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A Pékin, je rase les murs (en construction).

(Choses vues et bavardage)

Résumé de la situation : RSF subventionnée par les USA et TAà WAN, a déployé un activisme forcené contre les J.O. de Pékin.

Lundi 12 avril, 10 heures 30. Ma compagne, notre plus jeune fils et moi (et plein d’autres voyageurs dont il ne sera pas question ici car je ne sais ce qu’il est advenu d’eux) atterrissons à l’aéroport de Pékin. Terminal flambant neuf, plafond en voûte d’une hauteur de cathédrale et d’une beauté architecturale qui sidère. A peine sorti de la passerelle de son avion, le touriste des J.O. sera cueilli par cette démonstration de la puissance, du modernisme, du savoir-faire et du raffinement de la Chine. D’emblée, elle montre ses muscles huilés et souples et elle ne cessera de la faire avec son fameux sourire (forcément énigmatique).

Formalités de douane rapides et minimales. Nous embarquons dans un Véhicule Automatique Léger (VAL) semblable à celui d’Orly et du métro de Toulouse pour aller récupérer nos bagages. Mon second fils, qui travaille en Chine, nous attend et nous embarque dans un taxi jaune et noir. La course jusqu’à son appartement dans Pékin nous coûtera 85 yuans. Par commodité, on divise le coût par dix pour avoir l’équivalent en français. En vérité, il faudrait diviser par 11 ou douze. Les chauffeurs de taxi sont sympas, ne truandent pas et n’attendent aucun pourboire. Malheureusement, ils ne parlent que le mandarin.

Dans les hôtels de la ville, on met à la disposition des touristes des fiches cartonnées écrites à présenter aux taxis. On y lit : PLEASE TAKE ME TO, suivie des noms des principaux sites et monuments touristiques, le tout en anglais et en caractères chinois.

L’appartement où nous allons loger se trouve dans une résidence, au 21ème étage, ce qui ne veut rien dire car le rez-de-chaussée est baptisé 1er et que les étages portant le chiffre 4 n’existent pas, par superstition (comme la chambre 13 dans nos hôtels). L’entrée de la résidence est gardée par deux vigiles en uniforme rouge. Ils ne nous demandent jamais rien.

Le lendemain de notre arrivée, il nous faudra aller, muni du contrat de location de mon fils et de nos passeports, nous signaler au service gestionnaire de la résidence. Dans les 48 heures, la même formalité doit être faite au guichet « Temporary residence registration for foreigners » du commissariat du quartier (que les Rsfiens ne me susurrent pas que ce n’est pas bien, bureaucratique et tout, je le sais). Nous nous y rendons à pied par une ruelle bordée de « hutongs » délabrés. Les hutongs sont des maisons basses, petites, dépourvues d’eau. De ci de là , signalées par l’odeur, on trouve des toilettes publiques qui se caractérisent par l’absence de portes. Il est recommandé d’être impudique, enrhumé et sourd.

Je photographie l’entrée d’un hutong. Un Chinois qui passe à vélo s’en inquiète. Il va nous suivre, sans trop de discrétion, jusqu’au moment où il nous verra entrer dans la cour du commissariat. Puis il disparaît : l’hypothèse de l’ennemi de classe (l’espion ?) lui semble enfin erronée.

Mon fils et sa colocataire chinoise disposent d’un appartement pourvu de 3 chambres, deux salles de bain, ADSL et câble.

Elle est originaire du Sichuan et travaille pour une organisation humanitaire états-unienne où elle a été baptisée Winnie. Elle parle couramment l’anglais, le mandarin, le dialecte de ses parents et deux ou trois mots de français. Par un mystère insondable (donc chinois), son père, cuisinier de métier, est retraité à 52 ans. Il est de passage à Pékin et il nous prépare un succulent repas chinois en guise de bienvenue. Ambiance chaleureuse mais conversations ralenties par les besoins de la traduction. Quand les parents parlent, la fille traduit en mandarin pour mon fils qui nous traduit en français. Parfois, elle traduit directement en anglais. Mon fils traduit en français quand c’est trop compliqué pour moi (très souvent).

Et le Tibet, dans tout ça ? J’y viens.

Le poste de télé est souvent allumé. Par la magie du câble, on peut y voir des feuilletons chinois, les informations de CNN et ne pas rater un épisode de « Plus belle la vie ».

