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La peur n’évite pas le danger !

Depuis la mise en place du nouveau gouvernement machiniste dirigé par la droite, pas un jour ne passe sans une diversion mettant en cause Jean-Luc Mélenchon. Quelle mouche les pique ?

La peur que la France Insoumise renouvelle son score du premier tour de la présidentielle ce qui empêcherait Macron d’avoir une majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale. Ce calcul n’est pas dénué d’intérêt. En effet, si l’électorat de Mélenchon se remobilise le 11 juin, de nombreux députés FI siégeraient et de nombreux candidats "en marche" seraient battus, ce qui marquerait un grave revers du président en mettant un terme à sa politique de hausse de la CSG, un arrêt au démantèlement du code du travail, un avertissement sans frais à toute mesure régressive socialement. Là se trouve le secret des attaques portées contre l’animateur principal de l’opposition à la politique de la coalition socialo-centro-droitière qui veut frapper durement la population, notamment les plus fragiles. Le plus surprenant dans cette optique, c’est le déchaînement des socialistes et de leurs alliés qui aboient plus fort que les "macronistes". Bien sûr, leurs positions sont menacées non par la FI mais à cause de leurs responsabilités dans la déroute de la gauche. C’est leurs électeurs qui s’échappent vers Macron et les abandonnent à leurs turpitudes.

La dernière en date, c’est l’affaire Cazeneuve. Non content d’avoir été le plus réactionnaire des premiers ministres de Hollande ( pourtant Valls était difficile à battre), le voilà qui répète à la cantonade que Mélenchon a fait le jeu de Le Pen en refusant de voter Macron au deuxième tour, laissant entendre que cette position favorisait la chef du FN. Ce qui, on en conviendra, ne peut tenir d’argument puisque le candidat FI n’a cessé de déclarer que pas une voix ne devait aller chez Marine Le Pen. Au passage, notons que celles et ceux, nombreux, qui ont voté blanc ou se sont abstenus n’ont pas voté FN mais ils ont marqué également une défiance à Macron dont ils pensaient que sa politique affichée pendant la campagne s’opposait à leurs aspirations. On ne peut le leur reprocher. C’est le débat démocratique. Cazeneuve en rajoute en traitant Mélenchon d’anti-républicain. Le vase déborde. La réponse vient, cinglante, frontale mais puissante : alors qu’il était ministre de l’intérieur, Cazeneuve a piétiné l’esprit républicain en ne démissionnant pas de sa fonction de chef de la police lors de la mort de Rémi Fraisse, ce jeune manifestant à Sivens tué par une grenade offensive lancée par un policier en dehors de toute loi républicaine. Voici l’arroseur socialiste arrosé car la menace du procès ravive la plaie que le gouvernement avait enterrée ou étouffée selon que l’on utilise tel ou tel mot. Intéressant retournement de situation, l’affaire Fraisse peut trouver un dénouement positif. Comme quoi, les faits donnent toujours raison à ceux qui n’essaient pas de les contourner.

Tout ceci pour dire que la force de frappe Insoumise trouve ses prolongements dans cette campagne législative et que loin de désamorcer la dynamique, ceux qui nous cherchent des poux risquent de désenchanter dans les jours qui viennent. Chaque initiative FI connaît un succès qui dément les pseudo-sondages. Cette dynamique ne peut être enrayée, freinée possiblement, car les déçus du macronisme ne vont pas tarder à se signaler. La moralisation de la vie publique tant vantée par le Président se lézarde jour après jour. Les mesures concernant la vie sociale et économique accroissent le sentiment d’iniquité et favorisent les plus riches. Chose remarquable, les luttes revendicatives n’ont pas cessé durant la campagne présidentielle et s’élargissent pendant celle des législatives. C’est prometteur pour la suite. Dans ce contexte, FI devient le pôle de rassemblement du progrès. Cohérence du programme "l’avenir en commun", candidates et candidats en osmose avec le programme, le mouvement des Insoumis devient le mouvement autour duquel s’agrègeront les victimes du libéralisme, les acteurs du futur paysage politique pour la transformation écologique, sociale, économique qui nous libérera de l’oligarchie.

