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Lettre de l’écrivain palestinien, arabe citoyen israélien, Sayed Kashua

Toutes les raisons pour lesquelles je quitte Israël

Sayed Kashua

Sayeb Kashua écrit des éditoriaux satiriques en hébreu pour le quotidien israélien Haaretz. Ecrivain plusieurs fois primé, traduit dans le monde entier il a été fait en France chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
LGS

Bientôt, je partirai d’ici. Dans quelques jours, nous quitterons Jérusalem, nous quitterons le pays. Hier, nous avons acheté de petites valises pour les enfants. Inutile d’emporter beaucoup de vêtements, nous laisserons les habits d’hiver ; de toute façon, ils ne pourraient pas nous protéger du froid dans le sud de l’Illinois, aux Etats-Unis.

Juste quelques vêtements jusqu’à ce qu’on se débrouille, et si, me suis-je dit, les enfants prenaient quelques livres, deux ou trois en arabe, et quelques autres en hébreu, pour qu’ils n’oublient pas la langue ?

Mais je ne suis déjà plus si sûr de ce que je souhaite que mes enfants se souviennent de cet endroit aimé et maudit.

A l’origine, nous avions prévu de partir dans un mois pour une année sabbatique, voire moins, mais, la semaine dernière, j’ai compris que je ne pouvais plus rester ici. J’ai demandé à mon agence de voyages d’avancer notre départ : « Un aller simple, s’il vous plaît », ai-je demandé. Dans quelques jours, nous atterrirons à Chicago, et je ne sais même pas où nous irons pendant le premier mois mais nous nous débrouillerons.

J’ai trois enfants, l’aînée est déjà âgée de 14 ans, les deux garçons ont 9 et 3 ans. Nous habitons à Jérusalem-Ouest, l’unique famille arabe du quartier où nous avons emménagé il y a six ans. « Tu peux prendre deux jouets », avons-nous dit en hébreu au benjamin qui regardait sa caisse de jeux et commençait à pleurer, bien que nous lui ayons promis de lui acheter là-bas tout ce qu’il désire.

Moi aussi, je dois décider quoi emporter. Je ne peux choisir que deux livres, ai-je décidé en contemplant mes rayonnages. Hormis, un recueil de poèmes de Mahmoud Darwich et une anthologie de récits de Gibran Khalil Gibran, tous mes livres sont en hébreu. Des livres que j’ai commencé à acquérir dès l’âge de 15 ans et qui m’ont accompagné partout au cours des années.

Depuis l’âge de 14 ans, je n’ai presque pas lu de livre en arabe, uniquement en hébreu. C’est à cet âge que j’ai découvert une bibliothèque pour la première fois de ma vie. Il y a vingt-cinq ans, mon professeur de maths à Tira, le village où je suis né, est venu voir mes parents et leur a dit que les juifs allaient ouvrir à Jérusalem, dans un an, une école pour les élèves surdoués. Il avait affirmé à mon père que cela valait la peine de me présenter aux examens d’inscription. « Là-bas, ce sera mieux pour lui », je me souviens des mots de mon professeur.

J’ai réussi les examens, j’ai été interrogé par des examinateurs et, à l’âge que ma fille a aujourd’hui, j’ai quitté pour la première fois ma maison de Tira pour un internat juif à Jérusalem.

C’était si dur, presque cruel. Je me souviens de mes pleurs quand mon père m’a étreint et m’a laissé sur le seuil de la nouvelle école, splendide, si différente de ce que j’avais connu jusque-là à Tira. J’ai écrit naguère que la première semaine à Jérusalem avait été la plus pénible de ma vie. J’étais différent, autre, mes vêtements différents, ma langue différente. Toutes les leçons étaient en hébreu - les sciences, la bible, la littérature. J’étais assis là, sans comprendre un traître mot. Quand j’essayais de parler, mes camarades se moquaient de moi. Je voulais tellement m’échapper de cet endroit, revenir chez les miens, à mon village, à mes camarades, à la langue arabe.

Au téléphone, je pleurais aux oreilles de mon père pour qu’il vienne me chercher, et lui me répondait que seuls les débuts sont difficiles, qu’au bout de quelques mois je parlerais l’hébreu mieux qu’eux...

Je me souviens que mon prof de littérature, au cours de la première semaine, nous a demandé de lire l’Attrape-cœurs de J. D. Salinger.

