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Volkswagen et Tapie : la voracité des riches institutionnalisée

Je reviens sur deux informations qui ont fait la une des journaux ces derniers jours, mais qui sont des informations "en creux", c’est-à-dire remarquables par ce qu’elles n’ont pas dit, par ce qu’elles ont tu, par ce qu’elles ont caché, ignoré ou voulu ignorer :

1. Le scandale Volkswagen, où la firme allemande a avoué avoir installé, sur ses véhicules, un programme informatique qui trafiquait les tests anti-pollution. Ce dont il a été question, dans tous les médias, c’est de la responsabilité des dirigeants, du PDG aux divers chefs des branches techniques.

Ce dont il n’a pas été question du tout, en revanche, c’est de la responsabilité des actionnaires. Or, c’est bien la pression de ces derniers, leur exigence de rentabilité à court-terme (moins d’un an), leur avidité, leur cupidité, qui ont amené les dirigeants de Volkswagen à tricher sans vergogne, pour dégager sans cesse des marges, mettant en péril le travail de leurs quelque 600 000 salariés. Comme c’est la cupidité des actionnaires des grandes firmes de mode qui a enseveli 1100 ouvrières bangladaises sous les décombres de l’usine Rana Plaza à Dacca.

2. La deuxième information est l’action intentée par Bernard Tapie contre l’Etat français. Bernard Tapie réclame en effet entre 520 millions et 1,2 milliard de d’indemnité à l’Etat français, plus 50 millions pour préjudice moral et personnel (tant qu’on y est, autant ne pas se gêner...). Alors qu’il a déjà touché, précédemment, un dédommagement de 400 millions, à la suite de la décision d’un tribunal arbitral, validé par Christine Lagarde, alors ministre des finances. Qu’est-ce qui n’a pas été relevé comme information, qu’est-ce qui n’a pas été fait comme rapprochement ? Ceci :

- A. Le tribunal arbitral qui a alloué 400 millions à Bernard Tapie en 2008 était composé de Pierre Mazeaud, ancien président du conseil constitutionnel, de Jean-Denis Bredin, avocat, et de Pierre Estoup, ancien premier président de la cour d’appel de Versailles. Le jugement a été validé par Christine Lagarde, ancienne avocate d’affaires d’un grand cabinet nord-américain, Baker & McKenzie. Il s’agissait donc, pour chacun d’eux, de juristes de haut vol, réputés et très bien payés.

- B. L’action intentée par Bernard Tapie est une action intentée contre l’Etat français, qu’il accuse de l’avoir roulé lors de la revente d’Adidas au Crédit Lyonnais.

- C. Or, qu’est-ce que cette procédure, sinon celle qui est prévue par les accords du G.M.T. (Grand Marché Transatlantique, également appelé TAFTA, PTCI, etc.) ?

C’est-à-dire la soumission des collectivités publiques, Etats, Régions, départements, communes, entités type EPIC (c’est-à-dire des entités politiques fondées sur la citoyenneté et la démocratie, au moins en principe) à des tribunaux privés, formés d’avocats d’affaires, ne dépendant d’aucune entité politique (mais dépendant étroitement des entreprises privées, des multinationales, des banques, des actionnaires et des riches). Et, il faut bien le noter et le rappeler, dans cet accord commercial, la procédure est dissymétrique et déséquilibrée : les entreprises peuvent attaquer les Etats, les Etats ne peuvent attaquer les entreprises.

- Voici ce que laisse entrevoir l’action actuellement intentée par Bernard Tapie si jamais le G.M.T. (TAFTA, PTCI, etc.) est signé : une multiplication par dix, par vingt, par cent de ces procédures contre les Etats (avec, chaque fois, des milliards de dédommagement à la clé), et la vampirisation totale des collectivités publiques, des entités politiques au profit des intérêts privés et des riches. Voici ce que l’on peut lire en creux de cette action judiciaire.

Philippe Arnaud

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