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Le poète et le Covid-19

« Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ…. ».

Charles Baudelaire, Chant d’automne, extrait.

Théophraste R. Auteur du poème immortel (en cours d’écriture) intitulé « Mascarade » et dont le premier vers est : « Qu’ils tombent les masques ceux qui masquent les tombes ».

COMMENTAIRES  

27/03/2020 07:35 par calame julia

Cela m’a pris les tripes ...
A tous les aînés qui sont partis hier, et, que l’on a pu accompagner.

27/03/2020 10:06 par chabian

C’est la première fois que Baudelaire me fait vibrer un peu, au delà de la première strophe. merci pour cela ! Bien que ce qui est très convainquant pour une pandémie était un peu pathétique pour une simple mise en hibernation...

27/03/2020 12:29 par Autrement

"Bâton des exilés, lampe des inventeurs,
Confesseur des pendus et des conspirateurs"...

27/03/2020 21:47 par Georges SPORRI

@ Chabian / Un conseil = écouter sur YouTube "les litanies de Satan" récitées par Sonya Scarlett, avec des délicieuses erreurs de liaisons et de phonétique.

27/03/2020 22:54 par Feufollet

Parfois Baudelaire devait être bien noir
Pourtant, il ne connaissait pas les effrois de notre temps
Il ne connaissait pas l’existence de Bill Gates
Et de ce genre de sombres personnages
Reposez en paix M. Baudelaire
Mais nous, nous ne savons plus si nous pourrons
Si nous pourrons encore quitter en paix un monde autant détruit

28/03/2020 01:24 par Georges SPORRI

@ Feu Follet / Si ! il connaissait... La preuve : " Toi qui pose ta marque, oh complice subtil / Sur le front du Crésus impitoyable et vil ".

29/03/2020 06:20 par EtoileFilante

Dans les annees 80 et 90, toutes les personnes decedees du Sida : mises en biere immédiates. Cercueils scelles. Corps baches .
Je n avais pas pu "voir" ma sœur, une dernier fois.

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