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Laurent Denave. La valeur des Beatles. Rennes, P.U.R., 2016

C’est peu dire que, vu l’immense bibliographie qui a été consacrée aux Beatles – en groupe ou pris séparément, il n’est pas simple, 54 ans après “Love Me Do”, d’offrir un travail original les concernant. Mission accomplie par le sociologue Laurent Denave qui s’est efforcé, au travers d’une rigoureuse étude, d’évaluer la « valeur » des Beatles. Valeur esthétique, humaine, historique. Valeur marchande également.

La démarche programmatique de l’auteur était très engageante : « justifier la thèse d’un lien entre la valeur de la production et les conditions de production, évaluer l’œuvre des Beatles, comprendre comment ces créateurs ont pu produire une œuvre de cette valeur, de cette qualité, de cette originalité ».

Le parti prix de l’auteur était de mettre en regard la musique populaire et la musique savante, ce qu’on appelle plus communément la musique classique. En s’arrimant longuement à l’exemple de la vie et de l’œuvre de Schubert (Leonard Bernstein déclara dès 1964 que les Beatles étaient les Schubert de notre temps), Denave explique de manière exhaustive ce qui tombe sous les sens : la musique de Schubert n’est pas meilleure que celle des Beatles mais elle est plus complexe, plus développée. Car s’il y a fort à parier que, dans 100 ans, on écoutera avec autant de plaisir “Yesterday” et “La jeune fille et la mort”, il n’en reste pas moins que McCartney aurait été incapable de composer la sonate n° 21 en si bémol majeur ou les impromptus – même s’il s’est essayé avec un vrai succès à la musique dite classique – tandis que Schubert a écrit cent fois des phrases musicales du niveau de “Blackbird”.

Le répertoire des Beatles fut de grande valeur parce, avec plein succès, ils ont voulu ne pas se répéter, innover toujours, se remettre en question en tant que créateurs et individus (Lennon en particulier). Des auteurs-compositeurs qui, en douze mois, furent capables de produire l’album Help puis Rubber Soul avaient quelque chose de diaboliquement exceptionnel. Huit mois plus tard, Revolver remettrait les compteurs à zéro en innovant absolument. Moins d’un an plus tard surviendrait l’incomparable Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band, grâce auquel les Beatles feraient quelques pas dans la musique savante. Ceux qui, comme moi, ont eu la chance d’être adolescents et d’apprendre l’anglais de manière vivante lorsque sortirent “Please Please Me” et “She Loves You”, furent sidérés à chaque commercialisation de leurs nouveaux disques, tout comme fut sidérée Ella Fitzgerald lorsqu’elle se jeta, pour l’enregistrer, sur “Can’t Buy Me Love” que le jeune McCartney avait écrit en une heure dans une chambre d’hôtel à Paris (avec cette ébouriffante élision du sujet du verbe dans le titre). Chaque nouveau disque était de l’inouï et de l’impensé. Il faut dire que l’air du temps était au foisonnement talentueux. Toutes les fois que les Rolling Stones, le Dave Clark Five, les Who, Donovan, sans parler de Dylan, des Beach Boys ou des Byrds, produisaient un disque, on avait droit à un nouvel univers musical, à un nouveau langage qui éclipsaient ou faisaient oublier ce qui avait précédé. Denave explique avec justesse que, même si la composition des chansons des Beatles fut le plus souvent personnelle, chaque membre du groupe avait besoin des autres pour être au sommet de son art. Après la séparation, on verra Lennon s’appuyer sur Yoko Ono et McCartney créer et jouer presque systématiquement en groupe. De l’avis de leur producteur et arrangeur George Martin, s’ils ne s’étaient pas rencontrés, Lennon aurait composé des chansons protestataires à la Dylan et McCartney de jolies mélodies sans acidité.

