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Quand néofascisme rime avec néolibéralisme : coup d’État en Bolivie et infox

Le coup d’État en Bolivie ne tombe pas du ciel, il révèle la patte des Etats-Unis. C’est la revanche de la classe dominante, fortement teintée de racisme. Le pays va-t-il vers un bain de sang ?

« Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de coup d’État aux USA.

Parce que là, il n’y a pas d’ambassade des Etats-Unis ».

– Plaisanterie classique en Amérique latine.

Le dimanche 10 novembre un coup d’État a été perpétré en Bolivie. L’armée a contraint le président Evo Morales, nouvellement élu, à démissionner. Dans la rue la violence monte. Des bandes armées de l’opposition agressent des militants et dirigeants du Mouvement pour le Socialisme (MAS) d’Evo Morales. Elles intimident des journalistes, mettent le feu aux maison de membres du MAS, notamment de la sœur d’Evo.

A certains endroits, toute personne qui semble indigène est agressée physiquement. Des femmes indigènes sont déshabillées et molestées. Il y a déjà eu plusieurs morts.

La revanche sur la vague rose
Ce coup d’État n’est pas totalement inopiné. C’est le énième coup d’État ou tentative de putsch en Amérique latine depuis le début de ce siècle : Venezuela en 2002, Haïti en 2004, la Bolivie en 2008, le Honduras en 2009, l’Equateur en 2012, à nouveau le Venezuela depuis 2013, le Brésil en 2016 et le Nicaragua en 2018.

C’est une réaction à la déferlante de gauche, dite « marée rose » en Amérique latine. Dans les années ‘80 et ‘90, le rouleau compresseur néolibéral avait provoqué un vrai bain de sang dans la région. Le nombre de pauvres avait augmenté d’un tiers. La population ne l’accepta pas et les pays élirent l’un après l’autre un président de gauche.

Sous l’administration de ces présidents de gauche, des programmes anti-pauvreté ont été implémentés et le pouvoir néolibéral a été limité et réduit. Un front s’est également constitué pour réduire l’emprise des Etats-Unis sur le continent.

La vague de gauche ne plaisait évidemment pas aux élites de ces pays, pas plus qu’au gouvernement étatsunien. Tout a été fait pour éliminer ces présidents de gauche. En première instance, par le moyen des élections. Pour l’élite, les élections sont habituellement un « match à domicile » : les partis traditionnels lui obéissent au doigt et à l’oeil, elle dispose d’importants moyens financiers, contrôle les médias ou manipule les réseaux sociaux, et elle brandit la menace du désastre économique ou du chaos au cas où les gens voteraient pour la gauche.

Révolutions de couleur et coups d’État « civils » …
Cette recette électorale a servi longtemps, jusqu’à ce que Hugo Chavez fût élu au Venezuela en 1998. Depuis lors, dans bien des pays, la confrontation électorale se révéla beaucoup moins en faveur de l’élite et des intérêts étatsuniens. C’est pourquoi on fit appel à une autre stratégie : une révolution de couleur, ou une autre forme de coup d’État « civil » ou « constitutionnel », ou une combinaison des deux. L’unique objectif étant évidemment d’en finir avec le président de gauche. Avec le soutien des médias contrôlés par l’élite, ces coups d’État camouflés sont recadrés en soulèvements populaires spontanés ou interventions constitutionnelles légitimes.

Cette tactique n’est pas vraiment neuve, sauf que la carte militaire est jouée moins volontiers que dans le passé. A partir des années ‘50 et jusqu’aux années ‘80 du siècle dernier, le continent a encore été la proie de coups d’État militaires. Le plus notoire est celui du Chili en 1973. Le putsch néofasciste de Pinochet a mis fin au gouvernement progressiste de Salvador Allende et créé les conditions idéales pour un régime néolibéral : l’éradication de toute opposition sociale. Car néofascisme rime avec néolibéralisme. La dictature militaire au Chili est devenue le premier terrain d’essai pour les croisés du néolibéralisme. La Bolivie, qui fut une dictature militaire jusqu’au début des années ‘80, devint le deuxième laboratoire, avec les conséquences sociales bien connues.