Voilà pourquoi les représentants de l’oligarchie, leurs alliés prennent peur et s’échinent à discréditer le mouvement. Le danger est bien présent. Le tremblement de terre qu’a été le résultat de FI lors du premier tour de la présidentielle sera suivi d’effets en cascade si la FI prolonge ses combats et rassemble largement. Le 11 juin sera l’occasion de mesurer les progrès enregistrés. Leur peur est à la mesure du danger que nous représentons pour leurs intérêts et leurs privilèges. Dans cette situation ouverte comme jamais, la place et le rôle de FI deviennent décisifs. Ce mouvement des "sans cartes" fait peur car il s’auto-gère et de fait devient incontrôlable pour les partis traditionnels. Seul, le programme coélaboré par des dizaines de milliers de militants et confirmé par 7 millions d’électeurs représente le ciment unitaire. Sur cette base, il devient possible de rassembler de nouvelles forces. C’est tout le mal que je nous souhaite.

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COMMENTAIRES  

03/06/2017 18:19 par D. Vanhove

C’est également tout le mal que je souhaite à la FI... mais, je vous avoue avoir plus que des doutes sur l’issue de ce nv scrutin...
on peut bien passer son tp à adopter la méthode Coué, mais il semble que le nv président bénéficie toujours de cet état de grâce qu’il a su semer lors de la présidentielle, et qu’il n’a pas encore trop bousculé les électeurs pour que ceux-ci lui en tiennent rigueur...
cela viendra, quand ils seront sur les plages et qu’ils découvriront la réalité en septembre... d’ici-là, je crains vrmt pour la FI pour les législatives, qu’elle n’arrive une fois de plus que "juste" derrière les autres... (mais j’espère vrmt me tromper !!)

03/06/2017 19:28 par Georges SPORRI

OUI, mais nous avons perdu beaucoup de temps... Je viens de m’apercevoir qu’il fallait minimiser la défaite du 23 avril et parler des législatives comme outil de vengeance utilisable dès le 23 avril à 20h15... Aux pressions imbéciles il aurait été intéressant de répondre "on s’en fout de la future victoire de Macron + on se vengera aux législatives".

04/06/2017 09:53 par Assimbonanga

A la France Insoumise, nous sommes des "gens de rien". Nous sommes vêtus à la décontract’, autrement dit à la déglingue. Il suffit de voir nos dégaines en meeting : ça ne dégage pas du tout le même style que chez les LR ou les REM. Nous n’en imposons pas par une supériorité, nous sommes ordinaires, ne possédant pas la prestance des gens du dessus. Nous n’avons pas ce vernis, cette assurance. Il y a des candidats chômeurs, des noms aux consonances arabes : en zone rurale, ça n’emportera pas l’enthousiasme !
A la REM, beaucoup de chefs d’entreprises, parfois avocats, ayant l’habitude de la prise de parole, cette aisance "naturelle" chèrement acquise dans les bonnes écoles et loisirs de prestige.
Donc sans parler du cirage et de la lèche prodiguée par les animateurs et présentateurs de télé et radio ( improprement nommés journalistes), nous partons avec un sérieux handicap face à l’opinion. Les électeurs aiment cette sécurité de s’en remettre aux mains de l’aristocratie ou du pouvoir de l’argent, persuadés que les bonnes relations avec le milieu de l’entreprise, de l’industrie et de la finance sont nécessaires pour prospérer. Peu d’électeurs croient que le populo puisse se débrouiller par lui-même avec ses propres forces, compétences, qualités, organisations, valeurs, fois....
Toute façon, il était prévu que la droite l’emporte s’il n’y avait pas eu ce dévoilement des dessous chics de Fillon. Macron n’est jamais qu’une version modernisée de la droite. Ça suit son cours.

04/06/2017 10:57 par Irae

Comme j’ai pu déjà l’écrire par ailleurs, l’autre élément qui joue en faveur du grand renovator de la vie politique, M. modernisation, c’est le fait qu’avant ce 3è tour les électeurs n’ont pas encore eu le temps de goûter aux joies de la mise en œuvre de la destruction de tout le système social français et ses impacts sur leur vie personnelle (santé, école) et professionnelle.

