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Vivement 2017 !

Les sondages confirment mois après mois, la montée de l’extrême-droite « canal historique », notamment le dernier qui vient de paraître dans le Parisien.

Il suscite globalement trois types d’analyses, dans la presse.

La fille Le Pen est montée au cric par Sarkozy, crie le PS.

Le sondage ne reflète rien car nous sommes loin de l’échéance qu’il prétend prévoir, diagnostique certains.

Le président tire les plus extrêmes bords pour rester dans la course au sommet avec le FN, et c’est bien normal, réplique l’UMP.

Si le diagnostic deux a une certaine crédibilité, il ne tient pas compte de la répétition dans la durée de sondages et propos citoyens, journalistiques et politiques annonçant le phénomène. La montée de l’héritière de l’extrême-droite officielle ne date pas d’hier.

Ce qui ne semble pas toucher le duo monomaniaque et élyséen Buisson-Sarkozy, qui continue avec toute la cour ministérielle et autres laquais provinciaux en préfecture et collectivités locales, à foncer bille en tête dans l’immigré, dans le contrôle tous azimuts, dans les leçons xénophobes aux autres pays et dans les lois sécuritaires - plus de quarante depuis que l’ultra-droite pousse les feux - pondues chaque fois que le crâne d’un sans-papier a cassé le tonfa d’un de nos braves gardiens de l’Ordre.

Sans penser une seconde, apparemment, que faire tout pareil que l’extrême-droite originelle légitime cette dernière complètement, ni que les statuts de l’UMP et du FN sont essentiellement différents.

L’un lui conférant le rôle d’opposant avec la charge de marteler ses thèmes.

L’autre devant exercer l’ensemble des obligations démocratiques et citoyennes liées à l’élection en 2007. Ce qui lui donne le devoir à ses membres au gouvernement non pas de marteler leur idéologie, mais de régler les problèmes du logis.

En l’occurrence, le pouvoir d’achat et l’emploi, en premier, le logement, les salaires et les petites retraites juste après.

Leurs solutions ne devraient pas manquer de s’intéresser aux potentats patronaux qui n’en ont pas encore assez avec un ou deux millions d’euros par an et virent des milliers de salariés français pour aller faire marner à leur place des quasi-esclaves étrangers, aux employés qui choisissent d’exprimer combien ils s’éclatent au travail en sautant par les fenêtres et pas seulement à FT, aux milliers de paysans qui se font étouffer, ruiner et finalement saisir par des banquiers.

Les mêmes banquiers, dans le même temps, mettant en place des « asset management » pour spéculer à mort sur le blé, le mais et les vaches que le paysan tente en vain de faire grandir pour qu’ils le fassent au moins manger.

On les attend toujours...Les solutions.

Le PS, lui, ne semble pas mieux profiter du ras-le-bol anti Sarko, mais il reste très cool. Il fait du Copé, ou du « c’est pas moi, c’est lui ». Sarkozy est l’alpha et l’oméga de la relégation croissante du parti socialiste, dit le Parti Socialiste.

Ce qui apparaît tout à fait exact si on ferme les volets et les yeux juste après. Ainsi, avec un peu de concentration, personne ne peut voir que le PS a voté toutes les lois fondamentales en cours comme son cousin très germain UMP, depuis l’amnistie du financement frauduleux des partis du temps glorieux de Nallet et autres, jusqu’à l’alignement français orchestré par Sarkozy de Nagy-Bocsa, dans le palais des rois versaillais, qui consacrait l’écrasement du « non » au référendum de 2005, en passant par la loi organique relative aux lois de finance (LOLF) dont l’esprit est englouti par la concurrence « libre et non-faussé » et le tout-privé cher à l’UE, ou l’augmentation de la durée des cotisations retraites votée par le bureau national du PS, avec Aubry, naturellement. Aubry qui partira, elle, à la retraite sans trop de difficultés puisqu’elle est à l’ISF ou presque.

Ensuite, il faut mettre très vite au fond du tiroir en bas de la commode les portraits de Delanoe, le roi de l’oxymore politique de l’année : libéral-socialiste. A côté on placera les quasi-délinquants, Huchon, Vauzelles, Guérini, plus les amis goinfres qui vont déjeuner qui à LVMH, qui chez Bouygues, quand c’est pas chez De Vinci. Et dans le double-fond on planquera définitivement la liste de ceux qui ont fait des bouffes et des affaires avec les dictateurs en se bouchant les oreilles pendant que ça hurlait à la mort dans les caves, et en donnant même de francs satisfecit suivis de fermes poignées de mains à des pognes couvertes de sang.

Les français sont des êtres frustres, à éduquer sans doute. Mais ils se souviennent quand même des plus petites tables apprises sur les bancs de l’école publique. Ainsi 2+2, ça fait sens pour eux. Mafieux + politique c’est un couple qui commence à avoir une certaine légitimité dans leur esprit, pour ne pas dire une légitimité certaine qui n’a que faire des brevets de populisme. Surtout quand ils regardent les statistiques en forte croissance des élus mis en examen et condamnés, ou la liste ceux qui refusent obstinément de donner le montant de leur patrimoine, comme Copé, quand ce n’est pas de quitter leur confortable HLM alors qu’ils touchent 15000/mois, comme le conseiller de Boutin, Bolufer ; entre autres

Le rejet général de la caste des "PDG politiques", qui grimpe de manière évidente au regard des scores passés, comme à venir si l’on en croit le sondage, peut briser net toutes les dynamiques et stratégies électorales.

