Osons un conseil constructif à l’intention des élus et des journalistes ayant donné des informations qui se sont révélées fausses : « Gardez-vous de manifester quelque inappétence à entendre les voix qui vous alertent ».
Le philosophe Alain avait observé le travers d’élus (on pourrait ajouter : des journalistes) qui croient que leur statut les place à un niveau intellectuel supérieur à celui de leurs interlocuteurs(1). Il « est très désagréable, pour un administrateur éminent, d’avoir des comptes à rendre à des cordonniers, à des charcutiers, à des épiciers, à la basse plèbe, pour tout dire », à « entendre le gros bon sens, le lourd bon sens des laboureurs, des forgerons, des marchands de légumes ». Les « Compétences » répugnent à répondre « aux questions, comme un écolier aux examens ». Bref, la tentation est grande de renvoyer « le cordonnier à son cuir » (2).
La méthode a toujours bien fonctionné. Mais voici venu le temps où l’entourloupe est si éventée, le mépris si évident, que le peuple commence à bouder les JT de 20 heures, se méfie des bonimenteurs de la radio, évite les kiosques à journaux et déserte les bureaux de vote.
Alors ? Un autre média dégagé des milliardaires et des égos ?
Pourquoi pas ?
Théophraste R. (Admirateur des chiens qui prétendent regarder ostensiblement les évêques).
Notes :
(1) Alain : Position du radicalisme : II - L’Élu. Propos 42.
(2) J’ajoute : et de lui lancer : « « Cordonnier, pas plus haut que la sandale », injonction du peintre grec Apelle à un cordonnier qui, ayant donné son avis sur une sandale peinte, trouva à redire sur le dessin de la jambe.