Et il ajoutait : « Quand un gouvernement laisse des bandes armées et masquées le défier en se pavanant dans la Capitale, il montre une faiblesse qui met en péril la démocratie et ouvre la voie aux coups d’Etat. Ces hors-la-loi payés par nous ont affiché leur mépris de leur hiérarchie, de leur ministre, du gouvernement tout entier, de la République. Ils l’ont fait parce qu’ils sont armés ! »
Quatre ans plus tôt, le 26 avril 2012, sous le titre : « C’est partout le bruit des bottes » (2), Théophraste R. alertait sur le défilé de plusieurs centaines de policiers sur les Champs-Elysées, gyrophares allumés et sirènes hurlantes » pour protester contre la mise en examen d’un de leurs collègues qui avait tué un fuyard d’une balle dans le dos.
Les domiciles et donc les bureaux de vote des policiers étant dispersés, on ne peut évaluer leur préférence politique avec autant de précision que pour les gardes mobiles et les CRS. Mais on peut raisonnablement affirmer que la police s’est fascisée. Le temps est proche où elle échappera aux autorités et se dressera contre elles, contre le pays. La multiplication des bavures, la volonté affichée de trop nombreux policiers (malgré les caméras, malgré les filmages par Smartphones) de casser du « bamboula » et du « bougnoul »valent un sondage.
Faut-il mettre tous les flics dans le même sac facho et bientôt factieux ? Non, certes. Il reste une minorité qui veut servir le pays et protéger les citoyens sans distinction. Mais on ne l’entend pas. On ne la voit pas défiler sur les Champs Elysées, gyrophares allumés, arme à la ceinture pour se démarquer des flics voyous, des flics fascistes dont les agissements ternissent la police tout entière.
Les loups sont entrés dans la police, dans les casernes de garde-mobiles et les casernes de CRS. Reste à espérer que l’armée est toujours républicaine et qu’elle n’a pas oublié sa mission : servir le pays en silence. Peut-être, demain, sera-t-elle le recours contre les factieux, recrutés, armés et payés par la République et animés par l’idéologie fasciste.
Le 12 avril 2016, LGS avait publié un article sur l’augmentation du nombre de citoyens tués par les policiers (3) dans lequel un lien renvoyait à une étude, sérieuse et documentée d’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), intitulée : « L’ordre et la force. Enquête sur l’usage de la force par les représentants de la loi en France »(4).
Ces jours-ci, alors que, plus que jamais, la police maltraite, ment sous serment, torture, viole, tue, effraie les citoyens honnêtes (surtout ceux qui sont moins blonds que Le Pen) le Parlement vote une loi autorisant ce corps gangréné à recourir plus facilement à des tirs à balles réelles.
Attendons-nous à compter les morts dont des fonctionnaires assermentés nous diront qu’ils étaient, juste avant, des individus menaçants.
Jean-Luc Mélenchon, craint l’escalade : « Parce que la légitime défense des policiers pourrait très bien appeler demain je ne sais quelle autre légitime défense de gens qui refusent de se faire enfoncer des matraques dans l’anus », et il appelle à « purger dès maintenant les éléments malsains de la police ». Vaste chantier !
On trouvera ci-dessous un texte sans équivoque où il s’alarme du comportement « des policiers dévoyés, indignes de leur uniforme et de la mission pour laquelle ils sont payés ». Ainsi, dit-il, l’État « est à vau-l’eau dans l’appareil sécuritaire du pays ». Et il conclut par : « Je crains que nous soyons désormais à la merci de toutes les provocations ! ».
L’avertissement est à méditer. Il est explicité ci-après.
Vincent MORET
EN SUPPLEMENT :
Théo : du crime à la provocation délibérée.
Par Jean-Luc Mélenchon.
Ce qu’a subi Théo est le scandale de trop. C’est un évènement d’une exceptionnelle gravité. Du fait de l’acte dont il est question. Des policiers violeurs, torturant par pur sadisme un passant dans la rue que leur avait signalé sa seule couleur de peau. Une inspection générale qui veut faire croire qu’enfoncer une matraque dans l’anus d’une personne en contrôle d’identité puisse être un accident. Une absence quasi-totale d’anticorps dans la profession qui ne dit pas un mot pour son honneur alors qu’elle est en majorité écœurée par le comportement de ses collègues, preuve qu’elle est déjà sous l’emprise d’un régime interne d’intimidations. Des syndicalistes policiers qui ont l’exclusivité de la parole pour la profession et qui couvre le crime et l’aggrave encore par des complaisances affichées avec le racisme le plus trivial (« bamboula » !!) complaisamment relayé par tout l’appareil médiatique rivalisant d’obscénité.