Rapidement, les Beatles furent milliardaires. Denave revient en détail sur ce que cela signifia. Au plan musical, la liberté totale de pouvoir imposer leurs conceptions, leurs exigences à leur maison de disque (EMI, à l’époque la plus importante au monde) et même à George Martin, praticien de la musique savante à qui ils devaient tout de même beaucoup. L’album Please Please Me avait été enregistré en douze heures. Pour Sgt Pepper’s, les Beatles allaient monopoliser des studios d’Abbey Road pendant 700 heures, durant quatre mois, le plus souvent la nuit. Ils purent même enjoindre aux musiciens savants d’un demi orchestre symphonique de jouer avec un nez de clown lors de l’enregistrement de “A Day in the Life ”. Pour détendre l’atmosphère, prétendirent-ils. Denave étudie dans le détail les conditions matérielles de vie et de travail des Beatles. McCartney qui trouve un havre ultra bourgeois chez l’actrice Jane Asher et ses parents. Lennon, qui impose à sa femme Cynthia, tout aussi douée que lui en art pictural, de cesser d’étudier et de l’attendre sagement à la maison (la machisme des quatre Beatles n’était pas que structurel). Harrison, auteur de la chanson la plus poujadiste de la décennie (“Taxman”) qui s’achète – car le fisc ne lui a tout de même pas tout pris – un manoir gothique de 120 pièces dans un parc de 25 hectares à Henley, ville tranquille et bien bourgeoise de l’Oxfordshire. Les quatre Beatles, qui font poireauter pendant des heures les techniciens des studios avec lesquels ils ne partagent jamais un repas. Un groupe qui n’a guère chanté contre la guerre au Vietnam (ils protestèrent mezzo vocce), pour l’émancipation des Noirs aux États-Unis ou à propos de la condition ouvrière britannique qu’ils connaissaient pourtant d’assez près. Á sa mort, Harrison lèguera 100 millions de livres. La fortune de McCartney s’élève aujourd’hui à au moins un milliard d’euros, nettement plus que celle de “Her Majesty”, la « pretty nice girl » de la chanson. C’est cela aussi, la valeur des Beatles.

Mais revenons à l’œuvre. Denave a beau dire, après d’autres, que les morceaux des six premiers disques ne présentent pas d’originalité majeure par rapport à ce qui a précédé et aux productions contemporaines, cela n’explique pas le succès foudroyant et planétaire de “I Want to Hold your Hand” (avec des paroles qui, objectivement, frôlent la débilité), de la chanson “A Hard Days’Night”, dont l’accord introductif ne peut pas être repris autrement qu’avec la partition (essayez, vous verrez), “Help”, où les accompagnants chantent à front renversé en précédant le soliste, “Yesterday” dont Ray Charles fit une inquiétante complainte et Marianne Faithfull une pavane élisabéthaine. Lennon expliqua un jour leur immense succès de manière très simple, sans même mettre en avant leur sens exceptionnel de la mélodie : « nous faisons une musique adéquate ». En une époque donnée, ils offrirent à un public donné ce qu’il voulait, sans le savoir ou en le sachant. Comment expliquer autrement la Beatlemania, peu présente dans ce livre alors que ce fut bien autre chose qu’une excitation, un défoulement irrationnels ?

Puis vinrent les innovations multiples que l’auteur décortique en détail. L’utilisation, jamais sans raison, d’instruments multiples et variés : une cloche de vache, un mellotron, un sitar, un synthétiseur Moog ; des fins de chansons en crescendo ; des éléments sonores non musicaux ; des chansons qu’on croyait finies repartant dans une toute autre direction ; l’abandon des structures harmoniques classiques du rock and roll. Denave cite par exemple “Hey Jude” (l’une des trois ou quatre chansons du XXe siècle) : il y a bien sûr cette fin de quatre minutes qui n’en finit pas, mais aussi « des contrastes entre grands sauts et mouvements progressifs, sons prolongés et successions de notes rapides, diction syllabique ou mélismatique et tension (« don’t make it bad ») avant résolution (« make it better »). Et puis un instinct supérieur dans les paroles qui font que cette chanson n’est pas ce qu’elle est. Paul écrit « the movement you need is on your shoulder » (le mouvement dont tu as besoin est sur ton épaule). Dans la vraie vie, cela ne signifie rien et Paul veut, par sagesse, supprimer cette phrase. John intervient : « garde là, je sais ce que cela signifie, c’est génial ».