A Tira, nous n’avions pas de cours de littérature. Ni de bibliothèque, et il n’y en a toujours pas. L’Attrape-cœurs est le premier roman que j’aie jamais lu. Cela m’a pris quelques semaines pour le lire et, à la fin, j’ai compris deux choses qui ont changé ma vie. La première, c’est que j’étais capable de lire un livre en hébreu ; la seconde, la conviction profonde que j’étais tombé amoureux des livres.

Dès le moment où j’ai découvert la littérature, je me suis désintéressé des sciences ; je m’installais en bibliothèque et je lisais. Très vite, mon hébreu est devenu presque parfait. Les livres de la bibliothèque de l’internat étaient tous en hébreu, et j’ai commencé à lire les écrivains israéliens, Agnon, Meïr Shalev, Amos Oz et aussi des ouvrages sur le sionisme, le judaïsme et la construction de la patrie. Très vite, j’ai compris le pouvoir de l’écriture et je me suis retrouvé à lire des récits sur les pionniers juifs, la Shoah, la guerre.

Au cours de ces années-là, j’ai commencé aussi à comprendre ma propre histoire et, sans intention délibérée, j’ai commencé à écrire sur des Arabes vivant en internat israélien, dans la partie occidentale de la ville, dans l’Etat juif. J’ai entrepris cela avec la conviction que tout ce que je devais faire pour changer cette situation, c’était d’écrire l’autre partie, de raconter les histoires entendues de la bouche de ma grand-mère.

Ecrire comment mon grand-père a été tué devant Tira pendant la guerre de 1948. Comment ma grand-mère a perdu sa terre, comment elle a élevé mon père, orphelin de père à l’âge de quelques mois, en gagnant son pain en travaillant à la cueillette chez les juifs. Je voulais raconter en hébreu mon père, qui a été détenu pendant de longues années, sans jugement, à cause de ses idées politiques. Je voulais raconter aux Israéliens une autre histoire, une histoire palestinienne. Car, en lisant, ils comprendraient, en lisant, ils changeraient, tout ce que je devais faire, c’était écrire, et l’occupation prendrait fin, je devais juste être un bon écrivain et je libérerais les membres de mon peuple des ghettos dans lesquels ils vivent. De bonnes histoires en hébreu, et je serais à l’abri, encore un livre, puis un autre film, encore un article pour le journal, et encore une télé, et mes enfants auraient un meilleur avenir. Grâce à mes histoires, un jour, nous deviendrions des citoyens égaux, presque comme les juifs.

Cela fait vingt-cinq ans que j’écris en hébreu, et rien n’a changé. Vingt-cinq ans que je m’accroche à l’espoir, à croire qu’il est impossible que des êtres humains puissent se montrer à ce point aveugles.

Vingt-cinq ans pendant lesquels je n’ai pas eu beaucoup de raisons d’être optimiste mais j’ai continué à croire que c’était encore possible que, un jour, ce lieu où vivent des juifs et des Arabes puisse connaître une histoire qui ne nie pas l’histoire de l’autre. Qu’un jour, les Israéliens cessent de nier la Nakba, l’occupation, et qu’ils cessent de fermer les yeux devant la souffrance du peuple palestinien. Qu’un jour, les Palestiniens se montrent disposés à pardonner, et qu’ensemble nous bâtissions un lieu où il soit agréable de vivre, exactement comme dans les romans à happy end.

Vingt-cinq ans que j’écris en hébreu, et rien n’a changé. Vingt-ans que j’écris et que j’essuie des critiques hostiles des deux camps mais, la semaine dernière, j’ai renoncé. La semaine dernière, quelque chose s’est brisé en moi.

Quand de jeunes juifs exaltés se sont répandus en hurlant « mort aux Arabes ! » et ont attaqué des Arabes juste parce qu’ils étaient arabes, j’ai compris que j’avais perdu ma minuscule bataille personnelle.

J’ai écouté alors les politiciens et les gens des médias et j’ai su que ceux-là faisaient la différence entre un sang et un autre, entre un être humain et un autre être humain. Des individus, devenus la force dominante du pays, clamaient à voix haute ce que la plupart des Israéliens pensent : « Nous sommes meilleurs que les Arabes. »

Dans les tables rondes auxquelles j’ai participé, on affirmait que les juifs étaient un peuple plus éminent, plus digne de vivre. Une majorité désespérément déterminante dans le pays ne reconnaît pas à l’Arabe le droit de vivre, en tout cas pas dans ce pays.

Après lecture de mes derniers articles, certains lecteurs ont suggéré de m’expédier à Gaza, de me briser les os, de kidnapper mes enfants.

J’habite à Jérusalem et j’ai de merveilleux voisins juifs, et j’ai des amis écrivains et journalistes merveilleux, mais je ne peux pas envoyer mes enfants dans des colonies de vacances ou des centres aérés avec leurs copains juifs.