… avec le soutien des Etats-Unis
Depuis deux cents ans l’Amérique latine est l’arrière-cour des Etats-Unis. Les Etatsuniens ont de grands intérêts économiques à préserver, ce pourquoi ils ont quelque quatre-vingt bases militaires.

Le personnel diplomatique étatsunien en Bolivie a une forte tradition d’intrigues et d’ingérences dans les affaires intérieures du pays. C’est ainsi qu’un vrai scandale a été déclenché à propos du président – juste après une rencontre entre le diplomate étatsunien du grade le plus élevé à l’époque et un « journaliste » qui, dans une vie antérieure, était le chef du service de renseignement. Après coup il apparut que tout reposait sur une infox, mais cela entraîna néanmoins la défaite de justesse d’Evo Morales au referendum constitutionnel de 2016.

Dans un passé récent Carlos Mesa, l’adversaire droitier d’Evo Morales lors des dernières élections, a eu des contacts avec plusieurs hauts fonctionnaires et parlementaires des Etats-Unis. Fin juillet 2018 il annonçait déjà qu’une réélection d’Evo Morales entraînerait « une situation que nous ne souhaitons pas : la violence ». Cela indique que le coup d’État actuel était bien préparé. L’OEA – Organisation des États Américains – a également joué un rôle déterminant dans ce coup d’État. L’OEA a été créée en 1948 par les USA pour que les pays d’Amérique latine restent dans le sillage de Washington. Elle a refusé de reconnaître les résultats des élections boliviennes. Elle a ainsi exercé une forte pression sur le gouvernement et fourni à l’armée un prétexte pour exiger la démission du président Morales.

Des intérêts économiques
La Bolivie a toute sa place dans la liste des pays énumérés plus haut. Dans tous ces pays la situation sociale s’est généralement améliorée de manière spectaculaire. En Bolivie également. Sous l’administration d’Evo Morales les salaires réels ont augmenté de 60 % et la pauvreté extrême a été réduite de 60 % également. Cette gouvernance sociale n’a été possible qu’en nationalisant un certain nombre de secteurs clés de l’économie. Pour l’élite c’était impardonnable. A cet égard il n’est pas inintéressant de rappeler le plan d’Evo Morales pour le lithium : non seulement l’extraire mais aussi le transformer en batteries. Le lithium est une matière première très importante pour la nouvelle économie et il sert dans la production de véhicules électriques, d’avions, de batteries, de téléphones mobiles ainsi que de médicaments. La Bolivie possède les plus grandes réserves mondiales de lithium. Les élites mondiales n’acceptent pas que cette matière première stratégique soit aux mains de la gauche.

Le facteur indigène
Mais il y a en Bolivie un facteur supplémentaire : la question indigène. Evo Morales est le premier président indigène. Plus encore : il a donné davantage de droits et amélioré la situation sociale de la population – majoritairement indigène – qui auparavant était traitée comme des citoyens de seconde classe. L’élite généralement blanche et souvent ouvertement raciste n’a jamais pu le digérer. Le coup d’État perpétré aujourd’hui est leur revanche. Ce n’est pas un hasard si les violences visent à présent explicitement la population indigène.

Par ce coup d’État l’élite veut remettre les pendules à l’heure. Elle terrorise les élus MAS et leurs possibles partisans. Le président Evo Morales, qui a osé toucher à ses privilèges et à ses possessions, doit être éliminé politiquement ou physiquement. Il n’est pas à exclure que le pays ne soit exposé à un bain de sang.

Marc VANDEPITTE, 12 novembre 2019.

Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action

 https://www.investigaction.net/fr/quand-neofascisme-rime-avec-neoliberalisme-coup-detat-en-bolivie-et-infox/?fbclid=IwAR3PGPIAiF8v7hwYB_EejOkg6AcQRFMTE8d0qo1zwtird2k-YqrY5MR5HUs
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COMMENTAIRES  

13/11/2019 11:21 par calahan

"Rien de nouveau sous le soleil"

malheureusement, l’administration US et leurs copains banquiers et industriels et les médias aux ordres changent les méthodes, transforment la recette, mais toujours avec la même finalité : empêcher tout peuple d’Amérique du sud de prendre son destin en main.