Il y a également cette aptitude consommée à raconter une histoire, quand le thème de la chanson, les paroles et la musique sont en parfaite harmonie. Denave reprend une analyse du musicologue Walter Everett (The Beatles as Musicians : Revolver through the Anthology) : « Prenons “I’m only Sleeping”. Dans la première partie du couplet, lorsque le personnage se réveille (« When I wake up in the morning, Lift my head I’m still yawning ») la progression harmonique évolue franchement du premier au cinquième degré en passant par le troisième ; mais dans la seconde partie, il se ravise et reste au lit (« When I’m in the middle of a dream, Stay in bed, float up stream ») alors que la progression harmonique revient au point de départ et reprend sa progression initiale ». Les ruptures tonales déconcertent mais sont acceptées (“Being for the Benefit of Mr Kite”, “Happiness is a Warm Gun”). Les changements de tempo sont de plus en plus déroutants (“A Day in the Life”, “She Said She Said”). Leur ingénieur du son Geoff Emerick (Here, There and Everywhere. My Life Recording the Music of the Beatles) fera des merveilles (“Tomorrow Never Knows”). Plus que jamais avec les Beatles, les chansons sont des œuvres-enregistrements, des œuvres qui n’existent qu’en tant qu’enregistrements. Le mixage constitue finalement l’œuvre (Roger Pouivet, Philosophie du rock). Autrement dit, le son est la chanson. Le medium est le message

L’auteur analyse un paradoxe socio-politique important : c’est au moment où il s’enfonce dans la crise économique, où, comme l’avait observé Dean Acheson, il « a perdu un empire sans avoir retrouvé un rôle », où il emprunte au FMI pour boucler ses fins de mois (ce que jamais une grande puissance n’avait fait), que le Royaume Uni explose à la face du monde avec les Beatles, Carnaby Street, un cinéma renouvelé. C’est pourquoi la reine, sur proposition du gouvernement travailliste, décore les Beatles car ils ont permis à cette île déclinante de dominer le monde culturellement.

La « valeur » de cet ouvrage est grande. Il s’agit d’un texte très documenté qui offre des réflexions innovantes. Pour une prochaine édition, il faudra faire attention à quelques anglicismes ou calques de l’anglais : « George Martin défend que » (« contends that »), l’insupportable « dédié » (dedicated), « 300 000 copies » (exemplaires). Je signalerai enfin que le père de George Harrison n’était pas conducteur de bus mais conductor, c’est-à-dire contrôleur, ce qui le situait à l’époque au plus bas de l’échelle sociale.

Bernard GENSANE

PS : petite piqûre de rappel concernant le “Disque blanc” ("The Beatles”), la censure dans la pop music en Grande Bretagne, mon analyse de deux chefs-d’œuvre des Beatles (“Penny Lane” et “Strawberry Fields Forever”).


La valeur des Beatles

Cet ouvrage esquisse une évaluation de l’œuvre des Beatles, suivie d’une analyse sociologique de la formation et de la carrière des membres du groupe. Il s’agit de répondre aux questions suivantes : la musique populaire, dans sa forme la plus réussie, et la musique savante peuvent-elles être d’égale valeur ? Peut-on dire comme le compositeur et chef d’orchestre Leonard Bernstein : « Les Beatles sont les Schubert de notre temps » ?