Mon aînée, furieuse, a protesté, affirmant que personne ne saurait qu’elle est arabe à cause de son hébreu impeccable mais je n’étais pas disposé à l’écouter. Elle s’est enfermée dans sa chambre, en pleurs.

Bientôt, je serai loin d’ici et, maintenant, face à mes rayonnages de livres, je tiens en main le Salinger que j’ai lu à 14 ans. Je ne veux pas du tout emporter de livres, me suis-je dit, je dois m’investir dans une nouvelle langue, je sais à quel point c’est difficile, presque impossible, mais je dois trouver une autre langue pour écrire, mes enfants devront trouver une nouvelle langue dans laquelle vivre. « N’entre pas », a crié ma fille, au moment où je toquais à sa porte. Pourtant, j’ai pénétré dans sa chambre.

Je me suis assis à côté d’elle, sur son lit. Et, bien qu’elle me tournât le dos, je savais qu’elle m’écoutait.

« Tu m’entends ? Je lui ai répété la même phrase que mon père m’a dite en me laissant devant le seuil de l’école la plus prestigieuse du pays, vingt-cinq ans auparavant. Souviens-toi que, quoi que tu fasses dans la vie, pour eux, tu resteras toujours, je dis bien toujours, un Arabe. Tu m’as compris ?

 J’ai compris, m’a répondu ma fille en m’étreignant de toutes ses forces. Papa, ça, je l’ai compris depuis longtemps.

 Bientôt, nous partirons d’ici, ai-je fait en lui défaisant sa chevelure, juste comme elle déteste. En attendant, lis cela... » Et je lui ai tendu « l’Attrape-cœurs »..

Sayed Kashua
Traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche.

Dernier roman paru en français :" la Deuxième Personne", trad. de l’hébreu par Jean-Luc Allouche, éditions de l’Olivier, 2010. Dessin de Marcelino Truong

Lettre communiquée par Mohammed Habib Samrakandi
Directeur de la revue Horizons Maghrébins -Le droit à la mémoire-
Site Web : http://w3.horizons-maghrebins.univ-tlse2.fr/

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COMMENTAIRES  

19/07/2014 11:39 par Rima

Affligeant, un Palestinien assimilé par le sionisme, décide de quitter son pays (et non son Etat) parce que l’ Etat qui s’est érigé dans son pays colonisé, combat son peuple. En fait, c’est ça, il n’est pas israélien, mais palestinien, et journaliste écrivant dans la langue de ses maîtres dans un journal de ses maîtres. Il a accepté ses maîtres et s’est assimilé à eux. Au moment où les Palestiniens de 48 se battent dans les rues contre l’occupation en soutien à leurs frères à Gaza, criant "al-Qassam, tire tire sur Tel Aviv", lui se débine. Au diable et bon débarras.
On a vu ça avec les harkis. Dans l’histoire, il y a ceux qui se battent et résistent, et ceux qui se plient et se soumettent.

19/07/2014 12:18 par Vagabond

On croirait l’histoire d’un algérien du temps de la colonisation française. Après pourquoi s’étonner que Hollande qui fait sa guerre en Afrique et musèle les manifestations s’aligne sur les décisions des US première nation de colonisateurs et de génocidaires et Israël, la psychopathie érigée en état.

Ils ont encore gagné ces sionistes puisque cet homme doit quitter sa terre et s’exiler avec ses enfants. Ce sont aux sionistes assassins de partir en prison. On devrait remplacer les prisonniers de Guantanamo par les assassins, les vrais terroristes qui siègent à la tête des états.

Je ne supporte pas de lire le défaitisme dans ce que nous raconte l’auteur.

19/07/2014 18:31 par jean-marie Défossé

Il me semble que les deux intervenants précédents ne sont pas très tolérants avec l’auteur du texte .
Ils devraient savoir qu’on est pas toujours maître de ses décisions lorsqu’on est père de famille , et encore moins lorsqu’on est palestinien .

19/07/2014 19:00 par gusdenantes

Messieurs , Mesdames ,

En lisant vos insultes , car à mon sens ce sont des injures , je comprends votre position , je vous demande seulement si vosu croyez un seul instant défendre une cause aider à la comprehension , permettre quoi que ce soit de constructif avec des batons à la main et l’injure à la bouche . Moi aussi il m’arrive de gronder , comme mon canidé préferer , je marque une limite par ma violence , je dis à la personne "no pasaran" ou tu prends une balle dans ta tronche , c’est la seule raison pour laquelle j’use de l’injure et de la violence .

