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Comment les grands médias blanchissent l’Ukraine (Stop Imperialism)

Des villes dans l’est et le sud de l’Ukraine sont devenus des champs de bataille alors que la junte à Kiev a lancé ses voyous militaires et paramilitaires contre les habitants de ces régions.

Dans le même temps, les médias, avec leur rôle crucial dans la formation de l’opinion publique, sont devenus l’un des principaux théâtres de ce conflit et la propagande occidentale une des armes les plus puissantes.

Il y a soixante-treize ans, au mois d’Octobre, le tristement célèbre « Massacre d’Odessa » de 1941, qui a coûté la vie à plus de 30 000 Juifs dans la ville portuaire ukrainienne et les régions avoisinantes, fut exécuté par les troupes fascistes roumaines en collaboration avec leurs soutiens et alliés nazis. Ce pogrom, un parmi de nombreux autres contre les Juifs et d’autres minorités en Ukraine, constitue un rappel historique marquant pour les habitants d’Odessa (et tous ceux qui, dans l’ancienne Union soviétique, se sont battus contre le fascisme pendant la guerre) quant à la dépravation, inhumanité et barbarie des nazis et leurs collaborateurs.

Et aujourd’hui, 73 ans plus tard, Odessa est devenu le théâtre d’un autre crime de guerre atroce commis par des fascistes contre des civils innocents. L’incendie et le massacre de la maison des syndicats, où des dizaines de militants anti-fascistes et employés ont trouvé la mort, servira de témoignage douloureux de la lutte en cours contre la junte à Kiev et ses fantassins paramilitaires néo-nazis. Ce crime de guerre évident, avec un certain nombre d’autres commis par le Secteur Droit et d’autres milices ultra-nationalistes (comprenez « fascistes »), devrait sans aucun doute figurer à la une des journaux du monde entier.

Et pourtant, il semble que d’une certaine manière le massacre d’innocents, et la question de la responsabilité pénale pour ceux qui ont ordonné et perpétré le massacre, ont été complètement et systématiquement déformés et/ou omis de la narration occidentale. Au lieu, les grands médias ont délibérément tenté de masquer la véritable nature des événements qui se sont déroulés ce jour-là, et ceux de la veille et du lendemain, afin de diluer l’impact de l’évident, et tout à fait accablant, caractère criminel des milices fascistes et de leurs chefs et soutiens. En utilisant un langage subtil et codé qui minimise délibérément la barbarie des événements et détourne la culpabilité de Kiev vers Moscou, les médias occidentaux traditionnels agissent encore une fois comme les serviteurs dévoués de la classe dirigeante US-UE.

Ce qu’ils disent (et ce qu’ils ne disent pas)

En examinant la manière dont les événements à Odessa, et ceux qui se sont déroulés dans d’autres régions depuis le 1er mai, ont été décrits, quelques traits communs se dégagent. D’abord et avant tout, c’est le langage utilisé pour décrire les manifestants anti-fascistes qui composent la majorité des victimes à Odessa. Dans un article terriblement malhonnête et partial publié par Reuters et intitulé Ukraine moving police special forces to control Odessa [L’Ukraine déplace les forces spéciales de la police pour contrôler Odessa ], les auteurs emploient une terminologie essentielle telle que « séparatistes pro-russes » et « militants » - ces deux expressions sont en réalité interchangeables - comme un moyen d’imposer une image des manifestants et les faire passer pour autre chose que des Ukrainiens pacifiques manifestant pour leurs droits.

Naturellement, l’expression « séparatistes pro-russes » est tout à fait trompeuse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les activistes anti-junte et anti-fascistes (ainsi qu’ils devraient être qualifiés, à juste titre) ne sont pas des séparatistes au vrai sens du terme. Ils ne cherchent pas une sécession pure et simple, mais manifestaient depuis des semaines en faveur d’une fédéralisation de l’Ukraine où les droits des russophones et d’autres minorités seraient respectés et garantis par la Constitution. Ils réclamaient que leurs liens historiques, familiaux et économiques de longue date avec la Russie ne soient pas rompus par la force par un gouvernement illégal à Kiev et ses troupes de choc paramilitaires. Loin d’être « séparatistes », ces manifestants, dont des dizaines ont déjà été tués, blessés et/ou faits prisonniers, se sont mobilisés pour une Ukraine pacifique et juste au lieu de l’ochlocratie (*) imposée par la junte.