Format : 17 x 21 cm
Nombre de pages : 296 p.
ISBN : 978-2-7535-5126-8
Disponibilité : en librairie
Prix : 23,00 €

http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4236

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COMMENTAIRES  

18/11/2016 09:44 par résistant

Les Beatles. Quelles que soient leurs qualités artistiques indéniables, pour ce qui est du message, c’est très faible.
De toute façon, il n’y a pas de secret et ce n’est pas nouveau : si tu passes dans les médias de masse, c’est que tu n’est pas dangereux pour le système.
J’ai toujours trouvé que les paroles de leur tube "Revolution" étaient très révélatrices de leur esprit bourgeois :
Dans cette chanson, ils dénoncent la violence des révolutionnaires, sans dire un mot de la violence de la caste des ultra-riches qui ont engendré toutes ces situations insoutenables à travers dans le monde.
Les riches peuvent nous massacrer, usant des pires violences, pas un mot. Mais si on s’avise de se défendre autrement qu’en brandissant des fleurs, alors là oui, ils font une chanson pour dénoncer les méchants révolutionnaires !
C’est sûr que du haut de leurs millions, ils peuvent dire à tous les opprimés de la terre : "It’s gonna be
all right"
Oui, pour eux, ça va aller, c’est certain...

Revolution,
The Beatles :

You say you want a revolution
Well, you know
We all want to change the world
You tell me that it’s evolution
Well, you know
We all want to change the world
But when you talk about destruction
Don’t you know that you can count me out
Don’t you know it’s gonna be
All right, all right, all right
You say you got a real solution
Well, you know
We’d all love to see the plan
You ask me for a contribution
Well, you know
We’re doing what we can
But if you want money for people with minds that hate
All I can tell is brother you have to wait
Don’t you know it’s gonna be
All right, all right, all right
You say you’ll change the constitution
Well, you know
We all want to change your head
You tell me it’s the institution
Well, you know
You better free you mind instead
But if you go carrying pictures of chairman Mao
You ain’t going to make it with anyone anyhow
Don’t you know it’s gonna be
All right, all right, all right
All right, all right, all right
All right, all right, all right
All right, all right

18/11/2016 19:48 par cunégonde godot

(4e de couv’) : « Il s’agit de répondre aux questions suivantes : la musique populaire, dans sa forme la plus réussie, et la musique savante peuvent-elles être d’égale valeur ? Peut-on dire comme le compositeur et chef d’orchestre Leonard Bernstein : « Les Beatles sont les Schubert de notre temps » ?

Non, on ne peut le dire parce que la musique des Beatles aussi talentueuse est-elle n’est pas pour autant géniale. C’est une musique de genre – la pop music – qui ne sort jamais des contraintes de son genre.
La musique de Schubert dépasse et de loin la musique de genre, bien qu’il ait aussi composé de la musique de genre (des lieder p.ex.).

Toutes les musiques de genre sont "géniales" à condition de sortir de leur genre, mais justement elles ne peuvent en sortir.

18/11/2016 23:38 par legrandsoir

A chacun de leurs derniers albums, les beatles ont fait exploser le genre (abbey road par ex). Il y a eu un avant et un apres.

19/11/2016 03:39 par Jean Cendent

Bonjour,
(extraits Wikipédia)
Le genre musical est un concept sans limites précises, il est impossible de faire une liste complète des genres ou styles.

L’expression musique de genre a été utilisé régulièrement sur les partitions et les disques, notamment au début du XXe siècle.
Les musiques de genre sont une grande catégorie dans laquelle on fait rentrer un certain nombre de pièces de caractère imitatives et descriptives. Cela notamment pour évoquer des scènes pittoresques (paysages champêtres, carillons, chemins de fer, moulins, fées, oiseaux et autres animaux).

Franz Schubert genre ou style, Romantique ou Romantisme comme vous voulez.
http://chronomusique.free.fr/epoques/romantique.html

