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Déraison, encore la déraison, toujours la déraison !

Pourquoi, j’écris car je ne le sais que trop bien, ce que je vais écrire revient à prêcher dans le désert. Mais, n’est-ce pas les plus désespérés sont les chants les plus beaux.

Une étrange malédiction douche la France, disséminant les miasmes de la déraison. Peut-être que j’exagère un peu, car en fait, et heureux de le constater, la déraison frappe spécialement le personnel politique français. Et plus particulièrement les gens de la gauche dont l’agonie n’entame guère leur fatuité de coq à crête rouge.
Mélenchon, avec son « pas une voix à Mme Le Pen » répété trois fois, dans une agitation de main d’un chef d’orchestre pris dans l’euphorie de son succès, constitue à cet égard le meilleur exemple d’un leader de gauche infecté par la déraison.
Lors des présidentielles de 2017, j’ai appelé à voter Mélenchon, arguant qu’il était le seul capable de ramener la raison en France, raison que la pays a perdu voilà des années.
Depuis la retraite du Général De Gaulle et l’élection de Pompidou, qui s’empressa de faire voter cette loi scélérate, la loi Pompidou-Giscard-Rothschild » de 1973. Mais malheureusement, gagnant la troisième place du premier tour, d’abord il s’écroula puis fit semblant de ne donner aucune consigne de vote, pirouette du rusé renard qui de cette façon, déjà interdisait à ses militants de voter pour Marine Le Pen, au lieu de crier, de hurler, de faire éclater les tambours de France et de Navarre avec un « Tout sauf Macron, tout sauf le représentant de la banque Rothschild », le goût de ce qu’avait institué Pompidou suffisait à l’en convaincre. Résultat des courses, plusieurs de ses lieutenants annoncèrent qu’ils voteraient « Macron » pour faire barrage à l’extrême droite, eux qui, ironie du jeu politique français, étaient, et sont toujours étiquetés « extrême gauche « ! Ne peut-on pas les incriminer au moins pour quelque chose dans la suppression de l’ISF, dans l’éborgnement des Gilets jaunes, dans l’affaire Benalla ou le délabrement du système de santé.

Et voilà qu’il récidive ! Le visage en fleur qui s’ouvre, fort de ses 22%, il lança ce fameux « Pas une voix à Mme Le Pen » ! Une nouvelle dérobade rehaussée d’un contresens ! Moi, qui encore attendais un « Pas une voix à Monsieur Macron », en fus suffoqué ! Ma joie pour son succès électoral se transforma en tristesse ! Car, n’est-ce pas, l’appel mélenchien va assurer au moins un tiers des électeurs ayant voté pour lui, de se porter pour le « Président des riches » Par tous les Dieux de la terre et des océans, que de talent d’orateur, de force et d’énergie ainsi gaspillés !

La déraison étant le contraire de la raison, sa frappe consiste justement à mettre un grand trou dans la poitrine de la raison, souvent sous une forme de fixation, d’obsession, d’idées fixes, bref tout ce qui vous faire perdre le sens des réalités. Du point de vue méthode, raisonnement et argumentaire, elle interdit le principe dialectique qui demande souplesse d’esprit et finesse qui imposent de reculer pour mieux sauter. Il n’y a pas meilleur ami de la déraison que le sophisme.

Sur quoi ce sophisme s’assoit-il ? La rhétorique des anti Marine Le Pen viscéraux repose sur une prémisse fallacieuse, précisément anti démocratique et irrationnellement fantasmée : elle est à la tête d’un parti fasciste ! Pourquoi ça ? Ce parti ne respecte pas les urnes, la justice ou entretient un mouvement militaire en vue d’un putsch ? Rien de cela bien sûr ! Par contre, ce que nous renvoie l’actualité internationale, est que le fascisme qui tue en Ukraine est soutenu par celui que le premier tour a placé en tête ! Ah ! ce paradoxe qui fait que les antifascistes français se retrouvent à voter pour un soutien aux fascistes d’Azov !

Mais malheureusement, ce n’est pas la seule contradiction. Posons nous la question : si Macron aura encore la légitimité de régner encore pendant cinq, est-ce que cela fera reculer le Rassemblement national ou, à l’inverse, cela le fera-t-il progresser encore un peu et même beaucoup ! La réponse se trouve dans l’analyse d’un demi-siècle de pratique politique de la dite « gauche française » et sa décrépitude. Décidément, la déraison mène souvent au tutoiement de l’absurde ! A moins que ce soit voulu et que c’est uniquement une autre manière, paradoxale certes, mais cependant très efficace, de soutenir le système qui, mandat après mandat présidentiel, a assuré le déclin de la France, le saccage de sa valeur républicaine et de la démocratie dont il ne reste que le verbiage : Assemblée Nationale où ne siège aucun représentant ouvrier, bidouillage multiple de la Constitution, un seul référendum dont le verdict n’a pas été respecté ou la grande majorité des médias entre les mains des milliardaires etc.

