RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La sémantique libyenne

La sémantique qui a exprimé la situation en Libye n’a pas fini de mener à l’impasse cognitive. Au tout début, était cette « révolution » atypique que l’armada de l’OTAN faisait, quand les médias mettaient plutôt en scène des « révolutionnaires ».
Lors de la « victoire » et de la chute de Tripoli, le même décorum est servi à l’opinion internationale.
Le « nouveau pouvoir » à peine installé, les « révolutionnaires » sont passés de leur glorieux statut à celui de milices ou de groupes armés.

Inutile donc de chercher à comprendre le phénomène et de s’étonner que le « nouveau pouvoir » ne soit pas issu des « révolutionnaires » qui auraient fait la « révolution ».

Il serait impossible de se retrouver dans les subtilités qui ont accompagné toute la campagne libyenne, depuis la mobilisation des associations droitsdelhommistes, d’Al Jazeera et consorts, en passant par la résolution sur la « no fly zone », jusqu’à la destruction de Syrte et de Beni Walid. Il faut se contenter d’apprécier le traitement qui est fait des événements.

Aujourd’hui, il faudrait se faire à l’idée, malgré tout ce que l’on peut en penser, que la Libye (sic), c’est comme cela que l’on désigne le pouvoir dont l’autorité ne dépasse pas le perron de ses locaux, est « en butte aux milices armées ». Ici et là, sporadiquement, il est signifié que ces milices sont « issues de la révolution », sans préciser si elles en ont profité pour se constituer ou si elles l’ont faite. Admettons simplement qu’elles en sont « issues », ce qui est de toute manière une indéniable réalité. Sans la « révolution », elles n’auraient pas existé. Mais, peut-être qu’en réalité, le pouvoir n’est pas issu des milices et qu’il ne leur doit rien, même pas d’avoir figuré le peuple libyen « en armes », aux yeux du monde intoxiqué de propagande. Ce qui donne immédiatement l’explication qui met tout à plat.

Il y a, en vérité, d’un côté, un aréopage destiné à gouverner le pays, au moins à donner une légalité aux juteux contrats sur les hydrocarbures, de l’autre, ces non moins acteurs de la « révolution », par leur figuration au sol, qui veulent leur part du gâteau et, au milieu, un peuple qui n’a rien demandé, qui attend que le cataclysme qui s’est abattu sur lui se calme.

Deux pouvoirs règnent alors en maître, l’un au service du marché mondial, en tant que fiction politique représentative d’une souveraineté octroyée par la « communauté internationale » et l’autre, éclaté en une kyrielle de gangs qui pressurent et terrorisent les populations sous leur emprise.

De temps à autre, représentant la force militaire, ils rappellent au pouvoir « officiel », qui n’a pas d’armée, ce qu’il doit faire ou ne pas faire, lorsqu’ils estiment que cela peut leur porter préjudice. C’est ce qu’ils viennent de décider ces derniers jours en imposant le vote d’une loi qui exclu de la citoyenneté libyenne ceux qui avaient refusé que l’OTAN fasse sa « révolution » contre leur pays.

Leur maintien dans les institutions, qui leur rappellerait trop leur mauvaise conscience, ne pouvait être accepté. Coup sur coup, deux ministres, puisque faute de mieux c’est ainsi qu’il faut les désigner, celui de la Défense et celui de l’Intérieur ont demandé de démissionner. Ils ont dû finir par se rendre compte qu’il faut être ministre de quelque chose pour rester. Une autre turpitude de la sémantique en cours.

Ahmed Halfaoui

»» http://www.lesdebats.com/editions/200513/les%20debats.htm
URL de cet article 20648
  

Même Thème
Guide du Paris rebelle
Ignacio RAMONET, Ramon CHAO
Mot de l’éditeur Organisé par arrondissement - chacun d’eux précédé d’un plan -, ce guide est une invitation à la découverte de personnages célèbres ou anonymes, français ou étrangers, que l’on peut qualifier de rebelles, tant par leur art, leur engagement social ou encore leur choix de vie. Depuis la Révolution française, Paris est la scène des manifestations populaires, des insurrections et des émeutes collectives. Toutes ayant eu un écho universel : la révolution de 1830, celle de 1848, la Commune, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Si le Président se présente devant le Peuple drapé dans la bannière étoilée, il gagnera... surtout si l’opposition donne l’impression de brandir le drapeau blanc de la défaite. Le peuple américain ne savait même pas où se trouvait l’île de la Grenade - ce n’avait aucune importance. La raison que nous avons avancée pour l’invasion - protéger les citoyens américains se trouvant sur l’île - était complètement bidon. Mais la réaction du peuple Américain a été comme prévue. Ils n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ils ont suivi aveuglement le Président et le Drapeau. Ils le font toujours ! ».

Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute

Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.

Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.