Je connais et pratique ( et encore…à ma manière ) quelques styles ou genres car ce terme que vous employez pour « rabaisser » la musique que je nomme populaire, au sens fait par le peuple ou venant par son essence du peuple, pas celle cloné par l’industrie avec de plus en plus de force de vente depuis…en fait à mon avis, depuis l’avènement de l’ultralibéralisme, cela ne veut pas dire que ce commerce n’existait pas avant.
Les Beatles ou Brassens etc. sont commercialisés comme d’ailleurs la musique classique (les CDs de Schubert, Bach, Ravel, etc. ne sont pas gratuits et ne tombent pas du ciel par magie, idem pour la rémunération des musiciens) mais l’industrialisation à outrance par calcul économique a chassé du panorama médiatique, le côté artisanal que ces artisans, musiciens, auteurs, compositeurs, possédaient.
Mais ils en existent encore (dans des genres que vous n’appréciez pas ou d’autres peut être que si ?) à la marge, très ou trop loin d’un système qui les refoule ou qu’ils n’apprécient pas, donc ils restent hors d’écoute de l’immense majorité du peuple qui pourrait trouver cela nul ou bien mais il aurait au moins le droit de choisir.

Par contre il y a un style ou un genre que tous les musiciens honnêtes ne connaissent pas, c’est la musique géniale (même avec des guillemets) ou alors avec un bémol.

19/11/2016 06:27 par cunégonde godot

LGS :
A chacun de leurs derniers albums, les beatles ont fait exploser le genre (abbey road par ex). Il y a eu un avant et un apres.

Un avant et un après... Hum ! Les Beatles se sont arrêtés trop tard...

19/11/2016 08:01 par Bernard Gensane

Pour passer, en si peu de temps (13 ans), de "Rock Around the Clock" à "A Day in the Life", il a bien fallu que la musique rock, pop etc. sorte du genre. Comme le dit LGS, il y a eu une accélération vertigineuse avec les Beatles. Si, en 2016, on écoute ce qui se produisait en 2003, on s’aperçoit que ça bouge à la vitesse d’un escargot, et pour des résultats moyens.

19/11/2016 11:14 par cunégonde godot

Bernard Gensane :
Pour passer, en si peu de temps (13 ans), de "Rock Around the Clock" à "A Day in the Life", il a bien fallu que la musique rock, pop etc. sorte du genre. Comme le dit LGS, il y a eu une accélération vertigineuse avec les Beatles. Si, en 2016, on écoute ce qui se produisait en 2003, on s’aperçoit que ça bouge à la vitesse d’un escargot, et pour des résultats moyens.

Je ne vois pas en quoi les Beatles sont sortis du genre musique populaire, ce qui n’est pas péjoratif car il y faut du talent. Il n’y a de changement que dans la forme. A la grande époque des Beatles, on chantait en France la Javanaise, Il n’y a plus d’après ou encore le Clair de lune à Maubeuge p.ex. De la variétoche basée autant sur la musique que sur le texte, et ces textes pour les ex. que je cite sont infiniment meilleurs que ceux des Beatles – plus profonds. Maintenant, la musique populaire ne me passionne guère et j’aime surtout dans la chanson celles qui paraissent les plus bêtes, tout en faisant apparaître une certaine profondeur ou au moins une certaine forme de second degré (Tout va très bien madame la marquise ou bien la clownesque Danse des canards). Ce que je voulais surtout signifier c’est qu’il existe une grande différence de niveau entre l’œuvre d’un grand compositeur de musique savante de tradition européenne (Schubert, Beethoven, Debussy, Ravel, Stockhausen, etc.) et la musique populaire (très conscient de cela, Gainsbourg disait qu’il pratiquait un art mineur)...

19/11/2016 16:05 par Jean Cendent

Bonjour, M. Gainsbourg.
Un double 102 en mineur ou en majeur ?
Ta G… p’vre C…
Oh ! Pardon… Bonsoir, M. Gainsbarre.
Un triple 408, alors ?
Merci, p’tit C….

19/11/2016 20:12 par Palamède Singouin

Me semble que Gainsbarre était plutôt Glen que "51". Pas confondre avec Renaud.