Comme la montée de l’extrême-droite officielle et historique, peut également bouleverser les meilleurs plans en défaisant définitivement un camp ou l’autre, voire les deux. Il n’est pas dit, en effet, que les gens se satisfassent d’avoir à choisir le vote pour un directeur de prison "sympa" ou un directeur cogneur. En clair, il y a toutes les chances qu’ils refusent de se lancer encore dans un énième remake d’ "On achève bien la politique".

Lucidement, cantonner le vote à l’alternative UMP/PS revient soit à donner à nouveau tous pouvoirs à un homme qui a prouvé qu’il n’était absolument à sa place dans un costume à écharpe tricolore et qu’il menait une politique anti-sociale pour une caste, ou à un homme/une femme n’avançant aucun projet, décridibilisé(e) par les pratiques frileuses et frauduleuses des têtes de liste de son parti, même si elle n’ont pas l’ampleur démesurée et systématique de celles de la phalange UMP et associés que suggérait la cassette Mery et confirme le marigot Bettencourt.

On ne s’étonnera que peu de voir les français ainsi coincés dans un cul-de sac et pas informés sur les différentes offres politiques alternatives, se tourner vers celle qui se présente volontiers comme l’épouvantail hors-système, mais qui bénéficie, en réalité, d’une visibilité médiatique aujourd’hui juste derrière les leaders habituels de l’UMP et du PS, devant les autres formations.

L’armée médiatique réalise l’inversion du rapport de force et se plie à ce nouveau maître qu’elle a largement contribué à renforcer par cette diabolisation qui ne ressemblait à rien. Si le FN était hors démocratie il fallait le dissoudre. On a choisi, depuis Mitterrand, de l’accepter dans le « concert démocratique » mais de boucher les oreilles des français quant à ses idées. C’est d’une hypocrisie rare, jésuite comme l’est la classe politique française actuelle. On voit le résultat.

Pourrait donc bien venir le tour de l’héritière Le Pen.

La femme à la manoeuvre d’une immense rupture pour la grandissante cohorte des sans-voix et des pauvres de ce pays n’est pas à la rue, loin de là . Elle est même à la tête d’une petite fortune potentielle que papa lui laissera, que le parti soit ruiné ou pas. De toute façon, cet extrémiste de papa lui laisse un capital sans prix. Une éducation bourgeoise qui l’a menée à entrer de plain-pied dans le monde des avocats à la Cour. Un cénacle peu issu des banlieues sensibles et pas vraiment accro au RSA..

Elle a eu le temps de la mariner sa rupture, si je puis dire, entre aujourd’hui et l’époque où elle a saisi sa carte FN, il y a 22 ans, ou celle qui l’a vue participer à sa première candidature, il y a 17 ans.

Logiquement cette rupture presque blanchie sous le harnais ne sera pas des plus radicales. Ainsi, elle ne renoncera pas à favoriser par des mesures fiscales les investissements directs étrangers en France, exactement comme l’ont fait les argentiers RPR, UMP et PS, pour voir aujourd’hui plus de la moité de nos entreprises capturée par des firmes étrangères. Notamment US, comme le sont les fonds de pension, mercenaires hystériques de la spéculation, qui font tomber l’euro et affament les peuples européens ou émergents.

Ces vautours spéculateurs, la blonde xénophobe mais presque ne leur causera que peu de soucis, si l’on en croit encore son programme prétendant à simplement "surveiller les fonds de pension anglo-saxons". Quant à sortir de l’UE comme elle le suggère en remontant sa mèche sur les plateaux à l’écoute, elle indique dans ce même programme que "la France sera contributrice nette sur la période 2007-2013 de 0,37% de son RNB au budget communautaire", ce qui n’est pas exactement le chemin vers la lumière de l’indépendance.

Une rupture dans la continuité, en somme.

Après la masse de sondages, débats et articles passés, présents et à venir de tous les plumitifs patentés et microphages payés pour gloser interminablement avant les échéances, viendront les élections.

Un choix ?... Une délivrance.

Le résultat, quel qu’il soit, enfin acté, il restera aux politiques à commencer, dés les urnes présidentielles refermées, le matraquage sur les législatives comme "sursaut national", la culpabilisation des électeurs qui ont « mal » voté et le rappel de leur virginité personnelle comme garantie qu’ils sont à 110% porteur de "la" solution.

One more time.

Dans leur palais à l’épreuve des balles et du doute, il ne sera naturellement pas question d’appeler un chat un chat ni de dénoncer la politique menée depuis 20 ans, ou la caste aux manettes d’un système favorisant la corruption.

Heureusement, on commencera déjà à nous faire penser à 2017.

Alain LASVERNE - Ecrivain

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