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Sur une autre photo qui n’a jamais été publiée...

Mitterrand et les mensonges d’outre tombe.

Certes, nous tombe dessus une rafale de documentaires télévisés, et autant de livres bien polis qui n’insultent pas le disparu... Mais qui, le 8 janvier prochain, pensera à verser des larmes sincères vingt ans après la mort de François Mitterrand ?

Si la « Tontonmania » est morte avec son objet -et les marchands de souvenirs de Jarnac font faillite- le chemin pour en apprendre plus sur le passé vrai de l’ancien président reste un roncier. Modestement, qu’il me soit pourtant permis de faire avancer cette histoire de quelques centimètres.

D’une tragédie l’autre, puisque c’est le sort du journaliste qui vagabonde entre les drames, en 1990, je me suis trouvé un jour à Carpentras face à un cimetière juif ravagé, à un corps profané. C’est à l’occasion de ce reportage que je rencontre un homme discret, Jean Renaud, patron du bureau local du « Dauphiné Libéré ». Et Jean Renaud me raconte un peu de sa vie. Il est le fils du propriétaire de la maison où François Mitterrand a vécu pendant près de deux années à Vichy, de janvier 1942 à novembre 1943.

Jean Renaud possède un trésor qu’il me met alors sous les yeux, une photo qui comble un trou de l’histoire. Celle où l’on voit François Mitterrand serrer la main d’un Pétain qui vient de lui remettre la Francisque ; alors que ses deux parrains l’encadrent. D’abord Gabriel Jeantet, as de la Cagoule, ami frénétique des nazis et collaborateur exemplaire. L’autre ange gardien étant Simon Arbellot de Vacqueur, ancien journaliste du Figaro et patron du service de presse du régime de Vichy et lui aussi « cagoulard ». Pendant longtemps, l’heureux titulaire de la Francisque « 2202 » a affirmé que cette breloque, « attribuée dans une vaste fournée anonyme », ne lui avait jamais été remise... Jusqu’au jour où Pierre Péan, pour le besoin de son livre « Une jeunesse française » découvre une photo qui nous montre le futur Président au garde à vous devant le Maréchal, prêt à être épinglé. Mais il nous manque le geste du Chef de l’Etat Français accrochant l’insigne au revers du veston, et la chaleureuse poignée de main qui a suivi. Bref, le reportage complet de la cérémonie.
Pour des raisons que je n’ai toujours pas comprises, Renaud refuse alors de rendre cette image publique, « pour des histoires de famille »... Craint-il des représailles, un sort identique à ceux de Pelat, Grossouvre ou Bérégovoy ? Je l’ignore. Les yeux de la France devront donc se contenter du cliché « 1 » du rouleau de pellicule, la photo qui illustre la couverture d’ « Une jeunesse française », la biographie complice écrite par Péan sur le natif de Jarnac. Et je peux vous révéler que la photo détenue par Renaud, en prime, est joliment dédicacée par un Mitterrand tout fier de sa Francisque.
En tant qu’assureur, et donc habitué à faire des prises de vues lors de sinistres ou d’accidents, il arrivait que monsieur Renaud, le père de Jean, soit convoqué à l’Hôtel du Parc, siège de l’Etat Français, pour y appuyer sur le bouton, réquisitionné en supplétif des photographes officiels. Hasard de la vie, c’est donc lui qui a pris la photo de son locataire et du « Maréchal ». Autre ironie, la secrétaire de Pétain loge elle aussi chez Renaud et est une voisine de chambre du séduisant jeune homme. Après ses heures de bureau, c’est très contente qu’elle rapporte à la maison Renaud une poignée de clichés de la cérémonie : « François va y mette sa dédicace ». Et l’image que j’ai vue il y a 25 ans, entre les mains de Jean Renaud, portait en effet le paraphe de François.

Le 11 novembre 1943, la Gestapo frappe à la porte des Renaud. Ici, Pierre Péan nous affirme que les hommes bruns viennent pour arrêter François Mitterrand. Mensonge affirme Renaud : « A l’époque j’étais adolescent. Mon père était à la cave pour bricoler la chaudière. C’est moi qui ai ouvert aux allemands. Ils n’ont jamais demandé Mitterrand. Ils ont d’abord fait sortir mon père et l’ont embarqué pour le déporter. Et je ne l’ai jamais revu. Ils ont également emmené Pol Pilven, un ami de Mitterrand qui, quelques jours plus tôt, avait aidé mon père à récupérer des armes et des motos parachutées par les américains. Plus tard, Mitterrand a d’abord déclaré que c’est moi qui « avait couru à la gare pour l’avertir de ne pas revenir à la maison »... Ensuite il a donné de l’épisode une nouvelle version, cette fois « c’est Ginette Caillard et Jean Munier qui s’en vont à la gare »... pour prévenir d’un danger un homme que personne ne recherche ».

En dépit des efforts du réalisateur William Karel, et de l’excellent film qu’il vient de diffuser sur Arte, la biographie de Mitterrand reste un gruyère dont il est difficile de combler les trous. Sachons, pour excuser les approximations des récits, que l’Elysée, sous le règne de « Tonton », a fait purger toute archive compromettante. Une remarque : en évoquant la carrière « algérienne » de notre héros, quand Mitterrand ministre de la Justice faisait tomber à pleins paniers les têtes de fellaghas, le réalisateur aurait eu bénéfice à diffuser le témoignage de Benjamin Stora. Un chercheur qui a eu le courage d’écrire un livre sur la question...

Après cette nouvelle salve de films et de livres -où trop souvent ce sont les amis et dévots du défunt qui parlent- Mitterrand reste un sujet de recherches. Tant la part d’ombre reste aussi profonde que la nuit.

Jacques-Marie BOURGET

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