Cet homme qui a eu sa vie et fait ces choix ce rend compte aujourd’hui que toute forme de communication avec un système devenu fou est impossible , et plutot que de jouer le jeu de la violence , il s’en va ..... plutot que de danser avec le diable et jusqu’a la mort , il quitte la partie , rend son tablier et va voir ailleurs si j’y suis , et vous vous l’insultez...
après tout pourquoi , mais excusez moi de vous demander pardon cela avance à quoi exactement ?

moi aussi à sa place je me serai barré , et loin et depuis longtemps , oui j’aurai laissé ma terre , mon pays et tout le merdier avec , rien à foutre , la terre est encore assez grande pour pouvoir vivre peinard quelque part , pas la peine de mourrir pour un cailloux pour une idée , partir sans idée de retour ....

alors oui je suis un lache , enfin .... nous partirons tous , un par un , la vie est courte , très courte pour les pauvre sous les bombes qui n’ont ni les ressources ni la possibilité de fuir l’enfer ....

laisser gagner les méchants .... la vie est trop courte trop brêve , désolé , je suis pas un héros , ou plutot je le fut , et je suis fatigué , épuisé , je veux bien me battre oui , mais pas contre l’absurdité violente si je n’ai ni les moyens ni les capacités , quand c’est perdu d’avance et pour longtemps je trouve plus sage de fuir ...... n’en déplaise aux
"multitudes accablantes qui en hurlant à la mort vont me tomber dessus"

et merci monsieur georges Brassens de m’avoir fait comprendre que parfois l’on est vainqueur seulement dans la fuite laissant l’honneur aux courageux mort dont le silence ne sauvera aucun enfant.

19/07/2014 19:08 par gwen

Pauvres pleurnicheurs d’arabe, ce type est bien plus utile à la cause en écrivant des bouquins depuis l’illinois ou ailleurs, que vous, à faire les 3 huit dans vos usines et à geindre jusqu’à la retraite. Il y a des Palestiniens qui n’en ont rien à foutre du hamas, et des israeliens qui en ont rien à foutre des fanatiques religieux et de l’extrême droite au pouvoir. Ils veulent juste se lever le matin pour bosser et rentrer le soir pour se coucher et que leurs enfants soient pas couper en deux en rentrant de l’école ( que vous auriez du suivre plus longtemps d’ailleurs ) par une bombe d’où qu’elle vienne. Ceux qui arrivent intellectuellement à prendre un peu de recul, savent que cette situation est la honte de l’humanité, et que ceux qui tirent les ficelles là bas ne veulent pas la paix mais bien la destruction de la partie adverse. Dans ces conditions, laissons les fous s’entre-tuer, et protégeons les gosses. C’est vrai que quand on ne sait pas mener la lutte en tribune et structurer son discours par manque de culture alors on préfère la kalach et la roquette, et puis on devient un homme..un vrai...Bande de connards, crever tous pour votre tas de cailloux pourrit. Au fait, contrairement à ce que vos darons vous font croire depuis tout petit, après la mort y a plus rien. C’est le néant et asticots au menu. Si vous étiez allez à l’université vous seriez au courant de ce détail qui change tout dans la manière de voir les choses et le sens de la vie. Ca s’appelle la science et elle aura le dernier mot.

19/07/2014 19:43 par legrandsoir

Il y a des Palestiniens qui n’en ont rien à foutre du hamas, et des israeliens qui en ont rien à foutre des fanatiques religieux et de l’extrême droite au pouvoir. Ils veulent juste se lever le matin pour bosser et rentrer le soir pour se coucher...

Oui, c’était pareil en France pendant l’occupation. Nazim Hikmett a écrit un admirable poème là-dessus : "La plus drôle des créatures".

après la mort y a plus rien. C’est le néant et asticots au menu. Si vous étiez allez à l’université vous seriez au courant de ce détail

D’éminents penseurs sont croyants. Ce n’est donc pas une question d’érudition.

19/07/2014 21:22 par gérard

Je suis désolé pour lui,
mais c’est une catastrophe ambulante,
et il entraîne ses enfants avec lui,
dans sa catastrophe,
et à Miami en plus,
comme "changement d’air on peut difficilement faire pire !!!
Là, il n’a pas le droit !
Les bras m’en tombent...
A 14 et 9 ans ils vont oublier ?
Les enfants ce ne sont pas des valises !
De toute façon il ne fera que leur rappeler...
Il traîne trop de boulets aux pieds.