Exceptionnelle gravité du fait du contexte. Car tout ceci a lieu dans le cadre d’un contrôle d’identité d’un passant dans la rue ! Aucune menace, aucune tension, sinon celles créés par les violeurs en uniforme. Bref aucune circonstance atténuante pour un crime qui peut valoir jusqu’à quinze ans de réclusion criminelle à son auteur ! Cela dans un commissariat dont le journal L’Humanité nous apprend qu’il est dirigé par un homme qui est toujours dans la police nationale alors qu’il s’est déjà rendu coupable dans le passé d’actes voisins par leur barbarie. Le tout au moment où, à l’initiative du PS, se discute une loi pour étendre le droit pour les policiers de faire feu en légitime défense ! De sorte que les tirs à balles réelles reconnus par la préfecture à Aulnay pourraient à l’avenir se faire sur les gens !
Exceptionnelle gravité enfin, et ce n’est pas le moindre, du fait de ce qui a été ensuite mis en mouvement pour provoquer une vague d’émeute urbaine. Les propos tenus par les syndicalistes policiers, les images en boucle des incidents en marge de la manifestation à Bobigny, tout méthodiquement a été fait pour provoquer un embrasement général. L’irresponsabilité médiatique éclatait dans la journée de la manifestation à Bobigny. Deux heures de discours les plus variés et passionnants par les contenus et la construction des pensées. Pas un mot, pas une image ! Une voiture brûle et aussitôt les caméras, comme des mouches affolées par la lumière, bobinent autour du feu. Puis les autorités s’attribuent la gloire d’un enfant sauvé des flammes pour mieux accabler ceux qui ont mis le feu. Mais il s’avère que c’est faux. Et ainsi de suite. Tout se passe comme si un groupe politiquement engagé avait provoqué des incidents au démarrage de la campagne de madame Le Pen pour obtenir un embrasement favorable aux thèses de l’extrême-droite.
Ils ont compté à juste titre sur le sensationnalisme des médias et sur leur irresponsabilité sociale. Ils ont compté sur des responsables politiques épuisés trop occupés à faire leurs cartons de déménagement. Ils ont réussi. Et à présent voici les unes de journaux papier avec leurs images de flammes et de jets de pierre.
Les mêmes qui ont flétri et stigmatisé les manifestants contre la loi El Khomri. De propos délibéré. Et pendant tous ces épisodes, la faillite de l’autorité a éclaté aux yeux de tous. L’État républicain a été mis en impasse totale. Ses dirigeants ont été plus absents que jamais. Et ce n’est pas une visite au chevet de la victime qui fera oublier l’abyssale absence de parole publique du premier magistrat aux heures où chaque mot comptait. Pas un mot pour faire respecter l’honneur du pays abaissé par des policiers dévoyés, indignes de leur uniforme et de la mission pour laquelle ils sont payés.
Je crois que les chefs de l’État, les Cazeneuve et Hollande, déjà lourdement compromis par leurs comportements face aux violences du Testet puis dans toutes les manifestations contre la loi El Khomri, ont peur. Ils ne seraient plus obéis par ces forces désormais incontrôlées auxquelles ils ne sont même plus capables de faire au moins une leçon de morale et de civisme même à propos de quelques individus ! Pire, en souscrivant à la thèse de l’accident, le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, qui avait d’abord renvoyé à la justice le soin de qualifier les faits, s’est tout simplement éliminé de ce qui se joue à cet instant dans la conscience du pays. L’État, ainsi, est à vau-l’eau dans l’appareil sécuritaire du pays. L’incurie et l’absence de gestion sérieuse éclatent aux yeux de tous.
Ainsi quand on découvre que les quatre chefs des agences de sécurité française partent en même temps à la retraite, rompant la continuité de l’action de l’État dans un secteur clef de sa sécurité ! Comment en est-on arrivé là, comment a-t-on pu tomber si bas ? Cet effondrement en cours de l’autorité de l’État sur lui-même est un des signes les plus inquiétants de la crise de régime qui le mine à cette heure. Je crains que nous soyons désormais à la merci de toutes les provocations ! »
Jean-Luc MELENCHON.
http://melenchon.fr/2017/02/15/theo-du-crime-a-la-provocation-deliberee/