Cet appel est désespérant. On pouvait à la rigueur comprendre la "France Insoumise" et son programme "L’avenir en Commun" voire même la candidature d’un tribun socialiste sans doute plus intègre que d’autres, mais néanmoins socialiste, comme un moyen de compter les mécontents qui ne partageraient pas la duplicité et le racisme de Le Pen à la présidentielle. Mais là, franchement, à quoi rime politiquement ce jeu truqué d’avance, sinon à jouer encore au jeux des places, à la compétition pour la galette ?
Ce que gagnerait à faire aujourd’hui la base de la "France insoumise", à moins évidemment que son projet se résume à exister comme simple groupe parlementaire ultra-minoritaire, c’est s’auto-dissoudre précisement pour inviter les mécontents, ceux qui sont en colère, ceux qui veulent une société plus juste, plus humaine, à se regrouper plus largement par eux-mêmes, transcendant tous les clivages, autour de valeurs humaines à défendre qui n’appartiennent pas plus à la gauche qu’à d’autres, et que même les partis de gauche n’ont jamais été capables de respecter lorsqu’ils étaient au gouvernement : une vraie justice, qui s’interdise d’attenter par elle-même à la dignité de la personne humaine, une vraie prospérité, qui ne soit pas celle d’une partie de la population au détriment direct d’une autre, une vraie civilisation, qui respecte la nature et s’en inspire plutôt que ne la détruise au nom de l’obscurantisme technoscientiste mégalomane. S’inscrire dans la durée dans une compromission implicite sur ces questions essentielles, telle qu’elle s’inscrivait dans le programme "L’avenir en commun", reviendra pour qui s’y attacheront, à se ranger au mieux au rang des moutons au pire à celui des complices du compromis avec un ordre qui nous conduit tous à l’abattoir.