19/07/2014 21:38 par Abelard

Monsieur Sayed Kashua,

Dire que votre article est déchirant, bouleversant, magnifique serait bien en deça de sa puissance.
Vous m’avez touché au coeur.
De ce cri de souffrance, je ne retiens que votre amour de la paix, de votre croyance déçue en la force des mots.
Comment ne pas vous comprendre ? Comment ne pas partager votre désespoir ? Comment vous tenir rigueur de votre volonté de construire une vie, pour vous et vos enfants ?
J’ai lu "L’attrape coeur" à 14 ans et je garde toujours près de moi ce bon vieux livre de poche érodé par les ans...
J’admire votre combat, je vous admire encore plus de le savoir perdu.
J’espère que vous parviendrez à vivre en paix dans le nouveau pays que vous avez choisi.
Je sais aussi qu’au fond de votre coeur vous ne serez jamais vaincu.

19/07/2014 22:39 par vagabond

Pauvre hystérique de ...Gwen. Ne connaissant pas ton patrimoine génétique, je ne saurai te rattacher à un groupe ethnique quelconque. D’ailleurs, ce genre de détail ne m’intéresse pas.
Pourquoi autant de mépris envers les ouvriers des usines et les gens qui n’ont pas fait l’université ?
Pourras-tu m’expliquer ce que tu entends par "pauvres pleurnichards d’arabe", la construction m’a l’air bancale ? Qui sont les pleurnichards et qui est l’arabe ?
Enfin, un peu de logique et de cohérence ! Tu méprises les ouvriers qui vont à l’usine et en même temps, tu glorifies ceux dont le grand souci sur terre est d’aller bosser puis rentrer le soir chez eux ? On croirait un remake des 7 nains...

Personnellement, je n’aime pas le travail car il aliène l’homme parait-il, en tout cas, il le fait très bien dans l’entreprise française (la seule que je connaisse). Mais ceci est une autre histoire. Il reste The Venus Project pour me faire rêver.

Je ne sais pas pourquoi tu parles d’arabeS ? L’auteur se dit arabe, l’as-tu compris au moins ?

20/07/2014 07:31 par legrandsoir

Pas de censure, mais une"modération" qui s’exerce dans le cadre des règles définies.
Par exemple, votre "Pauvre hystérique de ...Gwen" qui est une prise à partie d’un contributeur ne respecte pas notre "Mode d’emploi" qui précise que ne seront pas publiés : "les propos insultants, méprisants, etc. à l’égard des contributeurs du site.Un minimum de respect s’impose".
Nous sommes sûrs que vous pouvez discuter en visant les idées et non pas ceux qui les portent. LGS n’est pas Rue89.
En outre, un commentaire qui n’est pas publié dans les heures qui suivent n’est pas forcément "censuré". Nous sommes peu nombreux, c’est l’été, nous avons plusieurs dizaines d’articles en attente dont certains ne seront pas publiés malgré leurs qualités.
Comprenez, et aidez-nous à rester ce que nous sommes.

19/07/2014 22:44 par vagabond

@gusdenantes, je n’ai jamais eu l’intention d’insulter l’auteur.
Je ressens un malaise en lisant ce qu’il écrit sur son assimilation, il a l’air de quémander l’acceptation d’un état apartheid et assassin.

Je trouve désespérant qu’il quitte sa terre ; c’est exactement ce que veulent les sionistes.

Cet homme est libre de ses choix, je ne vis pas sa vie pour le juger et je comprends qu’il choisisse la sécurité pour ses enfants.

Ca me révulse de voir les colonialistes sionistes sortir toujours gagnants.

Quant à la lutte pacifique par l’information, je n’y crois plus. Nous savons qui la contrôle et tous les livres qu’écrira ce palestinien ne changeront pas la situation. Ils seront au mieux un témoignage.

19/07/2014 22:45 par vagabond

@LGS, les scientifiques croient aussi. Et ils sont les mieux placés pour comprendre matériellement le monde voire l’univers.
Mais quelle est donc cette campagne contre les gens du Hamas ? Le PCF refuse de manifester à cause d’eux ? Je croyais que les palestiniens les avaient choisi.
Je croyais que la vérité sur ce massacre était connue au moins pour les lecteurs LGS ?