19/11/2016 23:06 par Gaëtan Pelletier

En 1963, j’avais 16 ans. Entendre les I WANT TO HOLD YOUR HAND et SHE LOVES YOU, sur un même 45 tours était génial et déconcertant. Il y avait une énergie unique qui aplanissait les chansons sirupeuses des années 50, sauf quelques rockeurs : Presley, Little Richard, Jerry Lee Lewis, etc. La différence était dans la construction des chansons. Je suis allé m’acheter une guitare et nous avons formé un groupe quelques années plus tard.
Là où c’était déconcertant - après la vague des premiers LP ,avec plusieurs chansons empruntées( Bad Boy, Mckenzie, Timothy / Williams, Marc / Kalidas, Preeya ) ( car les Beatles pensaient n’avoir que quelques années de gloire devant eux) , ce furent les "expériences" musicales. On se demandait ce qu’ils pouvaient sortir par la suite.
Le Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band fut le couronnement du tout" .George Martin se demandait s’ils n’avaient pas été prétentieux en un sens de produire un tel album. On notera qu’un critique musical britannique dit alors : " Pour la première fois de l’histoire de la musique populaire, un album peut-être écouté". ( et non pas simplement... dansé :-) ).
George Martin tenait mordicus à ne pas se mouiller quand on lui demandait lequel de Lennon ou McCartney était le meilleur. Il répondait que la puissance créatrice était dans le quatuor. Ce qui est exact. Mais Lennon était extrêmement aventureux. Dans I Am the Walrus, il tentera de discréditer la forme mélodique, et sans le savoir créera une chef-d’oeuvre bizarre mais magique.

Rapidement, les Beatles furent milliardaires

Ce qui n’est pas exact. En 1969, malgré les apparences, ils se retrouvèrent devant des difficultés financières. Bref, ils étaient pratiquement ruinés et menaient un train de vie au dessus de leurs moyens. Brian Epstein avait mal administré la "fortune" des Beatles. On chercha alors un "administrateur" pour sauver les meubles, songeant même au père de Linda Eastman, mais de mémoire je ne me souviens pas qui fut ce sauveteur.
Après avoir décortiqué les structures des chansons des Beatles, même les premières chansons en apparence simples, je me demande toujours si un petit coup de pouce dans certaines séries d’accords ne sont pas venues de George Martin. Même dans In My Life, un accord (Si bémol majeur ) se glisse entre le Si mineur et le La. C’est pratiquement impensable de glisser cet accord en jouant de la guitare rythmique. Il faut un piano et sa souplesse rythmique.
Une autre singularité ou bizarrerie :
Le disque Sgt. Peppers a été enregistré sur quatre pistes. La compagnie avait acheté un huit piste mais les "plugs" manquaient pour se rendre à huit dira Ringo dans une entrevue.
Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de leurs chansons, il existe un livre, A Hard Day’s Write, de Steve Turner. J’ignore s’il existe une version française. Le livre retrace la naissance de chaque chanson des Beatles.
Quant à les comparer l’oeuvre des Beatles a de grands compositeurs, je suis sceptique. AIR de J.S. Bach est d’une beauté quasi métaphysique. Et d’autres également. Mais la naissance des Beatles fut celle d’une époque : les années 60. Right Time, Right Place !
Ce qui est étonnant, ce sont les jeunes qui s’intéressent grandement à l’oeuvre des Beatles.
Merci à Bernard Gensane pour ce superbe article.

19/11/2016 23:14 par Jean Cendent

Buvons, buvons… oups ? Voyons, voyons.
À consommer avec modération …pas la musique !

https://ffaperitif.wordpress.com/2009/11/09/le-pastis-en-10-%C2%AB-lecons-%C2%BB/
Serge Gainsbourg préférait commander un 102 (soit un double pastis 51).

19/11/2016 23:20 par vagabond

Je ne comprends pas ce culte pour Gainsbourg !
Répugnant.

20/11/2016 16:47 par Jean Cendent

Pour ma part, je suis loin d’être un idolâtre de Gainsbourg.
Mais c’est exact je ne comprends pas les cultes.