Car prendre son destin en mains, et cela vaut pour tous les peuples (une pensée pour l’Afrique) c’est s’affranchir de toute ingérence.

Dommage que nos gouvernants européens et autres se comportent tantôt comme des lâches, tantôt comme des benêts, j’appelle ça des paillassons.

Pendant ce temps là le président bolivien élu part au Mexique pour échapper à la mort... .

13/11/2019 16:05 par "Nous reviendrons...

- « Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de coup d’État aux USA.
 Parce que là, il n’y a pas d’ambassade des Etats-Unis ».
(Plaisanterie classique en Amérique latine)

Sauf qu’il n’y a plus d’ambassade des Etats-Unis en Bolivie depuis 2008.

Si le coup d’Etat a été possible c’est parce qu’Evo Morales avait déjà perdu une grande partie de ses soutiens - ses partisans ne faisaient plus le poids dans la rue face à la droite qui a su rallier à sa cause d’amples secteurs de la population et notamment les nouvelles classes moyennes (la classique "trahison des classes moyennes").
Ce coup d’Etat n’aurait jamais été possible si le gouvernement avait encore pu compter sur le soutient indéfectible de la majorité de la population ; l’élite locale et ses soutiens extérieurs (car évidemment la CIA a très certainement aidé à préparer tout ça) le savaient et s’est pour ça qu’ils sont allés jusqu’au bout.

Espérons que sur place les camarades tiendront, et je suis certain que la prémonition d’Alvaro Garcia se matérialisera un jour ou l’autre : "nous reviendrons et nous serons des millions".
Quand à tous ceux qui ont "trahi", j’espère que le nouveau gouvernement d’ultra-droite à tendance fasciste et anti-sociale leur fera se rendre compte que la voie qu’ils ont décidé de soutenir n’était pas la meilleure pour la majorité de la population.

13/11/2019 16:41 par legrandsoir

Sauf qu’il n’y a plus d’ambassade des Etats-Unis en Bolivie depuis 2008.

Bien-sûr que si. https://bo.usembassy.gov/

13/11/2019 20:38 par RV

vu sur http://www.medelu.org/La-longue-campagne-du-Tout-sauf-Evo
un long article du 9 novembre de Maurice Lemoine.

13/11/2019 21:47 par Geb.

C’est profondément désolant mais ça devient lassant ces répétitions de choses qui n’auraient pas lieu d’être.

Depuis le temps ils n’ont pas compris nos camarades que face à une bande de rapaces, (Qui en plus aujourd’hui n’ont plus rien à perdre), la seule chose qui compte quand on a enfin réussi à avoir le soutien du Peuple et le Pouvoir pour celui-ci, c’est LA FORCE.

Pourquoi croyez vous que le Vénézuela tient depuis des années alors qu’il est en première ligne ? Pourquoi en est il de même pour Cuba ?

Parce que en sus de la confiance du peuple, les Représentants du Peuple ont su le fédérer dans une puissante force militaire et coercitive. Une force politique - et - militaire. Et qu’ils ne comptent pas uniquement sur l’Armée régulière et sur la Police pour maintenir l’état de droit.

Il va falloir quand même y revenir sur ces notions mortifères qui décrètent que "les armes" et l’Art de la guerre c’est juste à l’usage des gens de métier, un peu comme "l’abattage des animaux" ou le "ramassage des ordures". Ou pire, comme "la politique".

Un peuple qui se veut "libre" doit savoir se défendre, défendre ses principes et sa constitution, réguler l’ordre au sein de sa population, et éliminer systématiquement les factieux, les fauteurs de troubles étrangers et ceux qui mettent en danger l’avenir de l’ensemble du pays. OK c’est du "totalitarisme" du "Militarisme", et alors ???

