L’ivresse décime

Pour dire qu’elle souffre, une partie du pays s’expose, tous les samedis depuis 18 semaines, aux énucléations, amputations, fractures, plaies, gazages, matraquages, gardes à vue, procès expéditifs, emprisonnements. La majorité des citoyens la soutient, en dépit d’un autre matraquage, incessant par des « grands » médias qui ont lâché leurs chiens. Les animateurs, éditorialistes, politologues, « philosophes » (sic) aboient. L’un dit que l’armée devrait tirer, l’autre qu’il faut mettre les meneurs jaunes en état d’arrestation.
Les mauvaises langues racontent que, rentré précipitamment de La Mongie, Macron a engueulé Castaner (qui lui conseillait d’enlever ses après-skis). « Et toi, ferme ta braguette » aurait-il répliqué sèchement avant de faire filmer une réunion de crise où, livide, les traits durcis, il a averti chacun qu’en matière de gestion du problème, « on n’y est pas ».
Traduisez, non pas « Il faut céder à ceux qui ont faim », mais « Il faut taper plus fort sur Jojo, les analphabètes-alcooliques-fainéants-fouteurs-de-bordel qui ne sont rien et qui nous les gonflent avec leur histoire de fin de mois ».
Bref, il faut remplir les prisons et les hôpitaux. Les morgues, peut-être.
Edouard Philippe, qui pense que son heure approche (Macron étant fini), se pencha sur Nicole Belloubet (défaite comme si elle venait de se découvrir dans un miroir) pour lui chuchoter un petit poème irrévérencieux qui résumait le désarroi macronien :
« Le Fouquet’s, symbole de la République
Est incendié par les CRS.
Brigitte, la muse érotique
Est restée seule sur le tire-fesse ».
Théophraste R. Auteur du mémoire (en cours) : « Le méprisant de la République peut-il finir en prison ? » et du pamphlet (déchiré et poubellisé dès le premier chapitre) : « Le jour où la foule haineuse s’empara de Mussolini ».