Etrange que ce conglomérat qui voit dans le même sillage s’agglutiner aux caciques du système instauré par le grand capitalisme, type Daniel Cohn-Bendit, Sarkozy ou BHL, des élus de gauche, auto étiquetés ainsi, dans un même désespéré soutien à Macron, cela au nom d’un front républicain barrage à l’extrémisme. Comme s’il s’agissait de ça : comme la démocratie dont elle est en principe la source, la république est morte, comme dit l’autre. Je l’ai cherchée dans les grandes places de la ville, dans les musées et les cimetières, je ne l’ai point trouvé : à peine accroché au mur comme la carapace d’une tortue éviscérée, j’ai vu une forme silencieuse.

Je ne regarde plus sérieusement les programmes politiques des candidats, la constante commune à la grande majorité des hommes politique étant d’en mettre, une fois élu, une bonne partie aux oubliettes. En ce qui concerne Macron, c’est tout vu tout connu, il continuera de fonctionner selon son paradigme chéri : pour aider les pauvres il faut enrichir les riches. C’est net, clair et simple, bonjour n’a que se faire voir ailleurs ! En ce qui concerne Marine Le Pen, elle ne pourra pas non plus appliquer les grandes mesures de son programme, ce qui la discréditera, ce qui toujours ça de gagné. Autant 5 ans de pouvoir macronien la renforcera, autant l’exercice du pouvoir l’affaiblira. Mais une chose est sûre : si elle est élue, elle ne pourra pas, sinon ce serait pour elle un harakiri définitif, ne pas mettre en œuvre deux choses : 1- la proportionnelle intégrale 2- le recours au référendum. L’application de ces deux mesures, il faut être aveugle ou obtus comme une buse, vont dans l’intérêt du mouvement de Mélenchon : il sera mieux représenté à l’Assemblée nationale, lors des référendums avec son talent d’orateur il pourra s’en donner à cœur joie, sans oublier l’occasion de réunir 500 000 signatures pour exiger un vote sur la Sixième République qu’il appelle de ses vœux.

Est-ce que je radote ? Dites-le moi, gens du village !

Est-ce que Marine Le Pen pourrait faire pire que Macron ? Je ne le pense pas. Mais je ne peux pas imiter Mélenchon et dire « jamais » car ce mot est contre nature, la nécessité et le besoin de trouver un élan s’en jouent comme le vent se joue d’un cerf-volant.

Dernière nouvelle : la Bourse de Paris a peur de l’arrivée au pouvoir de la candidate lepéniste, ce n’est pas moi qui m’en plaindrais !

La configuration du scrutin du premier tour, avec 22%, positionne les électeurs de la France Insoumise en faiseur de roi. Vont-ils rater cette occasion unique d’opérer une grande brèche dans le système politique qui appauvrit les pauvres et enrichit les riches ? Toute la question est là : il est impossible que Mélenchon n’en soit pas conscient ! Cette brèche sera un courant d’air frais qui permettra aux forces sincèrement de gauche de retrouver leur esprit et de s’unir pour progresser et finir par imposer un système politique qui redonne sa vertu à la démocratie, sa lumière à la République, et qui mettra fin à la domination des spéculateurs financier sur les producteurs de richesse. Les Roussel, Jadot ou Jospin appartiennent à cette junte politique qui, subtilement, en artistes raffinés, savent mettre le clignotant à gauche pour tourner à droite, les écouter perpétue le système qui tue à petit feu les petites gens. A propos de Jadot, l’avez-vous entendu, ne serait-ce qu’une seule fois, dénoncer le nucléaire militaire qui a tant tué d’enfants en Irak. Merci de me le dire comme ça : comme tous les prétendus défenseurs de la nature qui se font moucher par une adolescente de 16 ans !

J’ai la tentation de croire que la déraison qui frappe Mélenchon n’est pas autre chose qu’un fort désir de se réserver le droit et l’honneur d’abattre le système. En gorille qui se frappe la poitrine, oh ! ivresse du succès, il nage dans un formidable moi ou le déluge !

Gens du village, et vous électeur de la France Insoumise, réfléchissez bien, pesez le pour et le contre avant de mettre le bulletin dans l’urne dimanche prochain. Inversez son appel et vous aiderez la France ! La tombe de Descartes verra alors de nouveau les vers luisants virevolter dans l’obscurité de la nuit.

Je me permets de paraphraser Victor Hugo, le poète cher à mon cœur, et dire que la décrépitude se fait quand la raison s’en va !

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Michael PARENTI
Analyste politique progressiste de tout premier plan aux États-Unis, Michael PARENTI, docteur en Sciences Politiques de l’Université de Yale, est un auteur et conférencier de renommée internationale. Il a publié plus de 250 articles et 17 livres. Ses écrits sont diffusés dans des périodiques populaires aussi bien que dans des revues savantes, et ses textes engagés l’ont été dans des journaux tels que le New York Times et le Los Angeles Times. Ses livres et ses conférences, informatives et (...)
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