19/07/2014 23:40 par vagabond

J’ai répondu à votre amie Gwen et vous avez choisi de zapper ma réponse ? Pourquoi ? Et vous prétendez lutter contre la désinformation ? Cette personne parle de "pleurnicheurs arabe", méprise les ouvriers de l’usine et les gens qui n’ont pas eu la chance d’aller à la fac, elle propose aux arabes je suppose à Rima et à moi d’aller à l’université apprendre qu’au final, nous allons passer l’éternité avec les asticots ? Pensant sûrement musulmans et traduisant par arabes...
Dans mon précédent message, je lui demandais des explications sur les pleurnicheurs et l’arabe dont elle parle. Mais n’ayant pas eu de réponse puisque vous avez censuré, je me permets d’interpréter son message plutôt hystérique. Et surtout lui rappeler que l’auteur est un arabe.
Enfin, je passe sous silence son incohérence à propos du travail qui serait honteux à l’usine et en même temps honorable ailleurs quand on le pratique comme dans le poème de Hikmet...Vous lui avez répondu. Mais vous confondez aussi musulmans et arabes.

20/07/2014 03:27 par Byblos

Au delà de la compassion que l’on éprouve pour ce cas personnel, il y a une conclusion froide à en tirer :

Il n’y a pas plus de place dans cet État spoliateur dénommé Israël pour ceux qui résistent que pour ceux qui se résignent. M. Kashua a joué au harki une vie durant. La réalité brutale a fini par le rattraper.

Malheureusement pour lui, il court de mauvais choix en mauvais choix. Il a quitté le pays du PEUPLE ÉLU pour celui de la DESTINÉE MANIFESTE.

Il a choisi d’aller de Charybde en Scylla. Ou il a cru se prémunir du choléra en optant pour la peste.

20/07/2014 12:28 par tchoo

Comment, qui peut juger cet homme ?
il a collaboré avec le soi-disant ennemi dise certains ?
il a surtout bénéficié des structures israéliennes pour ses études. Quoi de plus normal pour un israélien quelle que soit sa confession religieuse !
il a tenté modestement d’apporter sa pierre à l’oeuvre de pais, peut-être s’est-il fourvoyé, mais pourquoi mettre en doute sa sincérité ?
Il s’en va, mais il s’en va avec sa famille pour la protéger, sentant que la haine quelque que soit le bord déborde et les menacent.
maintenant le chois d’aller aux USA est probablement aussi une erreur, mais quand on choisit l’exil le drame est l’exil pas le pays où l’on va

20/07/2014 13:02 par Vagabond

@LGS
Je vous cite : "Par exemple, votre "Pauvre hystérique de ...Gwen" qui est une prise à partie d’un contributeur ne respecte pas notre "Mode d’emploi"

Et "pauvres pleurnicheurs d’arabe" qu’est ce d’après vous ? Ca vaut bien une crise d’hystérie ? Et encore, je n’ai pas interpellé notre hystérique par une quelconque appartenance !

Bref, La cause palestinienne me concerne comme ceux dont tout l’être est ébranlé par l’injustice au delà l’appartenance grégaire.
Je ne perdrai plus mon temps sur des articles où un palestinien se lamente qu’Israël ne le considère que comme un citoyen de seconde zone et ce, malgré la chute sur son arabité. Si on lit bien son texte, l’auteur et ses enfants revendiquent leur maîtrise de la langue du colon comme un haut fait d’arme ! Lisez bien ce qu’il raconte. Quelle tristesse ! Pendant qu’il s’extasie sur Salinger et la littérature israélienne, ses frères sont déchiquetés par ce même occupant. Ce n’est pas le moment des poses littéraires !

Ca me rappelle ce que fut la campagne algérienne à majorité d’indigènes pour le colon français où les massacres pacificateurs faisaient rage pendant que dans les villes, les yaouled, les bicots, les citoyens de seconde zone essayaient de ressembler de leur mieux à ce même colon. Les sympathies et amitiés individuelles ne comptent pas dans de telles conditions, seules comptent les actions menées contre la tyrannie.

Je n’irai pas jusqu’à traiter ce palestinien de "harki", parce que le terme a une connotation de trahison plus proche de celle de "collabo". Je dirai que cet homme a été abandonné à l’endoctrinement sioniste à un âge où l’identité individuelle n’est pas complètement affirmée.

20/07/2014 19:46 par patrice

@ Gwen,
Pôvre aveugle imbue de sa toute science infusionnannte, incapable de faire preuve d’empathie et se permettant d’insulter un peuple martyrisé, j’aimerais vous y voir à leur place, dans le dénuement le plus total où la seule urgence est la survie quotidienne !
Vous devriez vous estimer chanceuse de vivre dans un pays en paix, d’avoir eu la possibilité de faire des études et d’avoir découvert qu’il n’y a rien après la mort puisque c’est la science inconsciente qui le dit !
Pathétiques déclarations péremptoires quand l’on sait que les physiciens quantiques font état d’un monde supra sensible créateur de réalité, qu’en fait nous sommes tous inter reliés par ces particules élémentaires ...
Si vous aviez un tant soi peu de clairvoyance plutôt que cette culture universitaire abêtissante, fruit de cette idéologie matérialiste imposée depuis des lustres, vous vous rendriez compte que nous sommes tous dans le même radeau,
pour combattre le sionisme et le néo conservatisme américain qui sont en train d’anéantir l’humanité ...