20/11/2016 21:20 par Francky

Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un texte aussi intéressant sur le sujet…

Les Beatles révolutionnaires autrement que par leur musique ? C’est sûr que non. Même le in ajouté in extremis dans la version 45t de Revolution tient plus de la Lennonade que d’une quelconque prise de position éventuelle. On ne peut bien sûr pas leur retirer leur anti-racisme (plus de fait que militant) et leur pacifisme mais, d’un autre côté, on ne peut pas les montrer en exemple pour les féminisme. Un Lennon capable de pondre You Can’t Do That ou Run For Your Life montre bien la dose de machisme et de jalousie brutale qu’il avait en lui. Et son comportement plus tardif (à partir de Yoko) n’est pas forcément le preuve d’un changement total de sa perception des choses tant il peut également être vu comme une volonté de plaire à sa maman de substitution.
Macca n’est pas à épargner niveau machisme : des titres comme Another Girl, You Won’t See Me et We Can Work It Out montrent sa difficulté à accepter qu’une femme (Jane Asher, en l’occurrence) puisse être indépendante et ne pas être forcément présente quand son homme le désire (ça, c’est la femme qu’il décrit dans She’s A Woman, non ?). Et il résoudra ce problème en embarquant Linda dans sa carrière musicale pour qu’elle soit en permanence avec lui. Sooo macho !

Je n’ai pas été jeune dans les années 60 mais, à la décharge des Beatles, il ne me semble pas qu’à l’époque la tendance des jeunes chanteurs ou des groupes de jeunes était d’être révolutionnaire. Au contraire, on a plutôt l’impression que la seule revendication qu’ils avaient consistait en exprimer leur frustration (Satisfaction ou My Generation pour les Anglais, L’amour avec toi, Inventaire 66 ou Je dis ce que je pense et je vis comme je veux pour les Français ; pour les Étasuniens, vous excuserez mon ignorance causée par un manque flagrant de crochitude d’atomes avec leur musique). Frustration de ne pouvoir vivre comme ils voulaient, oui Antoine, ou, plus simplement de ne pas pouvoir jouir de ce monde d’opulence qu’ils voyaient se matérialiser autour d’eux. Comme si, en fait, la jeunesse des années 60, héritières des avancées sociales obtenues de dures luttes par leurs parents et leurs grands-parents, pensaient sincèrement que le capitalisme en était arrivé à une état où il n’allait plus que déverser ses bienfaits sur le peuple – d’où son envie de casser le carcan rigide dans lequel elle avait grandi... et juste ça.

La réplique de 4 garçons dans le vent « J’ai fait la guerre pour vos ! » « Je parie que vous devez regretter de l’avoir gagnée », réjouissante dans sa rébellion contre l’ordre établi, est à ce titre parlante et révélatrice de cet état d’esprit Et, si on se place du point de vue des combats sociaux et de la Résistance menés par la génération des vieux incriminée, elle peut en devenir choquante.
Et, effectivement, la vision de la révolution décrite dans Revolution, peut s’expliquer par « pourquoi vouloir renverser ce système qui ne fonctionne pas si mal pour nous et qui peut être étendu à tout le monde par un système dont nous ne savons pas ce qu’il donnera ». Une vision sardolienne (Danton, Un jour , la liberté ou même Les deux écoles) ou goldmanesque (Bienvenue sur mon boulevard, tiens) au final.

Pour en revenir au Beatles, okay, George était un radin, John était violent et Paul un gros macho (vive Ringo au final), ils n’ont jamais chanté le Che ni le Viêt-nam mais ils ont eu la décence – peut-être de part leur origine véritablement prolétaire ; oui, sauf John – de ne pas commettre de titre sur la frustration matérialiste de la génération dont ils étaient les porte-drapeaux. Un bon point supplémentaire.

21/11/2016 13:16 par Palamède Singouin

Que les fans de Schubert ou des Beatles ne s’énervent pas trop : il n’y a que 2 sortes de musique : celle qui vous plait à l’oreille et celle qui ne vous plait pas !
Pour ma part je me demande si Vivaldi associé à Chuck Berry n’auraient pas explosé le "Hit-Parade" ! C’est grave ?

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