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6 janvier, 6 février...

La journée du 6 janvier 2021 devait être celle de la confirmation officielle, par le Congrès des États-Unis, présidé par le vice-président Pence, du nombre de grands électeurs attribués par le suffrage de chacun des 50 États. En général, cette séance est une formalité, où, cinquante fois, on se contente d’énumérer des chiffres. Or, cette séance ne fut pas une formalité.

En effet, l’actuel président Trump qui, depuis le mois de mars, refusait d’envisager une défaite et qui, depuis le 4 novembre, ne cessait de clamer – sans preuves – qu’il avait été victime d’une fraude, avait appelé ses partisans à manifester devant le Capitole, siège du Congrès, pour faire pression sur les élus, afin que ceux-ci invalident le vote du 3 novembre (au moins dans les Etats-bascules, sinon dans tous les États). Résultat : vers les 18 h, heure française, les manifestants, chauffés à blanc par les propos de Donald Trump et par leurs propres slogans, ont envahi le Capitole, vandalisé les portes et les vitres, chassé les parlementaires, et détruit du matériel de journalistes.
Je ne décris ces événements (désormais connus de tous) que pour les rapprocher d’un événement de l’Histoire de France, qui parlera peut-être à ceux qui s’intéressent à la vie politique de la Troisième République.

1. Le 6 février 1934, à la suite d’événements proches et lointains (Grande crise de 1929, chômage, scandales politico-financiers, affaire Stavisky, mutation au Maroc du préfet de police Chiappe, très populaire à l’extrême-droite), une grande manifestation fut organisée par l’extrême-droite à Paris. On y trouva plusieurs groupements de cette mouvance politique, l’Action française, les Camelots du roi, les Jeunesses patriotes, une Ligue d’Anciens combattants... Tous furent appelés à se rassembler place de la Concorde, face au Palais-Bourbon, siège de la Chambre des députés. La manifestation se solda par 14 morts et plus de 600 blessés et eut comme conséquences lointaines (de façon indirecte), deux ans après, la victoire du Front Populaire, et, six ans après, le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

2. En quoi ces deux événements peuvent-ils être rapprochés ? D’abord en ce que tous deux viennent de l’extrême-droite : le président Trump, de droite extrême sur les plan sociétal et social, refuse le libre jeu de la démocratie parlementaire, et avait appelé ses partisans à manifester. Et, parmi ces manifestants, se trouvaient des groupes armés extrémistes et quelque peu "déjantés", tels que les Proud Boys ou des complotistes, comme les QAnon.

3. Ces événements le sont aussi en ce que, tous les deux, ils prennent pour cible non le siège de l’exécutif (l’Hôtel Matignon, la Maison Blanche), mais le siège du législatif (le Palais Bourbon, le Capitole), empli de parlementaires réputés inefficaces, profiteurs, gavés et corrompus – ce qui est une des antiennes de l’extrême-droite.

4. Ils le sont enfin du fait du manque de perspective, de vue claire des événements, de plan concerté des organisateurs : le 6 février 1934, les organisateurs étaient multiples, divisés, sans vision d’ensemble (le colonel de la Rocque et ses Croix de Feu s’éclipsèrent rapidement), sans chef reconnu par tous. Ils voulaient renverser le gouvernement : mais pour mettre qui à la place ? Et pour y faire quoi ? De même, le 6 janvier 2021, le président Trump avait bien chauffé, excité, galvanisé ses partisans, en leur demandant de se rassembler devant le Capitole. Mais qu’espérait-il ? Que les Représentants et Sénateurs, pris de peur, refuseraient le verdict des urnes du 3 novembre ? Qu’ils lui offriraient quatre ans de présidence supplémentaire par un invraisemblable tour de passe-passe constitutionnel ? Il semble qu’il ait cru, que, comme par magie, tout le monde allait croire à son histoire de fraude et le maintenir au pouvoir...

5. Ce n’est que lorsqu’il vit que les choses se gâtaient, que les événements lui échappaient, qu’il demanda à ses partisans de se disperser et de rentrer chez eux. Mais cette attitude ressemble à celle d’un parfait irresponsable, à celle d’un chef de parti, à celle d’un chef de bande, mais certainement pas à celle d’un chef d’État : il agit comme quelqu’un qui, après avoir arrosé un feu de cheminée avec un camion-citerne d’essence, chercherait à l’éteindre avec un arrosoir...

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