Via Internet (mal bridé par des filtres vendus par une entreprise française) nous visionnons sur France 2 l’émission violemment anti-chinoise « Compléments d’enquête » à laquelle je devais participer. La veille de mon départ, 3 journalistes sont descendus me voir chez moi à Toulouse. Je leur ai consacré 5 heures dont 2 pour le filmage. Il en est resté 15 secondes où je n’apparais pas et où l’on voit en tout et pour tout la couverture de mon livre (« La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone » éditions Aden), deux titres de chapitres et deux lignes sur la National Endowment for democracy (NED), l’officine écran de la CIA qui subventionne RSF. Dure, la censure made in France !

On compte 70 000 taxis à Pékin, reconnaissables à leurs couleurs ; on doit les héler. Les taxis officieux qui pullulaient aux abords des aéroports des pays pauvres ont été éloignés par les autorités à l’approche des JO. Une course dans la ville coûte entre 2 et 3 euros.

Qui n’a lu que les Chinois sont pris d’une frénésie de croissance, de construction et, désormais, engagés dans une course contre la montre pour être prêts pour les J.O. ? Je confirme. Dimanche soir, à 22 heures passées, j’ai vu des chantiers en activité. Marcher la nuit dans Pékin, c’est se laisser bercer par les bruits de klaxons et des pelles.

Et le Tibet ? On m’a dit que l’air des plateaux tibétains est merveilleusement pur. Ici, j’ai vu, de mes yeux vus, une immense avenue dont le bout était masqué par les brumes de pollution. Dans les jardins de la Cité Interdite, on croise des cohortes de touristes venus de province avec leur masque blanc sur le nez. Il n’est pas rare de voir des piétons ainsi protégés dans les rues à , certaines heures.

Au Centre Culturel français, on apprend qu’il y a eu de petites manifestations anti-françaises dans le pays. Il nous est recommandé d’être discrets et prudents.

On n’imagine pas, en France, l’importance du mot chinois « mianzi ». Perdre « mianzi », c’est perdre la face, subir un affront. C’est ainsi que les Chinois ont perçu les péripéties autour de la flamme olympique à Paris. Je note que les guides de voyage et un excellent polar (« Meurtres à Pékin » Peter May, éditions Actes Sud, Babel noir) insistent sur cet aspect de la susceptibilité des citoyens de « l’Empire du milieu ». Il eut fallu que les amis de Ménard et les autres manifestants anti-flamme le sachent. En l’ignorant, ils ont créé un problème avec la légèreté d’un troupeau d’éléphants incultes dans un magasin de porcelaine de l’époque Ming. Du coup, la presse française qui a pratiqué 5 mois d’omerta autour de mon livre m’écrit, me téléphone, m’envoie des mails et parvient à me contacter jusqu’en Chine (quitte à me sortir du lit, le décalage horaire étant mal évalué depuis Paris). Vite, parlons du bouquin anti-RSF pour rattraper le coup et lancer un léger avertissement à Ménard !

Et le Tibet ? Poser la question suppose de la compléter par : « Et Ménard ? ».

La réponse est probablement contenue dans cet extrait de presse dont je vous laisse vous régaler :

ä¸ æ˜¯åœ¨è®¨å¥½æˆ‘ã€‚åœ¨å °ä¸‹,ä »–ä »¬å ‘表了对Ménard这个人物的手段和看法。

Maxime Vivas 有一篇关于䠻–çš„åˆ†æž ,对于这个人物䠻¥å Šå…¶èµ„é‡‘æ ¥æº å 分

担忧。无论怎样,ä »–å¥½åƒ ä »Žæ­¤å°±æˆ 了记者工会头目,ä »£è¡¨å›½é™…äººæ ƒç »„ç »‡

ä »¥å Šå¤§èµ¦å›½é™…ç »„ç »‡ç­‰ç­‰ã€‚ä »–æœ‰æ—¶è¿˜ä¼šå –ä »£dlå–‡å˜›çš„ä½ ç½®,而dl喇嘛是支

æŒ å¥¥è¿ çš„ã€‚Robert Ménard æ˜¯ä¸ªæˆ å‡ ä½•å½¢çŠ¶ç« ‹æ–¹é€Ÿåº¦å ‘å±•çš„äººæ ƒå « å£« ã€‚当

美国正在折磨别 å›½çš„时候,ä »–æœ‰å ‘åŠ¨è¿‡ä »€ä¹ˆæ´ »åŠ¨å — ?ä »–çš„è¡Œä¸ºè®©äººä¸ å¾—

[ è½¬è‡ªé“ è¡€ç¤¾åŒº http://bbs.tiexue.net/ ]

ä¸ æ€€ç–‘ä »–的动机。

Et le Tibet, bon sang ? J’y viens.

