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L’Afrique et le redéploiement militaire des USA.

Le 5 janvier dernier, le président des USA, Barack Hussein Obama présentait, dans un discours, la nouvelle stratégie militaire américaine. Tout en annonçant quelques coupes dans les dépenses militaires (487 milliards de dollar US sur 10 ans), Obama a prévenu la planète qu’elle ne doit pas voir là une perte de la suprématie américaine. Au contraire, les USA demeurent la "première puissance militaire du monde" a averti Obama qui a souligné que bien que soumis à un régime d’amaigrissement, les USA "vont maintenir leur supériorité militaire avec des forces armées qui seront agiles, flexibles et prêtes à réagir à l’ensemble des circonstances et des menaces" et seront capables malgré tout d’affronter plus d’un adversaire n’importe où dans le monde. Aussi, apprend-on, les USA se redéployent militairement dans le pacifique et privilégient l’arme navale et aérienne. Deux pays sont essentiellement visés par ce plan : l’Iran et la Chine. Cette dernière dont la puissance ne cesse de croître a besoin d’être contenue. La Chine n’étant pas dupe a déjà réagi et entend se donner des moyens militaires supplémentaires. "Nous renforcerons notre présence en Asie-Pacifique et les réductions budgétaires ne se feront pas aux dépens de cette région cruciale", a précisé Obama qui n’a pas évoqué l’Afrique dans cette nouvelle stratégie militaire.

Si Obama n’a pas évoqué l’Afrique dans son discours sur la "nouvelle" stratégie militaire des USA, n’allons pas croire que ceci est un manque d’intérêt et en conséquence que l’Afrique n’est pas concernée par ce redéploiement.

La vérité est qu’historiquement, tout d’abord, l’Occident essaie de toujours présenter l’Afrique comme un continent sans intérêt et hors du monde. Ainsi, dans les grandes questions internationales, l’Afrique est, au mieux, passée sous silence. Au pire, on la décrit comme n’apportant rien de positif au monde. Ceci est fondamentalement faux, car si un continent a autant suscité de convoitises et de conflits interétatiques c’est bien l’Afrique qui est non seulement par sa situation géographique un continent au coeur du monde mais encore elle est un gigantesque panier de ressources en matières premières pour les pays industrialisés.

Ensuite, en se redéployant en Asie Pacifique, les USA tentent de bloquer la Chine dans son élan, en la confinant dans les limites de ses frontières, avec en toile de fond l’Afrique où la Chine ne cesse d’acquérir des espaces (ces acquisitions restent à consolider par des outils militaires) qui sont jusqu’ici considérés par les occidentaux comme leur domaine réservé.

Aussi, en misant sur les forces aériennes et navales, les USA confirment leur volonté de garder leur main mise sur les airs et surtout les océans qui regorgent d’immenses ressources jusqu’ici peu exploitées, en même temps qu’ils servent de voies de transports. Là encore l’Afrique est en toile de fond, car de nombreux échanges dans le monde se font au travers des mers africaines. C’est le cas des échanges entre l’Occident et l’Orient qui passent par l’ensemble des mers africaines en toute liberté et quasi-gratuitement.

Enfin, pas besoin de citer clairement l’Afrique dans ce discours alors que le dispositif d’AFRICOM avance dans sa réalisation à grands pas.

Au total, l’Afrique est au coeur de ce redéploiement militaire. Mais étant donné qu’elle est totalement paralysée actuellement par une gouvernance coloniale pour qui n’a de conception militaire qu’un corps de milices armées qui terrorise les populations civiles contestataires, l’Afrique ne peut réagir. Ceci d’autant plus que ces fameuses armées africaines sont des constructions coloniales liées aux puissances diverses notamment occidentales par des accords militaires au nom desquels armes (désuètes mais elles suffisent pour contenir des populations africaines désarmées depuis dès les premiers jours de la colonisation), formation, assistance technique...sont distillées. Autant dire que ces fameuses armées africaines n’ont pas de vision du monde, leur seule raison d’existence étant de maintenir les populations africaines dans le cadre colonial.

Aussi, nous africains, nous-mêmes avons été conduits à avoir une vision fondamentalement pacifiste du monde. C’est dire combien il nous sera difficile de comprendre que c’est la loi des armes qui dirige le monde et les relations internationales. Toutefois, nous (combattants pour une autre Afrique) avons l’obligation, si nous voulons vivre et relever la tête, de travailler à doter l’Afrique d’armées véritables qui, avec des armes les plus puissantes possibles sous une gouvernance fondamentalement panafricaniste, protègeront aussi bien notre peuple que toutes ses richesses pour le moment accaparées par d’autres peuples qui en profitent pour résoudre leurs problèmes pendant que nous, africains, mourons de faim sur des mines d’or.

Komla KPOGLI

Web : http://lajuda.blogspot.com

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