Je suis tout à fait d’accord avec l’intervention de cassiopea.
L’indécence, ce n’est pas tant la "guerre de religions" que se livrent les pays à travers leurs athlètes, cela faisant partie intégrante de l’ordre capitaliste et n’étant là que pour exciter le gogo et lui rappeler qui sont les Bons et les Méchants sur cette planète.
L’indécence, c’est, en l’occurrence, la chosification des femmes pour éclairer l’oeil torve du mâle concupiscent qui ne s’intéresse au sport féminin que si l’athlète est mince, bronzée et presque entièrement dévoilée, loin de ce "baleineau" que l’on ne saurait voir, ne serait-ce que quelques secondes, mais qu’on ne peut s’empêcher d’aller voir pour nourrir son indignation.
L’indécence c’est de ne vouloir voir sur les stades que des athlètes accomplis, minces, musclés, bronzés et huilés (tout ça au féminin, également, bien entendu), et d’exiger que les autres soient éliminés sans merci.
L’indécence, c’est l’imposition qui était faite (apparemment, le règlement s’est "assoupli" cette année : ce serait, maintenant, au choix, fromage OU dessert) aux beach-volleyeuses de s’exhiber en mini bikini alors que leurs homologues masculins concourent dans la tenue du sportif, en short et débardeur. On imagine le tollé s’ils étaient contraints de jouer épilés, oints d’huile solaire, torse nu et en string.
L’indécence, c’est cette orgie de moyens déployés pour quelques semaines d’exhibition alors que, parallèlement, les mêmes acteurs organisent (et profitent de), sur la planète entière, la misère, la famine, le pillage des ressources des populations, leur déplacement, voire leur mort, et, évidemment, les guerres.
L’indécence, c’est le choix de ceux qui vont bénéficier en exclusivité de cette manne que représentent les JO - qu’on appelle "sponsors" pour leur donner une légitimité - et qui commettent tous des crimes contre l’humanité qui sont encore et toujours impunis, parce que toute cette caste est complice et passible des mêmes peines.
L’agent orange, Bhopal et la marée noire dans le Golfe du Mexique sont les crimes plus "criants", mais tous les "sponsors" sont responsables de catastrophes écologiques et humaines : le détournement d’eau potable et d’irrigation, l’appropriation de terres fertiles, la déforestation, l’exploitation honteuse d’êtres humains sur toute la chaîne de production, le travail forcé, le travail des enfants, j’en oublie, et probablement des aussi graves.
L’indécence, c’est le déplacement de populations pauvres locales, la perte de leur outil de travail, et, donc, de leur maigres moyens de subsistance en des temps où le capitalisme se vautre dans les mesures d’"austérité" en supprimant parallèlement les aides sociales pour multiplier les profits de la Caste.
L’indécence, c’est la militarisation de Jeux, prétendument pacifiques et conviviaux, destinée aux populations autochtones et la prolongation, sur les stades, sur les tatamis et ailleurs, des tensions, des provocations et du mépris envers les pays avec qui l’occident est en conflit ou compte l’être.
L’indécence, c’est de dénoncer un phénomène très marginal quand tout le système est gangréné, et cela depuis fort longtemps et quand ces Jeux reflètent, dans un espace restreint, et sous la bannière factice de la Paix et de l’Amitié entre les peuples, ce qui se passe sur la planète entière. Comme les interventions "humanitaires".
Le scandale, c’est de vouloir amender ces Jeux selon ses critères subjectifs, lorsqu’il faut militer d’urgence pour leur suppression définitive.
Certains le font, en Grande-Bretagne, par exemple, mais ils sont encore bien peu nombreux, et, que je sache, ils sont encore moins nombreux chez nous.
C’est une prise de conscience générale qu’il faut, pas des indignations ciblées qui ne servent qu’à retoucher ponctuellement ce qui dérange le gogo, et qui permet de pérenniser ce monument de cynisme et de rapacité érigé à la gloire de l’impérialisme/capitalisme.