En Bolivie, Evo Morales a accusé les Etats-Unis de soutenir les gouvernants du département de Santa Cruz qui oeuvrent pour l’autonomie. « L’ambassade des Etats-Unis participe de manière indigne à l’organisation du mouvement pour l’autonomie », a-t-il déclaré. Le président bolivien assure que « les Etats-Unis donnent de l’argent et un soutien logistique » aux organisateurs du mouvement séparatiste. Via la NED ?

Au Venezuela, l’opposition, poussée par l’Administration Bush, a des velléités d’indépendances pour la riche province de Zula. Via la NED ?

D’après Jean-Guy Allard, journaliste canadien en poste à La Havane, RSF a reçu un chèque de 100 000 dollars de Taïwan : « Ménard a voyagé le 28 janvier 2007 au pays de Tchang Kaï-chek pour recevoir son prix des mains du président Chen Shui-bian qui agissait au nom de la Fondation taïwanaise pour la démocratie, un organisme paragouvernemental… » En acceptant le chèque, affirme le journaliste, Ménard s’est engagé à créer un site web pour continuer à attaquer la République populaire de Chine.

RSF est donc payée par une officine US écran de la CIA, la NED (Fondation nationale pour la démocratie) et par la Fondation taïwanaise pour la démocratie. Quel manque d’originalité dans le choix des noms !

Finalement, si le lecteur accepte l’incomplétude, il conviendra qu’il a implicitement été question ici du Tibet.

Et si les Français rasent les murs en Chine, ce n’est pas par peur, c’est parce qu’ils n’ont aucune raison de bomber le torse ces temps-ci, contrairement aux Etats-uniens qui se frottent les mains (sacré Ménard !). Aux questions sur notre nationalité, nous nous amusons à répondre que nous sommes Belges. Puis nous avouons et tout se passe bien.

Ajoutons ceci : s’il est permis de relater un voyage à New York sans évoquer les centaines de milliers de civils tués en Irak depuis que les USA ont choisi de porter le fer et le feu dans ce pays, il est mal vu de conter des choses vues en Chine sans évoquer les robes safran. Car cette prétention exorbitante s’apparente à l’apologie de Mao. Prenons le risque.

PS 1. Le Parisien du 13 avril nous apprend que Ménard est « un brin faux-cul », qu’il s’avoue « colérique et caractériel ». Cet « obscur journaliste de Radio Franc Hérault » qui « a failli devenir prêtre », respecte « l’engagement » de son père dans l’OAS (et la démocratie, alors ? Et le « Tu ne plastiqueras point » ?). A mon accusation étayée sur son financement par des paravents de la CIA il rétorque « Et pourquoi pas par le KGB ? » (parce que ce n’est pas établi, Bob).

La vente des tee-shirts anti-J.O. a « rapporté un million d’euros » à son épicerie compassionnelle déguisée en ONG.

Question qui me taraude : aurais-je eu le procès dont me menace RSF depuis 2 ans si j’avais usé dans mon livre de la terminologie du Parisien pour décrire celui que ce quotidien appelle « l’agité du bocal médiatique » ?

PS 2. C’est curieux comme les journalistes qui font la courte échelle à Ménard sur les plateaux télés ou dans leurs colonnes parlent mal de lui en privé. Jean-Luc Mélenchon a fait le même constat. J’apprends par eux que le siège de RSF est luxueux, digne d’une agence de pub prospère, que Ménard aime voyager en classe affaire, descendre dans les Hilton, qu’il ne se la joue pas « abbé Pierre des médias » puisque son salaire est nettement supérieur à 5000 euros (agrémenté de défraiements, primes et autres avantages en nature ?).

Ces confidences nous aident à mieux comprendre pourquoi 7 % seulement du budget de RSF aboutissent dans les poches des journalistes nécessiteux.


Maxime Vivas vient de publier "La face cachée de Reporters Sans Frontières. De la CIA aux faucons du Pentagone"

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