C’est peut-être du Totalitarisme" mais pour mon compte le"Totalitarisme" d’une vaste majorité sur une minorité mortifère c’est la vraie "démocratie. Il ne viendrait à l’idée de personne de parler de "totalitarisme" quand des globules blancs éliminent impitoyablement des bactéries pathogènes et les empêchent de reprendre le dessus. Je ne vois pas ce qu’il y a de différend lorsque ça se passe dans une société.

Je ne vais pas tirer sur les ambulances mais si les Peuples chiliens, honduriens, brésiliens, et aujourd’hui boliviens sont en danger ça n’est pas simplement la faute de la CIA et d’une minorité compradore doublée d’une mafia. C’est aussi la faute de dirigeants qui par angélisme ou tout simplement suivisme ont été incapables de donner à leurs peuples les anticorps politique et coercitifs qui permettaient d’assurer la Révolution.

Et surtout qui ont passé leur temps à vouloir contenter des monstres, (de toute façon ne seront jamais contents et ne rêvent que de leur disparition),en soignant une "image de démocratie" à usage extérieur que de toute façon ceux de l’extérieur ne leur attribueront jamais... Bien sûr ils ont élevé le niveau de vie, tout en satisfaisant les plus démunis... Ce qui a augmenté les contradictions avec la minorité de la Bourgeoisie compradore qui dans les pays concernés pillait à volonté.

Et ils s’imaginaient quoi ? Que ceux qui perdaient leur pouvoir allaient se contenter de rester statiques aux appels du pied de l’Etranger ???

Allende en est mort, Zelaya est parti en exil, Moralès démissionne et s’exile, Lula sort à peine de prison. Si ces représentants du peuple avaient fait ce qu’ils devaient ils seraient toujours là. Leurs ennemis continueraient à aboyer mais leurs soutiens populaires seraient toujours derrière eux. Mais leurs peuples et leurs soutiens, qui comptaient sur eux, aujourd’hui restent désarmés et trinquent.

Pour ceux qui se pensent à l’abri bien au chaud en France je vais rappeler quelque chose : Ici ça n’est pas un îlot de tranquillité isolé du Monde. Et c’est encore moins le "Pays des Droits de l’Homme". On l’a vu à maintes reprises depuis un siècle et ça risque de n’être pas fini.

Si demain qui que ça soit émerge comme représentant du vrai peuple et de la Classe ouvrière en particulier, si dans les six mois qui suivent, ceux qui seront au pouvoir n’ont pas fait le vide des élément peu sûrs de l’Armée et de la Police, remplacés ceux-ci par des éléments fidèles, repris en main les médias, et levée une Milice populaire puissante et surtout très bien armée et capable d’utiliser ces armes composée de citoyens décidés, politisés, et compétents, si dans ces mêmes mois il a pas bétonné une politique étrangère solide, trouvés des alliés alternatifs sur tous les plans, face au prédateurs qui nous entourent, ici ça finira comme en Ukraine ou comme en Bolivie.

Je sais que je vais me faire encore une fois lyncher par ceux qui se la jouent aux bisounours, mais je sais aussi que si mes parents et mon Parti avaient raisonné comme moi en 39 au lieu de tenter de ménager une chèvre et un chou inassociables en comprenant que la "non-agression" et l’"autodéfense" au niveau d’une nation ce sont des choses totalement différentes, beaucoup de misères et de morts auraient été épargnées au Peuple français. Ca ne leur a même pas évité de se salir les mains pour reprendre le dessus. Ma maman qui s’évanouissait "avant" à la vue d’un couteau de cuisine, dans les FTPF elle n’y pas été pour enfiler de perles, mais pour aider, (Autant l’exprimer crûment), à "assassiner des nazis ou des collabos".

Et pour la réflexion et pour ceux qui n’ont pas, ou ne veulent pas comprendre mon propos, citez moi un seul exemple où ce cancer ultra anglo-capitaliste aurait été mis en échec depuis un siècle, sinon par la force des armes ou la menace de celles-ci.