Il est également important de noter l’utilisation du mot « militant » pour qualifier les manifestants anti-junte. L’objectif d’une telle qualification est de désigner les coupables des graves crimes qui ont été commis. Essentiellement, en qualifiant les victimes de « militants », il s’agit de justifier les mesures prises par le Secteur Droit et autres fascistes en les présentant comme nécessaires et justes dans le cadre d’une lutte contre des « militants pro-russes ». En outre, le qualificatif de « militants » représente une tentative d’épargner au gouvernement illégal de Kiev les accusations de crimes de guerre incontestables qui seraient lancées si les porte-voix de la propagande dans les médias rapportaient correctement les faits. Et donc, en utilisant cette terminologie, les médias fournissent en réalité une couverture politique à un régime criminel soutenu par l’Occident.

Le même article de Reuters s’attarde longuement sur ​​l’initiative du ministre de l’Intérieur Arsen Avakov de créer une nouvelle « unité de forces spéciales » pour remplacer la police d’Odessa qui, selon Avakov, a commis une faute « scandaleuse » en libérant des dizaines de survivants qui avaient été placés en détention sans recevoir des soins médicaux appropriés. L’article traite de la déclaration de Avakov sur la création de « Kiev-1 », une unité spéciale composée de « militants civils qui voulaient aider la ville de la mer Noire en ces jours difficiles. »

Naturellement, il n’y a aucune mention directe de qui exactement fera partie de cette nouvelle force spéciale, à part une allusion au fait que « les unités mentionnées par Avakov sont en partie issues de l’insurrection contre Ianoukovitch au début de cette année ». C’est sans aucun doute une référence voilée au Secteur Droit et autres forces paramilitaires fascistes sur qui, contrairement à la police et armée régulières ukrainiennes, Kiev peut compter pour commettre des crimes de guerre et autres atrocités contre ceux qu’ils considèrent comme des « Moskals » (terme péjoratif pour désigner les Russes et russophones).

Une autre élément essentiel de l’article qui sert la propagande occidentale est la description des événements qui ont conduit la police à Odessa à libérer des dizaines de survivants faits prisonniers. Les auteurs de l’article décrivent de manière tout à fait malhonnête la manifestation pacifique qui a encerclé le siège de la police pour demander la libération de leurs amis et proches. L’article dit que « Lundi, la colère de Kiev s’est concentrée sur la décision de la police d’Odessa de libérer 67 militants en grande majorité pro-russes après que leurs partisans aient assiégé et pris d’assaut un poste de police [nous soulignons], dimanche ».

En décrivant la manifestation pacifique comme un « siège » et un « assaut », on donne au lecteur l’impression que les « séparatistes » (appelés aussi « terroristes » et « rebelles » par le régime criminel de Kiev et ses soutiens occidentaux) sont les véritables initiateurs de la violence et des conflits. Naturellement, et bien que ce soit l’inverse, l’idée est plantée dans la conscience publique. Ainsi, les manifestants sont affublés d’une marque, comme un produit de consommation courante.

L’article de Reuters réussit donc à obscurcir la véritable nature de la nouvelle force, son véritable rôle, les crimes commis sur le terrain, et la nature de l’opposition. Ce faisant, Reuters, comme le New York Times et ses confrères des grands médias, réussissent à propager la désinformation au service du système impérial US-UE-OTAN.

En fait, le New York Times, pour ne pas être en reste, a publié son propre article très partial et propagandiste sur les événements à Odessa et dans l’Est et le Sud du pays. Intitulé Ukraine’s Reins Weaken as Chaos Spreads [Le contrôle de l’Ukraine faiblit tandis que le chaos se répand], l’article présente Kiev, et en particulier Iatseniouk, Premier ministre de la junte (triée sur le volet par l’Occident), comme des victimes de la Russie, le dépeignant comme une victime de l’agression et de la provocation russe. Après avoir cité la déclaration enflammée et remplie de contre-vérité de Iatseniouk dans laquelle il rejette la faute sur les victimes à Odessa, en se référant aux événements comme étant « le résultat d’une action bien préparée et organisée contre des personnes, contre l’Ukraine, et contre Odessa, » le journaliste du Times se contente ensuite de rapporter les propos de Kiev et de Washington sur le sujet.

L’article stipule que « M. Iatseniouk a déclaré que la violence a montré que la Russie voulait raviver les troubles à Odessa, comme elle l’avait fait dans les villes ukrainiennes de l’Est. » Immédiatement après cette déclaration, qui est le produit de rumeurs plus que de faits concrets, l’article passe aux « ambitions impériales » de la Russie comme en témoigne la Crimée et la prétendue volonté de Poutine de rétablir la domination russe sur « Novorossiya » (Nouvelle Russie). C’est une tactique habituelle de désinformation et de propagande : créer dans l’esprit du lecteur une association de sorte qu’une relation abstraite ( manifestants = militants russes = Poutine = impérialisme russe ) devienne l’aune à laquelle tous les événements sont mesurés et perçus.