21/07/2014 02:23 par Dominique

Pour avoir habité presque 10 ans à l’étranger, je sais que quitter un pays, que ce soit pour le quitter ou pour y revenir 10 ans plus tard, n’est pas une décision facile. Je peux donc facilement imaginer que la décision de Sayed Kashua de quitter son pays n’a pas du être facile à prendre, même s’il a la chance d’avoir sa femme et ses enfants avec lui.

Je sais aussi autre chose : un étranger ne s’assimile pas pour la simple raison que nous ne quittons notre culture que dans la tombe. Où que j’aille, j’ai avec moi mes racines et ma culture, et aucun raciste ne pourra jamais me les enlever, à moins bien sur de me tuer. Par contre, en habitant dans un autre pays, j’acquière une autre culture, si bien que maintenant j’ai deux cultures.

Dans le texte, nous voyons très clairement ces deux cultures, l’hébraïque et la palestinienne, même si la palestinienne semble noyée dans les horreurs subies. Et de toutes façons c’est son choix qui lui appartient. Dans Jérusalem, même si la mer n’est pas loin nous sommes très loin de la chanson du poète.

21/07/2014 14:18 par Rima

A Gwen et aux autres
L’université, je connais, mais ce que je connais le plus, c’est la lutte sur le terrain. Pourquoi considérer que quelqu’un qui est avec la lutte d’un peuple pour sa libération est analphabète ? Ce qui est grave dans ton commentaire, c’est ça. Ceux qui ont étudié ne doivent pas participer aux luttes, mais juste regarder et commenter, prendre leurs distances. Le militantisme devient la marque des analphabètes.
Pour ceux qui plaignent ce harki en voulant l’excuser parce qu’il est père de famille, ou intellectuel ou n’importe quoi, la marche d’un peuple en lutte ne s’arrête pas à ce genre de détails. Lui est inconnu parmi son peuple. L’occupant l’a utilisé, et il en a profité. Des milliers comme lui vivent sous occupation et ont étudié dans les universités de l’occupation, les seules qui existent, et même les prisonniers palestiniens, quand l’occupant le leur autorise, s’y inscrivent, mais ces milliers ont choisi de rester parmi et de s’adresser à leur peuple, en utlisant leur langue maternelle, l’arabe. Je les choisis comme ma référence. L’autre, le harki, je le rejette. Que certains "bons paternalistes" le préfèrent, c’est leur choix.

21/07/2014 14:53 par Autrement

Le texte de Sayed Kashua invite, non pas à juger un individu, mais à mesurer les ravages exercés de façon généralisée sur les individus et les situations familiales, par les conflits extérieurs et les rapports sociaux une fois intériorisés. Même en marge des massacres. Occasion de revenir à Brecht plutôt qu’à l’astrophysique, me semble-t-il.