Ou citez moi le cas où une Division de l’US Army aurait été mise en échec par un un deux chapitres du "Capital".. Ou des Evangiles, si vous préférez.

Et je rappellerai aussi aux "apprentis" dirigeants" populaires, (Et là, je pense fortement à quelqu’un), qu’aller au Pouvoir et y amener ceux qui souffrent c’est difficile, peut-être faisable,et certainement bénéfique pour le pays.

Mais si c’est pour amener les citoyens au Pouvoir comme on amène des animaux à l’abattoir pour ensuite ne pas les mettre en mesure de conforter les acquis, se faire flinguer, ou se barrer ailleurs, c’est tout simplement une préparation au génocide pour le compte de nos ennemis. Et ce pour n’importe raison que ça soit, angélisme, anti-militarisme, pacifisme, religion, j’en passe, et des meilleures...

13/11/2019 22:39 par Toff de Aix

@Geb : ENFIN quelqu’un qui ose le dire !

Quand je vois l’état dans lequel notre camp est tombé, les fantasmes sans cesse renouvelés d’une révolution qui se ferait (et se conserverait) en gants blancs... Combien de bisounours, dans la gauche radicale ?

Souvenons nous de la Commune, souvenons nous de 1848,souvenons-nous de ces innombrables fois, en France comme ailleurs, où la réaction n’a pas hésité UNE SEULE SECONDE à exterminer nos camarades lorsque ceux-ci avaient semblé gagner la première manche...

Nous jouons le jeu de la "révolution citoyenne", par les urnes, mais sincèrement.. Par qui ce jeu a-t-il été inventé ? Croyez-vous que ces gens-là acceptent de perdre facilement ?

Les créateurs du jeu ont mis toutes les règles de leur côté, et si d’aventure un malotru décidait de renverser la table sans y être préparé, combien de temps tiendrait-il ?

Notre camp ne peut s’épargner cette réflexion, sinon nous courrons, une fois de plus, au désastre.

14/11/2019 08:09 par T 34

@ Geb
Bravo !

@ Toff de Aix
Ce n’est pas le premier a le dire j’avais dit la même chose ici. J’ajouterai en plus que d’armer le peuple il faut aussi couper le nerf de la guerre, c’est à dire l’argent, qui permet de financer toutes les tentatives de déstabilisations et coups d’état en expropriant la bourgeoisie. Au Venezuela ils ne l’ont pas fait et donc celle ci conspire en permanence (en arrêtant les usines qui produisent la biens de consommation courants et en détournant la production au marché noir, ou en finançant des terroristes) avec le facteur aggravant que ce sont toujours les mêmes personnes qui conspirent depuis le coup d’état de 2002 et qui ne vont quasiment jamais en prison.

Et on a intérêt a le faire en France quand on voit comment la bourgeoisie française a traité les manifestants contre la loi el khomry ou les gilets jaunes alors que ceux-ci ne remettent même pas en cause le pouvoir du capital. Le jour ou ce sera le cas la bourgeoisie passera en mode régime de Vichy 2.0.

Signé T 34, distributeur d’obus aux fascistes depuis 1941.

14/11/2019 09:45 par Assimbonanga

Sagesse du vieux Geb !
Je pense aussi aux combattants et combattantes kurdes.
Lorsqu’en 2012, tout le monde s’entichait des Constituantes latino-américaines et de la formule de révocation des élus à mi-mandat, je n’étais pas de cet avis et l’avais dit sur le blog à Mélenchon. A quoi bon briguer un mandat, l’obtenir dans la plus grande difficulté et se faire virer sans atteindre le terme ? Je trouvais ça stupide. Déjà bien beau lorsque notre bord accède au pouvoir ! L’important c’est de s’y maintenir jusqu’au bout. Les élections suivantes sont suffisantes pour tout remettre en jeu.
Il y a trop de modes, d’engouements passagers. Les gens sont versatiles. La culture ambiante est teintée qu’on le veuille ou non de consumérisme. On prend on jette. On ne supporte pas les petites imperfections, les erreurs de parcours. Les gens voudraient du sans-fautes alors qu’eux-mêmes se comportent n’importe comment.
Par exemple, se lasser de Mélenchon pour lui préférer les propos de Cunégonde, c’est vraiment le pompon !