C’est qu’en effet, renovator 1er nous propose ce qu’en PNL on nomme très prosaïquement "plus de la même chose" et fait l’objet de longues études en philosophie de la connaissance.

En guise d’amuse-bouche il nous propose une loi d’extra-terrestre, du jamais vu de l’inouï, roulement de tambours : une nième loi de "moralisation" de la vie politique (parce que la vie des affaires, elle est tellement morale qu’il est urgent de ne pas y toucher). Et dont on change le nom pour l’habiller d’un coup de jeune, technique toute énarchesque. De cette loi, portée par le mieux placé de son gouvernement en la matière, la cape rouge dissimule mal l’estocade qu’il va nous planter profond en détruisant les accords du CNR, en réduisant les effectifs de la fonction publique (démerdez-vous pour vos démarches et surtout si vous êtes en zone rurale sans véhicule), bref malheur aux salops de pauvres notamment des classes moyennes qui sont trop BIP BIP BIP pour avoir réussi à être milliardaires.

Ainsi le coup de grâce arrivera post élections. Dans l’élan novateur qui le caractérise il propose donc d’amplifier les lois économiques initiées dès les années 1980 par et "very special thanks to" margaret et ronald (deux grand intellectuels philanthropes). Avec l’aveuglement qui caractérise les capitalistes néolib pour qui toute échelle de valeur se ramène au pognon, le locataire de l’Élysée suggère donc que les recettes vieilles de plus de 30 ans et qui aboutissement à un creusement des inégalités équivalent à celui des années 1930, à la montée des fous religieux et leurs pendants fascistes, à la déstabilisation du monde, aux guerres, aux réfugiés, à la paupérisation du plus grand nombre et à l’enrichissement de 1 % de la population, à la destruction de notre écosystème, etc...etc... ont échoué car pas menées avec assez d’énergie. En somme une jeune vessie pour de vielles lanternes.

Quant à ceux qui continuent de bêler "laissons-lui une chance de faire ses preuves" renvoyons-les à ses précédentes fonctions, où même s’il n’avait pas totalement les mains libres et a fini le travail en se dissimulant (une fois de plus) derrière une marionnette, ses réalisations mènent déjà aux réseaux de cars (qui sont en grandes difficultés) et à l’ubérisation (qui montre enfin ses effets sur ses esclaves). Qu’en sera-t-il s’il a toutes les manettes ?

04/06/2017 12:07 par irae

Petite précision, salops parmi les salops de pauvres, les fonctionnaires.
Responsables de tout, de l’état déplorable des finances publiques (qui n’a rien à voir avec la médiocrité des précédents gouvernements pendant maintenant 40 ans, encore moins avec le sauvetage des joueurs de monopoly aux frais du contribuable qui n’ont rien eu de plus urgent à faire avec nos 600 milliards d’euros que se rétribuer grassement en récompense de leur grande rigueur dans la gestion), du chômage de masse qui ne cesse de s’accroître, ces branleurs qui nous soignent, viennent éteindre nos incendies, éduquent nos enfants, et j’en oublie sont l’objet de toutes les détestations de la caste capitalo-libé.
Et pour cause, théorisés comme le noyau dur de la pêche des catégories professionnelles, ces salops de privilégiés ont les moyens de faire grève sans être sanctionnés financièrement (où les abrutis de LR LREM et ses alliés et FN vont-ils chercher de telles absurdités on se le demande) et de peser sur le déploiement sans entraves des politiques ultra-lib.
Parmi les têtes de proue (de bip serait plus adéquat) la sucrée NKM qui préconise la démission de la fonction publique des élus fonctionnaires au nom de l’égalité. Bien sûr bichette, le nivellement par le bas c’est tellement plus glamour que le nivellement par le haut et le rétablissement des conditions économiques et politiques permettant le retour à la primauté du CDI et au respect de la constitution. D’ailleurs je prêche pour la mise en place du contrat de travail à vie pour tous en toute simplicité.

