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Quand Netanyahou nous accoutume à un monde inhumain sans droit ni règles, où règne la loi de la jungle !

Tandis que l’opération d’extermination et de nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza monopolise – à juste titre – l’attention du monde entier depuis des semaines, peu ou pas d’attention est accordée à un de ses objectifs d’importance capitale, qui passe plutôt inaperçu : l’accoutumance de nos sociétés et de chacun de nous, c’est à dire de toute l’humanité, à une nouvelle réalité internationale dépourvue du droit humanitaire qui régit depuis 1949 les conflits armés internationaux ou internes. En somme, l’accoutumance à un monde ressemblant de plus en plus à une jungle où règne uniquement le droit du plus fort et où sont « permises » les pires atrocités contre les plus faibles !

En réalité, cette « accoutumance » inhumaine se fait de deux façons : d’abord, en nous installant dans un quotidien, qui dure déjà des semaines et des mois (!), peuplé des nouvelles et des images d’un véritable génocide couplé d’un nettoyage ethnique dont les victimes sont les civils Palestiniens. Et cela sans que les « grands » de ce monde fassent la moindre chose pour arrêter cette barbarie, quand évidemment ne l’encouragent et ne l’applaudissent pas. Et ensuite, en criminalisant, au moins dans quelques grands » pays européens, pratiquement toute manifestation de sympathie envers les victimes et toute critique adressée aux bourreaux qui non seulement bafouent, mais pire, qui admettent publiquement bafouer le droit humanitaire et ses règles les plus élémentaires. Comme par exemple, ne pas bombarder les hôpitaux, les écoles, les églises et les mosquées, les installations de l’ONU et des organismes internationaux, ne pas viser les civils, ne pas tuer (en priorité !) les médecins, les journalistes, les ambulanciers, ne pas forcer les populations à abandonner leurs maisons, ne pas les priver systématiquement de moyens de survie, d’eau, d’aliments, de médicaments, ne pas détruire leurs infrastructures, c’est-à-dire tout ce que l’armée israélienne est en train de faire actuellement à Gaza, mais aussi au moins en partie en Cisjordanie. Et tout ça en faisant preuve d’une imagination sadique sans précédent historique, comme quand leurs bulldozers qui suivent de près leurs blindés, « labourent » systématiquement les rues palestiniennes, détruisant ainsi non seulement le macadam mais surtout les diverses canalisations (égouts, câbles, tuyaux) dont dépend la vie les habitants.

Le résultat de cette dangereuse accoutumance devrait être notre mithridatisme (1) progressif au poison de la barbarie sans limites, qui divise les êtres humains en « maîtres » appartenant à une prétendue « Herrenrasse » de triste mémoire, et aux autres qui obéissent aux « maîtres » et qui devraient subir leur déshumanisation sans protester, s’ils ne veulent pas être traités de « terroristes ». Et tout ça à l’aide d’un maccarthysme planétaire qui ne se contente pas de la criminalisation de toute protestation, mais qui l’accompagne du lynchage médiatique du « déviant » ! Mais, attention : si tout ça peut paraître exagéré et fruit d’une imagination dystopique, il suffirait de regarder du coté de la France actuelle pour réaliser que ce « mithridatisme » est non seulement réel, mais aussi envahissant et, malheureusement, plutôt triomphant.

En effet, c’est dans cette France macroniste de l’automne 2023, qu’on assiste plus que partout ailleurs, à l’instauration d’une nouvelle « normalité » où sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme, est criminalisée l’exercice d’au moins certaines libertés et droits démocratiques, comme le droit à la liberté d’expression. Évidemment, ceux qui sont arrêtés, et souvent condamnés pour « antisémitisme » parce qu’ils ont osé dénoncer le bombardement incessant des civils de Gaza, sont en général ceux qu’on appelle des « petites gens », de préférence de gauche ou d’origine maghrébine. Car il serait bien sûr impensable pour M. Darmanin de dénoncer et encore plus, d’intenter un procès pour « antisémitisme » par exemple, a la grande chaîne télé américaine CNN, bien que celle ci dénonce à longueur de journée et en détail les atrocités et autres horreurs subies par les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, de façon qui ferait hurler d’indignation les journalistes des « grands » médias (quotidiens et chaînes télé) français, BFMTV en tête.

Mais, il y a aussi l’autre face de la médaille de cette prétendue lutte à la française contre « l’antisémitisme » : c’est la banalisation de l’antisémitisme. En effet, à force de taxer d’antisémitisme la moindre critique contre Netanyahou et son gouvernement, la moindre manifestation de compassion envers le peuple palestinien martyrisé, il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux antisémitisme, c’est à dire distinguer les vrais antisémites, qui constituent une réelle menace pour le peuple juif. Et cette banalisation de l’antisémitisme est d’autant plus scandaleuse que les censeurs suprêmes du prétendu « antisémitisme » des pro-palestiniens ou même des antisionistes juifs -comme sont les jeunes de If Not Now- sont de nos jours des antisémites notoires comme le hongrois Victor Orban qui est pourtant qualifié de « meilleur ami d’Israël » par son ami et complice Benyamin Netanyahou. Ou comme les racistes, fascistes et autres nostalgiques et admirateurs de Pétain et du pétainisme qui paradaient encore récemment dans les rues de Paris manifestant contre l’antisémitisme !

