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Grèce : Une année de désolation et de cendres

Hier la Grèce fêtait sa fête nationale, le NON à l’invasion germano-Italienne de 1940. C’était un NON pour la liberté, cela se comprend, mais surtout c’était un NON pour la paix, un NON pour le maintien de la souveraineté, car le premier ministre grec qui l’avait annoncé incarnait le fascisme à la grecque et il pourrait à ce titre, et au nom des affinités politiques avec le régime nazi, proposer une synergie politique à Hitler.

Dans un régime de royauté, avec ou sans chambre parlementaire, le premier ministre obéit au roi, dont les raisons pour s’opposer à Hitler s’accordaient parfaitement avec la conscience politique du peuple. Cette heureuse coïncidence a permis d’entendre aussi ce que le peuple aurait dit, un simple NON.

Ce n’est pas un hasard si Syriza a repris le sens du NON du 28/10/1940 pour en faire sa bannière anti-austérité et remporter les élections, aidé par un peuple qui a vu la vraie face de ce dieu que l’UE veut incarner.

L’étouffement de l’espace politique grec passait par le balayage d’un revers de la main de ses cris légaux, constitutionnels et légitimes...

Dix mois se sont écoulés depuis que la prétendue gestion de la « crise de l’euro » a anéanti les efforts des Grecs pour se faire entendre, comprendre et traiter en tant que peuple d’un pays-membre d’une communauté « civilisée ». La Grèce a fêté son NON cette année avec moins d’espoir politique et moins d’enthousiasme que d’habitude. On ressentait la situation économique étouffante dans laquelle la Grèce a été mise afin de convenir à un ordre des choses pas très clair ni explicite. L’étouffement de l’espace politique grec passait par le balayage d’un revers de la main de ses cris légaux, constitutionnels et légitimes de société, de Nation, d’Etat. Il n’y a pas de doute que le résultat escompté fut l’anéantissement de toute initiative de changement en Europe, ce qui jette un froid politique glacial constaté dans les peuples du Sud qui ont toute légitimité et les mêmes droits de dire ce qu’une Union Européenne doit être. La majorité politique est devenue une minorité financière et lorsque les règles du jeu changent à la guise de certains, il ne peut y avoir une UE politique.

Refaire le monde à sa façon n’est pas nouveau. Après les « printemps » arabes, si proches et omniprésents, on peut faire le parallèle et dire que la crise grecque n’était pas seulement une affaire européenne. Dans la même ligne de conduite du changement dans la réaction Occidentale face aux « menaces » extérieures, rien ne peut maintenant nous limiter à faire les liens historiques qui s’imposent, ceux qui dévoilent les forces anti-démocratiques qui essaient de s’imposer à nous, celles qui témoignent du caractère terroriste des forces qui pèsent sur les peuples européens.

On ne voit pas de différence entre le rôle des tanks et celui des interventions bancaires.

Après tout, « extérieur » signifie « frontières ». L’UE administrative façonne ses frontières en travaillant sur le fort contraste entre ce qui est conforme ou pas. L’euro, de même, stigmatise les autres économies de tous ceux qui ne sont pas placés au bon endroit sur l’échiquier, tant pis pour les victimes des échanges, des subventions ou des dettes. La nouvelle dimension que l’UE nous montre est idéologique, à 100% financière, dont la perpétuelle méfiance veut régir les vies des nations et des sociétés. Nous le voyons tous les jours en Grèce, où misère et désolation s’installent pour longtemps.
L’accord est parfaitement optimal entre le discours tenu (toutes mesures et propagandes confondues) pour dénoncer les dictatures du monde de ces dernières décennies et le discours adopté pour dénoncer les initiatives démocratiques au sein de l’Union. Au fond c’est la même chose, et à chaque époque ses moyens, si on ne voit pas de différence entre le rôle des tanks ou les rôles des interventions bancaires, comme c’est le cas avec le contrôle des liquidités et du capital en Grèce. Le but était d’imposer l’austérité comme type de résolution de la crise financière, ce type-là et pas un autre !

Les Grecs ont élu un gouvernement en Janvier 2015 qui a promis la fin de l’austérité et la libération de la dette odieuse qui écrase leur économie. L’isolement de ce gouvernement était systématique, méthodique et rapide. Qui n’avait pas intérêt à ce que les Grecs se mobilisent contre l’austérité et contre la dette ? Le point c’est que les forces favorables à l’austérité sont compatibles, lorsqu’elles ne sont pas les mêmes, avec les forces du remboursement de la dette à sa valeur nominale et non à sa valeur marchande. Il y avait tellement d’options et d’alternatives réalistes pour une entente cohérente et aucune n’a été entendue par l’entêtement de l’Allemagne et de ses proches (France comprise).

Les marchés financiers n’aiment pas la démocratie, ni les élections.

Les Grecs, qui vivent depuis fin Juin sous un contrôle de capitaux, car les liquidités des banques constituent un flux contrôlé par la BCE, n’ont pas hésité à voter encore contre l’austérité, lors du referendum qui a fait le tour du monde internationalisant ainsi les problématiques soulevées et en montrant du doigt ce qu’est l’UE. La suite nous la connaissons : capitulation de Tsipras sous la pression des moyens utilisés par l’UE, la BCE et l’Eurogroupe. Le résultat est conforme aux attentes et politiques européennes : plus d’intégration, moins de gouvernement national, obéissance à Bruxelles et à Francfort, pas de politique nationale non conforme ou non désirable par le Quartet (anciennement Troïka).