Enfin, l’article du Times tente également d’occulter la réalité à la fois à Odessa et dans la région orientale de Donetsk, qui a été le centre de beaucoup d’activités anti-fascistes et anti-juntes, parmi lesquelles la déclaration de la République Populaire de Donetsk. Le journaliste écrit : « La violence de vendredi et la libération des prisonniers le dimanche a souligné la distinction entre Odessa et l’Est du pays : dans les deux endroits, les policiers ont pris le parti des rebelles. Mais ici, les militants pro-Kiev locaux descendent régulièrement dans la rue pour en découdre avec le groupe Novorossiya, avec les conséquences fatales de vendredi  ». Essentiellement, cette phrase a quatre objectifs.

Tout d’abord, il conforte l’affirmation d’Iatseniouk selon qui les forces de police sont « criminelles » parce qu’elles refusent de prendre part à la répression et la violence dirigée contre leurs frères et sœurs, cousins ​​et voisins, faisant ainsi totalement l’impasse sur le fait que cela indique sans équivoque que la majorité des gens ne veulent rien à voir avec l’opération dite « anti-terroriste » menée par les forces de Kiev.

Deuxièmement, l’extrait montre à quel point les grands médias manipulent l’opinion publique. L’auteur passe complètement sous silence, sans aucune explication, le fait que dans chaque ville au Sud et à l’Est les unités de l’armée et de la police ont pris le parti des manifestants, plutôt que d’obéir aux ordres criminels de Kiev. Un article objectif aurait mis en avant ce fait pour démontrer que la junte à Kiev gouverne sans le consentement du peuple et qu’elle ne représente en fait qu’une minorité qui se maintient au pouvoir par la violence, l’intimidation et le soutien de l’Occident. En enterrant cet aspect important de l’histoire, l’auteur et ses rédacteurs se sont engagés dans une propagande totalement transparente au service de l’Occident.

Troisièmement, l’extrait illustre la difficulté qu’il y a à présenter une version des faits favorable à Washington. En utilisant l’expression « militants pro-Kiev locaux », l’article occulte complètement la véritable nature des forces qui ont commis les atrocités. Loin d’être des « militants », les forces soi-disant « pro-Kiev » étaient en fait des groupes paramilitaires nazis, dont le Secteur Droit qui a non seulement probablement déclenché l’incendie initiale, mais a également été filmé en train de frapper les survivants avec des chaînes et des matraques, les privant de soins médicaux d’urgence, et plus encore. Mais en décrivant ces criminels comme des manifestants, le Times fait un travail remarquable pour Washington et Kiev, en créant chez les lecteurs une perception biaisée du conflit.

Enfin , la manière dont l’article désigne les groupes de « manifestants de Kiev » par rapport au « groupe Novorossiya » est un stratagème de propagande transparent conçu pour, une fois de plus, créer une fausse dichotomie dans l’esprit des lecteurs mal informés. Les foules fascistes sont simplement des « manifestants », tandis que les manifestants anti-Kiev forment le « groupe Novorossiya », signifiant par là qu’ils ne sont pas des Ukrainiens avec des revendications mais des agents de l’impérialisme russe. L’auteur ignore délibérément les revendications de ces manifestants afin de à la fois légitimer les actions criminelles des fascistes et délégitimer les manifestations pacifiques de l’opposition anti-fasciste. Malhonnêteté n’est peut-être pas un mot assez fort pour désigner de telles pratiques journalistiques sournoises.

Les événements horribles à Odessa, ainsi que les assauts tragiques contre Slovyansk, Kramatorsk et d’autres villes de l’Est, marquent sans doute un tournant dans le conflit ukrainien. Plus qu’un événement important, ces actions criminelles constituent un « point de non-retour », le point où tous les espoirs d’une résolution pacifique à la crise, sans effusion de sang, sont anéantis. Malgré le flot de propagande qui émane des grands médias occidentaux, le monde ne peut pas et ne doit pas pardonner ces horribles crimes de guerre. Plus précisément, ils doivent servir de rappel que la lutte pour l’Ukraine a un prix, un prix qui aurait pu être payé en dollars, euros et roubles. Mais désormais, et grâce à Kiev, Bruxelles et Washington, le prix sera payé en sang.

Eric Draitser

(*) Ndt : « Ochlocratie : 1568. Emprunté au grec okhlocratia, de okhlos, « foule » et –cratia, « pouvoir ». Inusité. Gouvernement par la foule, la multitude, la populace ». Merci Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Ochlocratie

Traduction "plutôt Hitler que le Front Populaire, qu’ils disaient (déjà)" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

»» http://stopimperialism.org/corporate-media-whitewashes-ukraine/
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