21/07/2014 21:32 par Lionel

@ Dominique, ce que tu dis-là me semble une question fondamentale et d’une actualité brûlante ( même si ce n’est pas nouveau ), en effet chaque Humain porte en lui une sorte de "marque de fabrique" qui constitue sa Culture, qui peut être modifiée ( adoption d’une autre Culture ), érodée ( de l’acculturation à la déculturation ) et il la porte disons en moyenne toute sa vie.
Mais il est des situations où ce que certains nomment "enveloppe psychique" peut être fracturée ( violée, déchirée... ), ce sont les situations de traumatisme psychique profond ( par manipulation, torture, insécurité chronique, situation de brutale marginalisation et rupture sociale, isolement... ).
Ces situations ne sont pas la plupart du temps prévisibles, mais dans le cas d’un peuple qui subirait tous ces traumatismes de façon chronique n’importe quel débutant en psycho saurait que la Culture de ce peuple sera anéantie et par voie de fait il n’y aura plus de défenseur de ce peuple puisque plus d’identification culturelle, peu à peu la langue disparaît en n’étant plus parlée que par les "anciens" ( façon hypocrite de dire qu’en toute logique la langue disparaîtra avec eux... ) et alors il n’y aura plus personne à combattre.
C’est la tactique employée par Israël mais ils n’en sont pas les auteurs, le néolibéralisme utilise les mêmes outils d’uniformisation et de dilution et tout le monde en chœur de répéter jusqu’à la nausée qu’il faut combattre tous les nationalismes ( culturels ou fachos, qu’importe ! ) et l’ethnicisation, le communautarisme, bref, tout ce qui fait qu’un migrant moyen ( ? ) y perdra son latin et n’aura d’autre alternative que de se fondre dans la masse en adoptant les us et coutumes qui permettent de survivre et en n’ayant qu’une seul idée : faire de ses enfants de "vrais Français", accentuant encore la rupture, le clivage qui se fait entre les parents et les enfants.
Ou en se faisant plus royaliste que le roi et adoptant une ligne dure, qui préserve de la destruction au prix de la violence.
J’ai connu un homme d’origine Tunisienne marié avec 5 enfants avec une Française, très anticolonialiste, militant et athée, qui se retrouve dans une mosquée plusieurs fois par semaine 35 ans plus tard !
Il n’adresse quasi plus la parole à ses enfants...
D’autres encore se retrouvent en soins psychiatriques pour longtemps, l’enveloppe a été fracturée mais n’a pas été refermée, laissant le champ libre au non-sens.
C’est de cette manière que nos sociétés modernes créent de la folie !
Il est donc possible de perdre sa Culture suite à un traumatisme et si nos sociétés sont traumatisantes, ce n’est pas un effet du hasard mais un état entretenu soigneusement ( oui, par l’intermédiaire des Chiens de Garde... entre autres ! ).
La perte de la charge Culturelle provoque naturellement un clivage social et Humain, plus personne ne ressemble à personne en dehors de notre pouvoir d’achat et tout le monde est infiniment plus disposé à frapper le premier.

22/07/2014 09:41 par Archer Gabrielle

@ L.G.S. « modérer n’est pas censurer », j’aimerai bien que les modérateurs soient absolument "impartiaux"’ et ne censurent pas, sinon à quoi bon permettre des commentaires.....! Alors arrêtez de faire disparaitre certains de mes avis écrits ou dites moi va voir ailleurs pondre tes commentaires, c’ est blanc ou c’est noir car le gris est néfaste et non productif !!!!!

22/07/2014 10:15 par legrandsoir

Nous connaissons la différence entre censure et modération.
Nous n’attendons pas de récompense (sauf un petit don pour LGS, peut-être ?) pour notre travail bénévole qui nous expose en première ligne sous nos vrais noms.
Nous n’avons rien contre le gris qui est parfois le contraire du manichéen « blanc ou noir ».
Vous aurez remarqué que LGS se démarque des autres sites en bien des points, dont celui-ci : nous ne recherchons pas une abondance de commentaires qui gonflent artificiellement nos chiffres de fréquentation. Nous voyons plutôt l’intervention des lecteurs comme un complément à l’article commenté ou un correctif, ou une réfutation argumentée et étayée.
Les administrateurs seraient forts marris (et nos lecteurs aussi) de voir des articles de haute tenue ternis par des salves viscérales ou des pugilats.

23/07/2014 10:54 par Autrement

Le texte de Sayed Kashua montre simplement, sur le mode littéraire, qu’Israël aujourd’hui est devenu invivable comme pays, puisque même un Arabe parfaitement assimilé a fini par se sentir obligé de s’exiler avec sa famille. D’où la propagande des JT qui montre des Français venus s’installer en Israël (voir V. Dedaj). israël est tout aussi invivable pour les Israëliens qui n’acceptent pas le racisme anti-arabe et la colonisation, comme le dit, sur le mode politique et militant, le texte de Michel Warschawski publié ici par rézocitoyen. Et quant aux Israëliens qui souffrent des effets de la résistance armée des Palestiniens, il leur reste à comprendre que c’est la politique de leur propre gouvernement qui est en train de les entraîner dans un chaos sanglant. Brecht savait, comme Aristote, que dans un drame, c’est l’intrigue - l’agencement des faits, l’enchaînement des péripéties, - qui crée les personnages, et non l’inverse. C’est pourquoi les jugements moraux n’ont jamais suffi à comprendre une situation, ni à s’y comporter en connaissance de cause, y compris dans les relations entre groupes ou "personnages" divers. Le jugement moral est indispensable pour la capacité de compassion et d’indignation, donc d’action dans le réel, mais pour savoir contre quoi au juste s’indigner, il faut la compréhension des rapports sociaux dans lesquels sont pris les individus, et la manière de les décrire ou de les "distancier" pour les rendre conscients. C’était cela mon allusion précédente à Brecht.

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