Les marchés financiers montrent qu’ils n’aiment pas la démocratie, ni les élections, comme ils n’aiment pas les formes de dialogue, de résolution de conflit et de décision que nous connaissons (syndicats, corporations, réunions, concertations, grèves, manifestations, etc). Comme si UE et marchés financiers étaient différents, c’est l’UE qui prend les devants en exprimant son déni radical de démocratie face à la Grèce. Elle ne veut pas des gouvernements anti-européens. Celui-ci a été accueilli avec joie par les marchés financiers, qui n’hésiteront pas, dans un futur proche, à montrer leur joie en augmentant la côte de crédit de la Grèce, quand ils veulent et comme cela les arrange bien sûr.

Il n’est pas exagéré de parler d’impérialisme ou de dictature économique pour qualifier ce qui est naît du Traité de Lisbonne.

C’est la Troïka par ses discours qui a essayé d’altérer le sens du NON. Dire que le NON grec n’a pas de consistance, car « on ne vote pas contre l’austérité, mais juste on la subit », ou dire que NON veut dire sortie de l’Europe ou de l’Euro. Il est vrai qu’il y a tant de pays de l’UE qui n’ont pas adopté l’euro comme monnaie, mais on sait maintenant qu’ils ne l’auront qu’aux conditions de l’UE, ce paravent qui occulte les pires des politiques de certains, et il ne serait pas exagéré de parler d’impérialisme ou de dictature économique pour qualifier ce qui est naît du Traité de Lisbonne, qui a voulu, entre autre, simplifier le mode de décision. Si les Grecs ont pu sauver leur gouvernement d’extrême gauche (ça fait mouche dans le verre de lait de l’UE), ils ont accepté cependant de jouer, au moins en apparence, le jeu et de tirer les leçons de ce bras de fer avec plus fort que soi : ils n’ont pas voté pour la branche sécessionniste de Syriza (celle qui optait pour une sortie de l’euro) mais ils ne la critiquent pas, ils ne la combattent pas, leurs luttes incessantes depuis deux siècles sont présentes dans leurs esprits, si on se fie au grand nombre de références qui servent à commenter l’actualité politique. C’est donc avec un sourire complaisant qu’ils commenteront les personnalités politiques, comme Varoufakis, ce ministre intègre qui a essayé de parler clairement des problèmes, en ne cachant pas l’extrême pauvreté que ce choix leur inflige.

L’UE, dans sa construction, se conduit comme une dictature.

Les confusions qui ont été introduites pour masquer le caractère politique du pouvoir central européen sont assez parlantes. Beaucoup de commentateurs ont vu dans la capitulation grecque un choix de rester en Europe, mais ceci ce n’est que l’idée que l’UE a voulu faire passer. Au lieu de voir l’Europe à travers le concept et l’objet de discours de l’UE, dans ses efforts de parer et de légitimer ses actions avec une dimension civilisatrice, ils devraient la considérer (encore une fois, ce n’est pas la même chose que l’UE) comme un espace occupé qui a le droit de proférer/taire des droits à tous ceux qui s’y trouvent. C’est-à-dire voir que l’UE dans sa construction se conduit comme une dictature qui s’impose par la force, sans consentement, sans projet concerté et avec rupture totale avec nos traditions politiques. Si ce n’est pas une dictature alors qu’est-ce que c’est ?
Une Europe qui n’aime ni les peuples ni leurs démocraties
La réalité est que l’Europe n’a pas de sens sans la Grèce, et ceci n’est pas seulement une question de civilisation mais surtout de géopolitique. De de gré ou de force, la Grèce doit rester dans l’Europe (ici on peut vraiment dire l’UE), même si elle le fut depuis toujours. Telle est la considération de l’UE dont le caractère vient d’être rejeté aussi par les électeurs Portugais récemment. L’euro n’est pas nécessaire pour ce faire, ainsi que la nature de la force créée par les différends traités. Quelque part il faut comprendre que l’hostilité des institutions européennes n’est que l’expression de la crainte d’échouer à construire l’édifice d’une Europe de la finance, une Europe qui n’aime ni les peuples ni leurs démocraties, aussi variées et hétérogènes qu’elles soient. D’ailleurs, rien ne justifie d’imposer une uniformité politique comme celle qui sont en train de promouvoir.

Les Grecs ont toujours été un peuple démocratique, même s’il est arrivé souvent que les grandes puissances leur imposent de force des régimes peu ou pas du tout démocratiques. Le Non du 28/10/1940 est aussi l’expression d’une volonté de rester en démocratie, car démocratie et souveraineté vont de pair, et l’un n’existe pas sans l’autre. C’est là le sens du referendum du mois de Juillet dernier.

Ceux qui refusent la souveraineté aux peuples, refusent la démocratie. Il est donc illusoire de confier à un pouvoir qui se nomme UE le mandat de construire l’Europe des nations et des peuples dans la paix, lorsque ce pouvoir pratique la dictature et le déni de la démocratie.

Les différents NON des peuples ne sont pas des épouvantails mais des balises pour un destin commun, même si, suite à ces NON il y a eu, au moins dans le cas grec, cendres et désolation, les deux fois provoquées par ce pays qui prétend aujourd’hui pouvoir conduire l’Europe.

Anastase Adonis.

photos : journal du buzz, Süddeutsche Zeitung

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