14/11/2019 09:53 par Assimbonanga

C’est facile depuis notre clavier d’ordinateur de jouer les conseilleurs. Chaque pays a sa culture, ses statuts, institutions, corps sociaux. Evo Moralès a quitté la Bolivie avec une volonté de ne pas faire couler le sang. Peut-être était-il difficile de mener de front toutes les politiques dans son pays. Il a mis le paquet sur la réduction des inégalités et la redistribution. Était-il assez puissant pour faire d’autres choses en même temps, comme de s’occuper de créer un pôle militaire ? 11 millions d’habitants... C’est pas énorme.
Sans doute qu’il y a des leçons à tirer mais pour plus tard.

14/11/2019 20:46 par Palamède Singouin

Geb a lancé un débat incontournable sur les inévitables violences que nécessitent des changements radicaux. Il n’est pas impossible que cette violence (indispensable) vienne d’ailleurs que du monde politique. Pour le court terme je pense qu’il vaut mieux compter sur une méga-crise financière ; à plus long terme sur des catastrophes écologiques. Dans tous les cas, il faudra savoir adapter la "stratégie du chaos" décrite par une Naomi Klein à des changement révolutionnaires plutôt que réactionnaires comme c’est le cas actuellement sur à peu près toute la planète.

14/11/2019 22:42 par J.J.

D’accord avecGeb ! Je regrette la dispartion du service militaire, (et je me demande même si ceux qui l’ont promue n’avaient pas cette idée en tête ) : les citoyens français ne savent plus manier une arme(à part les chasseurs !).
N’oublions pas que ce sont les appelés, lors de la tentative du putch d’Alger qui ont maîtrisé la situation.
D’un autre côté, j’apprécie qu’il n’y ait plus de"bidasses" appelés envoyés se faire casser la gueule au Mali ou dans quelque autre glorieuse ou calamiteuse ( au choix) expédition.
Et c’est vrai, dans des conditions quand même difficiles, ce pauvre Evo Morales n’a peut pas pu sans doute faire mieux.

15/11/2019 09:32 par CN46400

@ JJ
Attention de ne pas comparer les torchons avec les serviettes. Alger 1961 n’a rien à voir avec La Paz 2019. En 1961 les bidasses en avait marre de la guerre d’Algérie (la quille bordel !). Et puis entre le général De Gaulle qui négociait avec le FLN et Salan qui fricotait avec l’OAS, il n’y avait pas franchement photo.
Enfin, pour être plus complet, qu"elle a été l’influence politique sur les 2 ou 3 millions d’appelés qui, entre 56 et 62, ont traîné leurs guêtres dans les djebbels avec tout ce qui accompagnait, embuscade, gégène, corvées de bois, massacre divers et variés.... En notant les ravages du racisme sur les moins politisés qui a été réimporté en "métropole" avant de constituer une partie du socle de la "petite entreprise Le Pen"...
Et puis, pour revenir à La Paz, il faut convenir que pour "briser l’état réactionnaire" (Marx), c’est moins simple lorsqu’on sort, comme Moralès" du suffrage universel que d’un push manqué (Chavez 2002) où la légitimité du "ménage" s’impose à tous....

15/11/2019 10:20 par babelouest

@ CN et les autres
Pour rappel : un copain (plus âgé de 10 ans) avait écrit un bouquin entre autres sur ce qu’il a vu de la guerre d’Algérie : il en fut très marqué, au point de l’avoir intitulé "Le piège"

https://ti1ca.com/rwj3tf3h-le-Piege-le-Piege.zip.html

20/11/2019 16:21 par "Nous reviendrons...

@Le Grand Soir

- Sauf qu’il n’y a plus d’ambassade des Etats-Unis en Bolivie depuis 2008.
 Bien-sûr que si. https://bo.usembassy.gov/

Bien vu ! Je retire ce que j’ai dit ; )

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