Les enfants de Manuel Valls sont éduqués comme le sont tous les fils et filles de famille, – "enfants de beurre", comme disent les Grecs –, appelés à devenir de Young Leaders et capables de bénéficier tranquillement à ce titre de tous les avantages du gratin gratiné. Qui sont juteux (mais ne rendent pas forcément les enfants heureux). Pendant ce temps, les enfants des autres doivent être rendus dociles aux champions de la concurrence, et soumis à tout ce qu’elle suppose d’arrogance, d’hypocrisie et de nez de Pinocchio, un Pinocchio qui n’a même plus le coeur de se souvenir de Gepetto. Les enfants des autres doivent être privés de langage et d’histoire, privés de la faculté de critique, voués à l’aléatoire et à la précarité, voués à l’apprentissage précoce et à la pédagogie des châteaux-forts en carton, dans le cadre de pratiques fourre-tout qui diminuent d’autant l’accès à la maîtrise des connaissances, et rendent encore plus difficile à l’enfant devenu adulte de tenir tête, en connaissance de cause, à quelque autorité que ce soit, fût-elle aussi absurde que destructrice. Voués à la soumission ou à la violence gratuite, voués à rester prisonniers de stéréotypes. Heureusement, leur réforme ne passera pas, et si elle passe, nous saurons la retourner contre ses promoteurs. Lisez plutôt ici ce que pense RM Jennar de la réforme des collèges : il a mis dans le mille.