04/06/2017 13:17 par Briandu64

D’où l’importance de laisser le plus de monde possible s’exprimer, d’enseigner au plus de monde possible les ficelles et les rouages des débat. Effectivement ceux qui font les grandes écoles (Et même les lycées chers) apprennent à parler en public.

04/06/2017 15:29 par Assimbonanga

Je pense que les communistes également, par un long apprentissage, une culture, une connaissance de l’histoire et des théories politiques détiennent une part très importante de notre moyen de former et de nous défendre. Il faut vraiment divulguer, enseigner toute cette science. Je ne suis pas communiste, mais j’admire toute cette construction et rigueur que j’apprécie chez Geb, Fabrice Aubert... Leur mémoire solide et argumentée m’impressionne beaucoup. C’est du boulot à la base !
Voilà, c’est dit.

04/06/2017 20:49 par Irae

Je déplore effectivement ne pas disposer de cette science. A l’oral je suis nulle n"ayant jamais appris. Ainsi cette capacité de ce nouveau gouvernement à parler longuement pour ne rien dire ne cesse de me fascinner.

05/06/2017 00:47 par Edouard

Concernant l’aisance du discours, au final je pense que c’est relativement peu important. Du moins comparé à ce qui me semble le l’obstacle principal, un des points mis en lumière par Herman et Chomski dans la fabrication du consentement. A savoir, en résumé, la difficulté à tenir un discours qui va à contre courant.

En effet, tant qu’on répète les clichés propagés par les dominants et leurs médias, pas besoin de justifier quoi que ce soit et on peut facilement enchaîner les lieux communs. Par contre, si l’on se met en tête de présenter une autre vision du monde, ou simplement des solutions alternatives, alors non seulement il faudra justifier chaque étape du raisonnement, mais le pire, c’est qu’on aura tout simplement pas le temps (d’antenne) nécessaire.

05/06/2017 12:39 par AUBERT

A Assimbonanga,

Merci pour le compliment. En effet, à 59 ans, je n’ai plus qu’une mission, transmettre ce que j’ai appris d’autres. C’est un passage de témoins. En sachant qu’en lisant j’apprends encore. L’article sur les bateaux, comme espace d’exploitation, est superbe.

https://www.legrandsoir.info/marcus-rediker-il-est-important-de-montrer-comment-les-classes-populaires-ont-fait-histoire.html

J’avais moi même écrit un papier sur les porte containers que je n’ai pas publié suite à l’inauguration du "Jules Vernes" par Hollande : "Voyage au centre du capitalisme", qui montrait les mêmes logiques. L’important dans cette historie est de rester fidèle aux valeurs de l’Emancipation. On apprends au fur et à mesure, par la combinaison entre théorie et pratique. Personne n’est parfait, c’est donc le collectif qui permets l’émancipation.
Fabrice

06/06/2017 08:52 par Assimbonanga

Merci Fabrice Aubert. Il est vrai qu’on peut tout au long de sa vie s’informer, se former. Ça prend du temps, certes. Au sujet du Venezuela, on peut s’abonner au blog de Thierry Deronne et on reçoit ainsi les nouvelles au fur et à mesure. La connaissance est un écheveau qui se dénoue petit à petit. Tenir un discours n’est pas le but : c’est de comprendre. Une fois qu’on a les éléments en tête "ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément". Faut juste se donner quelques années d’études et d’observation.
En ce moment, sur les chaînes gratuites de télé, est diffusé un documentaire sur l’anarchisme, Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme. C’ est un documentaire de Tancrède Ramonet, sorti en 2016. Le film est découpé en deux parties. Surveiller sur les programmes de télé s’il passe à nouveau. On peut le regarder par bouts ou en entier, y revenir. C’est par cette sorte de pensum qu’on apprend l’histoire. Bon, évidemment, on n’est que ce qu’on est et tout le monde n’a pas une mémoire d’éléphant ni le goût de mettre en avant son savoir mais au moins, on a son quant-à-soi face à la propagande ordinaire des Pujadas, Seux, Leparmentier, Nathalie Saint-Cricq, toute cette engeance !

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