Cependant, encore plus grave que l’accoutumance à la disparition du droit humanitaire est l’accoutumance de l’humanité au cynisme et a l’effondrement des valeurs morales qui résulterait de l’éventuel écrasement final du peuple palestinien par un État d’Israël non seulement triomphant et jouissant d’une totale impunité, mais aussi exhibant fièrement devant tout le monde son mépris total pour les scrupules moraux et autres. Car la grande « nouveauté » des actuels génocidaires israéliens est qu’ils admettent et même revendiquent publiquement leurs intentions génocidaires et leurs crimes de guerre tandis que tous les autres génocidaires de l’histoire les cachaient toujours méticuleusement, faisant tout pour effacer la moindre trace de leurs abominations.

La conclusion est nécessairement alarmante : l’opération terroriste du Hamas du 7 Octobre sert de prétexte au gouvernement de Netanyahou pour réaliser ce qui a toujours été le grand projet, sinon la raison d’être, de l’extrême droite israélienne,(2) l’extermination et le nettoyage ethnique définitif du peuple palestinien. Mais une fois lancée, cette guerre totale d’Israël contre le peuple palestinien sert déjà de prétexte aux états-majors de la réaction capitaliste et obscurantiste de par le monde, pour accélérer et approfondir leur attaque, déjà lancée auparavant, contre ce qui reste des libertés et droits démocratiques de « ceux d’en bas ». Raison de plus pour considérer la lutte des Palestiniens pour leur survie comme notre lutte, comme la lutte de nous tous pour la défense, bec et ongles, de nos libertés.

Notes

1. Mithridatisme : immunité acquise à l’égard d’un poison par ingestion répétée de doses croissantes de ce poison.

2. http://www.cadtm.org/Quand-Einstein-appelait-fascistes-ceux-qui-gouvernent-Israel-depuis-44-ans

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COMMENTAIRES  

21/11/2023 18:41 par Tardieu Jean-Claude

 "l’opération terroriste du Hamas du 7 Octobre sert de prétexte au gouvernement de Netanyahou"

Ne serait-ce pas plutôt le blocus de Gaza depuis 2006 et l’occupation de la Palestine par des colonisateurs anglo-saxons, dont les sionistes sont les exécutants testamentaires depuis 76 ans ou le bras armé au cœur du Moyen-Orient et des champs de pétrole et de gaz pour leur permettre d’en demeurer les maîtres éternellement, qui serait à l’origine de l’offensive militaire palestinienne du 7 octobre ?

Je sais que la plupart des commentaires insistent pour nous faire croire que cette opération militaire aurait été conçue uniquement pour obtenir la libération de prisonniers palestiniens, je n’y crois pas car les Palestiniens n’étaient pas sans savoir quelle serait la riposte impitoyable ou féroce de l’occupant. Comme dirait l’autre, le jeu ou plutôt le risque n’en valait pas la chandelle à moins d’être suicidaire.

Je pense au contraire que les Palestiniens, face à un ennemi qui s’était juré de les chasser définitivement de la Palestine et qui les avaient poussés à bout, n’avaient pas d’autres alternatives que situer leur combat au même niveau ou dans la même perspective politique mais inversée. A savoir, poser la question de la légitimité d’Israël, au point qu’à maintes reprises les médias mainstream ont été obligés de remonter jusqu’en 1947 pour justifier leur soutien à Israël, même si l’issue de ce combat était prévisible en raison de la disproportionnalité des forces en présence à l’avantage de l’envahisseur.

C’est finalement un terrible drame qui se déroule sous nos yeux, où tout un peuple est sacrifié, ce ne serait pas le premier à disparaître en pareille circonstances.

23/11/2023 06:02 par Tardieu Jean-Claude

Pour rebondir sur la chronique de Théophraste R. qui me semble correcte.

Remettons les choses à leurs places.

 Les Palestiniens sont les otages de l’occupant anglo-saxon sioniste, tandis que les Israéliens qu’ils détiennent sont des prisonniers. Les Français faits prisonniers par les Palestiniens le 7 octobre sont des sionistes avérés et d’autant moins des otages, qu’ils se sont délibérément rendus dans un pays en guerre régit par un régime raciste d’apartheid.

 L’offensive militaire engagée par la résistance palestinienne le 7 octobre dernier s’inscrit dans le cadre d’une guerre de libération nationale comme le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie en ont connue dans le passé, il ne s’agit donc pas d’une attaque terroriste ayant pour unique objectif d’obtenir la libération de prisonniers palestiniens, même si c’est le seul à leur portée, puisque c’est l’existence ou le sort de tout un peuple qui est en jeu. Réduire l’enjeu de cette héroïque offensive militaire à la libération de prisonniers lui fait perdre sa nature anticoloniale.

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