 50 résidents qui dont partie de la garde du quartier d’Ourif, un groupe de bénévoles équipés de gilets de nuit, de lampes de poche, d’extincteurs et de brancards qui patrouillent dans le village à la recherche de colons armés. On estime qu’au moins 86 autres villages palestiniens ont été forcés de créer ces unités indépendantes pour protéger leurs communautés.

« Si nous rencontrons des colons, nous prévenons le reste du village », a déclaré Mohammad à Al Jazeera. « Nous nous occupons aussi des gens qui sont blessés par des colons ou des soldats, et nous éteignons les feux que les colons allument autour du village. »

Malgré tout cela, les habitants craignent que les attaques ne s’aggravent car le gouvernement israélien continue à favoriser l’expansion des colonies illégales dans toute la Cisjordanie et, plus tôt dans l’année, il a fait adopter une loi visant à légaliser les avant-postes des colonies non autorisées.

« Nous n’avons pas le pouvoir de modifier la situation », a déclaré Mohammad. « Mais il faut au moins se défendre. Regardez ce que font les colons. Imaginez ce qu’ils pourraient nous faire si on ne s’opposait pas à eux et qu’on n’essayait même pas de les arrêter ? On serait fichus. »

Jaclynn Ashly

Traduction : Dominique Muselet

»» http://chroniquepalestine.com/etudiants-palestiniens-se-preparent-aux-...
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