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Quand la multitude est décidée à progresser

Nul ne sait ce qui naîtra

 Mais qui sont-ils ? Mais que disent-ils ?
 Ils s’appellent les Gilets Jaunes. Ils disent leur colère.
 Mais je ne connais pas ces gens-là.
 Président, ces gens-là sont des gens du peuple de France.
 Ils se ressemblent donc tous.
 Non, ils sont divers comme peut l’être un peuple riche de sa diversité. Oui, ces nouveaux acteurs ont leur uniforme, et leur étendard réfléchissant est levé.
 Quelle langue parlent-ils ?
 Pas la langue des affaires. Non, mais une langue bien vivante et fleurie.
 Que veulent-ils qu’ils n’ont déjà ?
 Du pouvoir d’achat.
 Ils l’ont déjà.
 Mais il se réduit comme peau de chagrin.
 Qu’on leur donne des mouchoirs et un moratoire aussi.
 Mais, Président, ils veulent aussi la justice sociale.
 Bibi, c’est pas le Père Noël. Qu’attendent-ils encore ?
 Une réponse de votre part. Un changement de cap.
 J’ai une mission à remplir, j’ai un cap à tenir, une vision, un projet, un récit. Dites à ces gens qu’on changera de méthode s’il le faut.
 Mais leurs fins de mois sont difficiles.
 Dites-leur que « ce n’est pas le chemin qui est difficile. C’est le difficile qui est le chemin. »
 Président, ils veulent aussi la justice fiscale.
 Dites-leur qu’il ne faut pas confondre « faire légal ce qui est juste et faire juste ce qui est légal ».
 Mais, Président, ils veulent aussi des référendums, la proportionnelle, la démocratie.
 Ils l’ont déjà. Elle est inscrite dans le marbre.
 Ils parlent aussi de précarité, de SDF, de déclassement, de retraite, de sécurité sociale, de délocalisations, de réfugiés, du handicap, d’innovations... Ils ne demandent pas de devenir milliardaires ; seulement de vivre dignement dans un pays riche.
 Mais enfin, n’ont-ils jamais entendu parler de la transition écologique, de la fin du monde qui nous menace tous ?
 Si Président. Mais ils pensent tout simplement que cette vraie cause nationale, pour ne pas dire mondiale, est utilisée par vous et les vôtres comme le contre-feu idéal à toutes leurs revendications légitimes. Ils sont fatigués. Ils sont las des mensonges.
 Moi, je vois qu’ils ont encore des forces pour toute cette violence. C’est une révolte contre les institutions ?
 Non Président, c’est plus profond, c’est bien plus rationnel que cela. C’est peut-être une « révolution démocratique » en gestation. Pas celle que vous aviez envisagée, oh ! non. La France est grosse. Mais nul ne sait ce qui naîtra.
 Ce que je veux...
 Président, ils ont déjà réussi à mettre en branle un formidable mouvement qui prend corps jour après jour, qui revivifie en même temps les valeurs de solidarité, d’égali...
 Mais c’est moi qui...
 Vous ne comprenez donc pas. L’homme seul devrait savoir qu’il ne peut rien quand la multitude est décidée à progresser.

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Karl Marx, le retour - Pièce historique en un acte
Howard ZINN
Moins de cinq cents personnes contrôlent deux mille milliards de dollars en actifs commerciaux. Ces gens sont-ils plus nobles ? Travaillent-ils plus durement ? N’ai-je pas dit, voilà cent cinquante ans, que le capitalisme allait augmenter la richesse dans des proportions énormes mais que cette richesse serait concentrée dans des mains de moins en moins nombreuses ? « Gigantesque fusion de la Chemical Bank et de la Chase Manhattan Bank. Douze mille travailleurs vont perdre leur emploi… (…)
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Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État - et c’est pareil dans les autres pays européens - s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à -dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an et nous ruine année après année. Ce sujet devrait être au coeur de tout. Au lieu de cela, personne n’en parle.

Etienne Chouard

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