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Ce sont les présidents américains qu’il faudrait juger pour crimes contre l’humanité...

« Nous sommes tous Américains », sauf le Venezuela

Photo : les présidents Raul Castro (Cuba), Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Equateur), Nicolas Maduro (Venezuela) à l’ouverture du G77 + Chine, en juin 2014 à Santa Cruz (Bolivie).

L’histoire retiendra l’exclamation (sincère ou pas) de Barak Obama, le 17 décembre 2014, pour justifier le changement de politique sur la « question cubaine » : « Nous sommes tous Américains » ; mais il semble que pour la Maison Blanche le Venezuela le soit moins que les autres.

En effet, le lendemain de cette soudaine révélation et de l’annonce d’un processus de rétablissement (à terme) de relations normales avec Cuba, le même Obama signait la « Loi de défense des droits de l’homme et de la société civile au Venezuela 2014 », approuvée le 8 décembre par le Sénat et le 10 décembre par la Chambre des Représentants.

Il ne s’agit pas ici de bouder notre plaisir de voir le peuple cubain faire plier « l’Empire » après plus de cinquante ans d’un affrontement inégal ; Washington a dû se rendre à la raison : Cuba n’est pas un morceau de soviétisme importé, isolé, qui s’obstine à résister sous les tropiques, mais une révolution nationale souveraine (au bilan reconnu internationalement), très spécifique, très endogène, fruit d’une histoire ô combien prégnante et rebelle...

« Si ton voisin t’insupporte, déménage », chantait le vieux troubadour cubain Carlos Puebla. Les Etats-Unis auront tout tenté (sauf de déménager) avant d’admettre la simple réalité géopolitique et d’accepter enfin la cohabitation avec ce minuscule voisin cubain si encombrant... tout en continuant à vouloir abattre son système, comme l’a explicité Barack Obama lors de son discours de fin d’année.

APRES CUBA : LE VENEZUELA

Malgré l’échec patent de leur « politique cubaine », les « States » s’apprêtent à récidiver, à s’engager dans une colossale et dangereuse « erreur historique », en mettant en place les prémisses d’un blocus, d’un cordon sanitaire contre le Venezuela bolivarien, infligeant des souffrances à un peuple coupable, comme le cubain, de ne pas lâcher. Après Cuba : le Venezuela ! Le scénario se précise... Cela peut faire douter des « bonnes intentions » du président Obama par rapport à Cuba et devrait nous amener à nous interroger sur la part de calcul impérialiste.

La loi anti-vénézuélienne votée début décembre 2014 par le Congrès américain, s’apparente au début de l’escalade « anticastriste » de Washington, au dispositif du début des années 1960, d’ingérences, d’agressions. Cette loi inflige des sanctions (refus de visas, saisie de comptes) à une liste de vénézuéliens « chavistes » pour de prétendues violations des droits de l’homme ; elle attribue aux victimes la responsabilité du soulèvement sanglant du printemps 2014 contre le président élu, légitime, Nicolas Maduro. Terrible renversement de situation ! Ce sont les présidents américains qu’il faudrait juger pour crimes contre l’humanité en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Lybie, à Guantanamo, d’après notamment le rapport de la commission de renseignement du Sénat sur les méthodes de la CIA, la torture, dans des prisons clandestines et illégales, et cela au nom de la liberté du marché, donc de la défense de la liberté, de la concurrence libre et non faussée, etc.

Les fidèles toutous de l’Union Européenne n’ont pas tardé à se mettre au garde-à-vous et à voter, le 18 décembre, au parlement européen une résolution condamnant non les promoteurs de la violence, les « leaders » fascisants, Leopoldo Lopez, Maria Corina Machado, poursuivis ou emprisonnés pour avoir fomenté l’opération insurrectionnelle « Salida » (« sortie ») visant le président Maduro, mais la révolution bolivarienne.

LE SCENARIO CUBAIN

Cuba, mono-productrice et mono-exportatrice de sucre fut privée de son « quota sucrier », de son marché naturel... L’arme sucrière d’hier devient, mutatis mutandis, l’arme pétrolière d’aujourd’hui. Les Etats-Unis et leurs satellites à l’OPEP organisent la « guerre économique » sous toutes les formes : effondrement des cours du baril, pénuries d’aliments et de produits de première nécessité... Une stratégie déjà éprouvée également contre le Chili de Salvador Allende.

Peu à peu, un « blocus financier » se met en place. Il s’agit, dans un premier temps, de rendre difficile et cher l’accès du Venezuela aux financements en devises dont il a besoin, en décrétant le pays proche de l’insolvabilité, de la suspension de paiement, de la faillite. Les « agences de notation » (sic !) du marché mondial (comme l’agence Ficht, voir El Pais du 19 décembre) viennent de « baisser la qualification financière » du Venezuela de « B » à « CCC », le situant parmi les nations au « risque pays » le plus élevé au monde (7 sur 7). Ce classement, totalement subjectif, politique, suivant une méthodologie opaque, est destiné à inciter les organismes financiers à imposer des taux d’intérêt très élevés au « mauvais élève », voire même à dissuader les institutions et partenaires économiques face aux « risques du crédit ». Ces mêmes « agences » aux ordres essaient d’imposer au Venezuela le dollar « de la rue », spéculatif, comme étalon sur le marché national.

EN BREF

Si l’on résume, la guerre économique, idéologique, les tentatives de déstabilisation, d’isolement international, le « blocus financier », sont les premiers maillons d’une chaîne de plus en plus étouffante, destinée à étrangler et faire tomber une révolution bolivarienne devenue l’un des objectifs prioritaires de la politique internationale des Etats-Unis. Il semblerait que Cuba n’ait pas servi de leçon... Mais lorsque ses intérêts sont menacés, l’impérialisme ne recule devant rien. Devant rien. Comme à Cuba, la résistance sera longue, dure, douloureuse, coûteuse, et aura besoin de toute notre solidarité.

Jean Ortiz, pour Le Grand Soir.

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